Paul Magnette ne souhaite pas de « révolution électorale »
Le ministre-président wallon Paul Magnette ne souhaite pas de « révolution électorale » dans la réponse que le parlement devra apporter à l’arrêt de la Cour constitutionnelle sur la taille trop petite de certaines circonscriptions électorales au sud du pays, a-t-il affirmé lundi en commission du parlement wallon.
Fin novembre, la Cour avait jugé, en réponse à une question préjudicielle du Conseil d’Etat saisi par Ecolo, que le seuil électoral était « déraisonnablement élevé » dans les circonscriptions où seuls deux ou trois mandats sont à répartir, c’est-à-dire les deux circonscriptions luxembourgeoises et celle de Thuin.
Le Conseil d’Etat doit encore se prononcer, mais une réforme est d’ores et déjà à envisager. Vu qu’elle nécessite une majorité spéciale (deux tiers des députés wallons), « nous aurons besoin de vous », a lancé M. Magnette aux deux députés d’opposition qui l’interrogeaient, Jean-Luc Crucke (MR) et Stéphane Hazée (Ecolo).
Le gouvernement wallon n’a pas encore pris position, mais à titre personnel, M. Magnette a plaidé pour « la solution la plus simple, celle qui bouleverse le moins nos circonscriptions électorales ».
« Elles sont issues d’une longue histoire, elles ont donc une légitimité qui s’est construite à travers le temps », a-t-il affirmé. Il met en garde contre un risque de « déstabilisation d’un système électoral qui ne fait pas l’objet de contestations fondamentales » et appelle à une réponse qui soit « le plus possible dans le respect des équilibres d’aujourd’hui ».
« D’autant que chacun ne manquera pas d’examiner l’impact sur son score en voix, en sièges. Plus (la réforme) sera neutre, plus cela pourra rassurer l’ensemble des partis pour ne pas en tirer un profit personnel », a-t-il analysé.
Jean-Luc Crucke a vu dans cet argumentaire une volonté de M. Magnette de fusionner les deux circonscriptions luxembourgeoises et de rapprocher la Thudinie de Charleroi, ce que le bourgmestre en titre de Charleroi n’a ni confirmé ni infirmé. Mais le député a surtout relayé « l’expression forte de certaines communes comme Silly, Enghien et Lessines » de quitter leur circonscription électorale. Il attend donc une réponse « moins simple » que celle suggérée par M. Magnette.
Stéphane Hazée, pour sa part, s’est montré plus mordant. Il s’est étonné du « conservatisme » exprimé par M. Magnette qui en appelle à la légitimité historique du découpage actuel. « Votre approche est d’habitude celle du progrès ».
La recherche de la neutralité l’étonne aussi. « Ce serait nier le fondement de cet arrêt, selon lequel le scrutin est actuellement trop peu proportionnel ». Enfin, il souligne l’exigence du calendrier, puisque les prochaines élections sont prévues dans trois ans. « Il ne s’agirait pas qu’on se retrouve avec une sorte de BHV wallon sur les bras », a-t-il prévenu.