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Pascal Goergen (DéFI Wallonie): « Fermer la porte au dialogue avec le CDH n’était pas une option pour moi »

Olivier Mouton Journaliste

Ciblé par l’ancien président de son parti, Olivier Maingain, le président de DéFI en Wallonie explique comment il veut « jouer en première division » et explique l’importance d’un parti du centre.

« Pascal Goergen, président de DéFI en Wallonie, m’a dit que je nous ’empêchais de jouer en première division’. Franchement, pour le moment, le CDH joue plutôt la descente… » Dans un entretien au Vif, cette semaine, l’ancien président de DéFI, Olivier Maingain, s’en prenait à ceux qui avaient défendu, en interne, l’idée d’un rapprochement avec le CDH. Tout en pointant du doigt la gestion des relations humaines de son successeur, François De Smet.

Ciblé par l’ancien président, Pascal Goergen, président de DéFI en Wallonie depuis le début de l’année, donne sa version des faits. Il estime qu’Olivier Maingain manque de respect et regrette que l’on ferme la porte au dialogue: à l’entendre, les contacts avec le CDH auraient pu se poursuivre.

Que pensez-vous de ces propos de votre ancien président de parti?

Je pense que maintenant, avec tout ce qui s’est dit et échangé, le plus important au sein d’une formation politique, c’est bien entendu le respect. Mon mot d’ordre, c’est vraiment « respecter, rassurer et rallier »: une tactique des trois ‘R’.

Quand je parle de respect, je parle de respect mutuel et je pense qu’une certaine ligne rouge a été franchie à partir du moment où monsieur Maingain s’occupe de choses qui relèvent de la compétence du président actuel. S’immiscer dans des affaires purement locales (à Sambreville – Ndlr), alors que des élus ont donné leur démission et que M.Maingain était censé faire la conciliation et que pendant cinq mois il n’a rien fait, c’est un peu facile. Critiquer les instances nationales, voire wallonnes ou de la province, c’est dommage.

Olivier Maingain a donc manqué de respect?

Oui, il a manqué de respect.

Pour revenir au débat concernant le CDH, nous avons eu cette réunion en interne. Je n’ai jamais dit ce qu’il me faire dire.

Qu’il vous empêchait de jouer en pemière division?

Ce que j’ai dit, en effet, c’est que je souhaite que DéFI Wallonie monte en première division. Pour rester sur le même vocabulaire, M. Maingain a créé ce bébé, il a mis DéFI dans une équipe de U12, nous avons eu petit à petit quelques élus, nous sommes montés en troisième division en 2018 et, depuis les régionales de 2019, nous sommes au milieu de la deuxième division: nous avons 75 élus en Wallonie, nous sommes dans dix majorités, on crée de plus en plus de sections locales…

Ce que je n’aime pas, ce sont les réticences conservatrices. Ce qui est exprimé là, c’est de l’irrespect par rapport à la nouvelle équipe, d’une part, mais à d’autres également: comparer monsieur Prévot du CDH avec le PSC de Paul Vanden Boyenants, s’il vous plait, ce n’est pas comme ça qu’on peut discuter avec d’autres formations politiques.

Le débat était interne et je trouve qu’il faut garder le contact: si on veut un grand parti du centre dans l’espace francophone, il faut pouvoir discuter avec des partenaires. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, mais regardez ce qui s’est passé le week-end dernier aux Pays-Bas: D66, qui se situe dans la même ligne de libéralisme social que nous, a fait un excellent résultat. Sur l’échiquier politique francophone, DéFI peut jouer ce rôle, tout en restant indépendant. Ce n’est pas en devenant irrespectueux que l’on va allier d’autres citoyens.

Si je vous comprends bien, vous étiez avorable à un rapprochement avec le CDH?

Fermer la porte à la discussion n’était pas une option pour moi. Je pense que l’on aurait dû laisser la chance de mieux se connaître. Monsieur De Smet s’entend très bien avec monsieur Prévot, c’est aussi le cas au sein du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles aussi: fermer la porte et claquer le Zoom comme monsieur Maingain l’a fait, ce n’est pas respectueux. Cela ne présuppose rien par rapport à ce qui pourrait se passer demain et après-demain.

Je ne sais pas si le temps sera très beau ou très mauvais (Ndlr – une allusion au nom de l’opération de renouveau du CDH, Il fera beau demain). DéFI ne va pas se vendre, nous resterons toujours indépendants, mais en politique, le dialogue avec les autres partis démocratiques, c’est quand même important.

Voire des stratégies communes?

Tout à fait. Vous savez, DéFI est dans des majorités en Wallonie aussi bien avec Ecolo qu’avec le CDH, le PS ou le MR. A Tubize, nous sommes avec le PS. Dans ma commune de Grez-Doiceau, nous sommes dans la majorité avec une liste de tendance CDH et avec Ecolo. Quand je dis qu’il faut jouer en première division, je veux dire que j’aimerais multiplier les majorités fortes dans toutes les provinces.

Pour y arriver, il faut un parti du centre qui puisse rallier des citoyens qui comptent sur DéFI dans toute une série de thématiques. Nous sommes là depuis fin janvier et, depuis, nous avons pu approfondir les fondations de DéFI en Wallonie. Le terrain n’est pas le même qu’à Bruxelles. Je tiens, bien sûr, à la défense des francophones, mais en Wallonie, on ne doit pas défendre ça.

Les enjeux principaux y sont d’autres natures?

Exactement. Il fallait trouver une colonne vertébrale pour la Wallonie, c’est pour cela que nous avons décidé de miser sur le « pari citoyen ». Désormais, toutes les thématiques que nous développons intègrent l’avis des ciroyens ou des associations: nous pouvons faire la synthèse des gens que l’on rencontre. C’est cela qui fera notre programme électoral.

Ce « pari citoyen », c’est un peu la démarche du CDH aussi, cela pourrait-il être un élément fédérateur?

Avec ce « pari citoyen », nous essayons de dépasser les clivages traditionnels en essayant de se placer sur l’axe de la liberté, de l’innovation et de l’efficacité, lié à notre volonté d’insister sur l’éthique ou la bonne gouvernance. Nous représentons une nouvelle génération respectueuse du citoyen, mais aussi de la démocratie. Si DéFI veut devenir un grand parti du centre dans l’espace francophone, il doit se développer en Wallonie.

Nous avons mis en place une stratégie de maillage du territoire wallon avec cinq présidents de fédération et, forcément, on bouscule un peu les choses: qui dit professionnalisation du parti, dit aussi organisation. Les élus doivent travailler main dans la main avec les instances du parti: si vous ne venez pas aux réunions, si vous ne payez pas vos cotisations…

Olivier Maingain, en coupant le Zoom, a-t-il coupé les ailes à son successeur?

Franchement, je ne sais pas ce qui s’est passé. Probablement qu’il manque quelque chose à Olivier Maingain… Est-il parti trop vite? C’était pourtant son choix de quitter la présidence et son poste de député fédéral. Par contre, ce n’était pas son choix de ne pas avoir ce poste d’agent de liaison entre Bruxelles et la Wallonie. Est-il fustré? Je n’irais pas jusqu’au « syndrome de l »ex » comme l’a analyse une de vos consoeurs, quoique…

Il faut garder le respect. Nous devons rassurer, aussi: c’est normal qu’il y ait des débats internes et, quand nous ne sommes pas d’accord, on ne met pas ça sur la place publique. L’objectif d’un parti, c’est de rallier d’autres citoyens.

Depuis un an, on mouille notre maillot pour y arriver.

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