Drieu Godefridi
« Où s’arrêtera la fuite en avant de Charles Michel ? »
Ecologie, Marrakech, coup de force pseudo-constitutionnel, Europe centrale : voici les quatre moteurs de l’étonnante fuite en avant de Charles Michel.
Sortir la Belgique du nucléaire sans aucune alternative payable ni même réelle : telle fut la première fuite en avant de Charles Michel. Contre la position de la N-VA et d’une fraction significative de son parti, Charles Michel n’a cessé de réitérer sa volonté de sortir du nucléaire dès 2025, ce qui conduira mécaniquement à une nouvelle explosion de la facture électrique des ménages et des entreprises, alors que celle-ci est déjà « une deuxième feuille d’impôt », comme le soulignait très justement le député David Clarinval (MR) dans son remarquable ouvrage Fiasco énergétique. Soulignons que le seul autre dirigeant qui s’était engagé dans une direction comparable, Emmanuel Macron, vient de repousser de 10 ans, à 2035, la réduction (non la sortie) de la part du nucléaire dans la production française d’électricité. Rien qui puisse émouvoir Charles Michel qui, tel les auteurs des plans économiques de la défunte URSS, fixe des objectifs absurdement « ambitieux » dont tout le monde sait qu’ils ne seront jamais atteints, et sans le moindre égard pour les souffrances bien réelles des familles.
Pacte de Marrakech : tandis que le partenaire principal de sa majorité, la N-VA, faisait valoir des arguments rationnels contre ce pacte, Charles Michel les a non seulement balayés d’un revers de la main, mais il s’est permis de se situer de façon passablement jupitérienne « du bon côté de l’histoire », excommuniant du fait même ses (anciens) partenaires de coalition. Cette disqualification morale renoue avec une dialectique funeste qui mène droit à l’institution de l’adversaire politique en ennemi. C’est une faute politique.
Coup d’Etat légal : Charles Michel chasse de facto son principal partenaire, il se retrouve avec le soutien de 50 députés au Parlement, mais refuse de présenter une déclaration de gouvernement remaniée, a fortiori de demander la confiance du Parlement. Pire : il provoque l’opposition — c’est-à-dire la majorité — du Parlement en la mettant au défi de déposer une motion de méfiance. Ce qui est dénué de sens, s’agissant d’un gouvernement Michel II qui n’a même pas encore obtenu la confiance ! Si cette navigation à vue devait se poursuivre, on assisterait bel et bien à une forme de coup de force, qui ne pourra qu’exacerber les tensions.
Où s’arrêtera la fuite en avant de Charles Michel ?
C’est dans ce contexte surréaliste que Charles Michel — qui représente actuellement non pas un gouvernement minoritaire, car pour cela il eut fallu demander la confiance, mais 50 députés belges — se rend au sommet européen du 14 décembre durant lequel il se permet de menacer — littéralement ! — tous les pays d’Europe centrale, d’un coup d’un seul, au motif que ceux-ci refusent le modèle multiculturel qui nous a si « bien » réussi ! Il va jusqu’à déclarer « l’UE n’est pas un Bancontact », ignorant sans doute que le mot « Bancontact » ne signifie strictement rien en dehors des frontières de la Belgique. Charles Michel serait à la tête d’une majorité parlementaire belge que les pays d’Europe centrale seraient déjà fondés à se demander pour qui il se prend. A fortiori est-ce le cas dans le contexte actuel.
Le MR est censément un parti de centre-droit. La fuite en avant de Charles Michel vers des positions qui partout ailleurs en Europe sont le faits de partis de gauche et d’extrême gauche n’en est que plus surprenante. Elle est également grosse de périls, non seulement pour son parti, mais pour le pays.
Il serait temps que les forces vives du MR, dans l’intérêt du parti et du royaume, reviennent à la raison.
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