Palais du Midi à Bruxelles: « La décision la plus difficile de la législature »

Le démantèlement de l’Intérieur du Palais du Midi assorti du recours à une technique éprouvée de construction du tunnel était la moins mauvaise option à prendre pour sortir le projet de métro Nord-Albert de l’enlisement en cet endroit. C’est ce que soutient une nouvelle fois la ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen).

Certains dans l’opposition ont reproché au cours des derniers jours, en termes à peine voilés, au gouvernement bruxellois, un manque de transparence dans ce dossier et jugé que l’ensemble des options possibles avaient été insuffisamment prises en considération.

La ministre écologiste s’est attachée à démontrer le contraire en redonnant de nombreux détails fournis auparavant, mais aussi dans la note du gouvernement transmise au parlement.  Selon elle, persister dans la technique du « jet grouting », même revisité – ndlr: c’est cette technique qui a entrainé l’arrêt du chantier pour risque d’instabilité d’ouvrage – engendre des risques élevés de plusieurs natures: allongement du planning de réalisation du métro de 8 années avec mise en service en 2035; un surcoût de l’ordre de 245 millions d’euros pour le tronçon sous le Palais du Midi; et des nuisances également très importantes pour le quartier. 

Nuisances

« Plus grave encore, sur base d’une estimation du planning d’exécution, des nuisances importantes pour les occupants du Palais du Midi et ceux du « Stalingrad village » (ndlr: qui héberge provisoirement des commerces) et plus largement pour le quartier auraient été inévitables entre mi 2023 à fin 2027. Ces nuisances auraient également entrainé une relocalisation des équipements scolaires et des commerces du Palais », a-t-elle souligné. Par ailleurs, l’entrepreneur avait assorti son offre d’un retrait de ses obligations de résultats, ce qui était « inacceptable ». « La STIB a dès lors constaté l’absence de réponse satisfaisante à ses demandes répétées de décomposition des prix. Soit, une insécurité quasiment totale sur les résultats », a ajouté Mme Van den Brandt.

Dans un deuxième scénario (ndlr: également rejeté par le gouvernement bruxellois) consistant à relancer plusieurs nouveaux marchés publics pour créer le morceau de tunnel manquants, l’entrepreneur pourrait vouloir faire valoir au paiement d’une série d’indemnités.  Dans cette hypothèse, la réalisation des travaux liés au Palais du Midi et à la station de tram Lemonnier, ferait quant à elle l’objet d’un ou de plusieurs nouveaux marchés qui seraient lancés en complément d’une demande de permis d’urbanisme pour s’affranchir de la contrainte de maintien du Palais du Midi.  « Devoir passer de nouveaux marchés publics d’une telle ampleur entraine des risques multiples liés aux lourdes procédures d’attribution connexes, mais surtout aux risques de coordination de plusieurs entrepreneurs concurrents dans la même emprise de chantier et de la performance des ouvrages au niveau de leurs interfaces, mise à part l’incertitude temporelle pour le devenir du quartier ».

« Décision la plus difficile »

 Il est par ailleurs vraisemblable qu’un marché qui serait lancé par la STIB pour remettre en concurrence les travaux qui sont les plus difficiles techniquement conduise à des prix vraisemblablement fort élevés.  Le scénario retenu et visant un démontage partiel du Palais du Midi avec conservation des façades, et la réalisation du tunnel, via une technique classique à ciel ouvert, « était la décision la plus difficile de la législature, car le Palais du Midi est le cœur de ce quartier qui a déjà énormément souffert. C’est une décision qui a pris du temps, car nous voulions être totalement sûrs des différents scénarios et de celui que nous choisirions », a encore dit la ministre.   Selon Elke Van den Brandt, ce scénario a été retenu car il présentait à la fois, des délais plus courts, une technique éprouvée, un meilleur rapport valeur/prix et moins de nuisances pour le quartier.

 Les échanges en commission ont à un moment donné lieu à une poussée d’adrénaline entre Arnaud Verstraete (Groen)  et David Weystman (MR). Le premier a félicité le gouvernement pour sa « transparence spontanée » et la STIB pour l’examen minutieux de toutes les options dans un pays qui compte des ingénieurs du top mondial. « Certains prétendent que d’autres options sont sur la table. C’est un abus de la situation particulièrement pénible que vit la population locale », a-t-il dit.  Cela a provoqué une vive réaction de son collègue libéral qui s’est quant à lui retranché derrière son droit à « poser des questions ».

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