Où et quand acheter ? En province de Luxembourg, le goût du neuf
« La mode des fermettes à retaper est finie. » Dans le sud du pays, jeunes et moins jeunes sont davantage disposés à entrer dans un bien neuf ou déjà rénové.
Vaste et reculée, la province de Luxembourg se caractérise par une densité de population extrêmement faible à l’échelle du pays : 64 habitants/km2. Ce qui n’empêche pas son marché immobilier d’afficher une belle santé : en 2019, le nombre de transactions conclues sur son territoire était en légère hausse de 2,3 % pour atteindre 4 % du volume de biens échangés en Belgique. Soit à peu près la même proportion que le Brabant wallon (3,5 %), pour une superficie quatre fois moindre.
J’ai moins de 30 ans et j’achète mon premier bien
Les maisons composent la majeure partie du parc immobilier luxembourgeois et leur prix dépasse à peine la médiane wallonne de 172 000 euros. Pourtant, les jeunes candidats- acquéreurs du sud du pays privilégient de plus en plus les appartements pour leur premier achat. » Du moins s’ils achètent seuls « , nuance d’emblée François Dogné, notaire à Houffalize. Qui ajoute que leur choix se porte alors sur des biens d’une ou deux chambres, de préférence excentrés par rapport aux centres urbains afin de bénéficier de prix plus bas. » L’idée est de le revendre ensuite pour acheter une maison ou de le garder à titre d’investissement et de le mettre en location « , ajoute-t-il, en précisant que » le marché locatif performe bien dans la province « .
Les couples se tourneront plus facilement vers l’achat d’un terrain en vue d’y bâtir une maison. En l’occurrence, bien que la formule du clé sur porte soit largement répandue, » contrairement au reste de la Belgique, nombreux sont encore ceux qui ont recours à un architecte et un entrepreneur indépendants « , affirme le notaire.
Quid de la rénovation ? » La mode des fermettes à retaper est finie « , observe François Dogné. » Les temps ont changé, le rythme de vie est différent et les jeunes ciblent en priorité les biens sinon récents, à tout le moins ceux qui se targuent d’un bon niveau de confort intérieur. De même, les grands terrains de plusieurs dizaines d’ares ne plaisent plus autant qu’avant. Les jeunes préfèrent s’en tenir à sept ou huit ares maximum, pour des questions d’entretien. »
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J’ai 45 ans et je souhaite investir dans la brique
Comme les jeunes acquéreurs célibataires, les investisseurs affectionnent les appartements. Surtout quand ils sont neufs. Les promoteurs l’ont bien compris, qui développent à la pelle des projets immobiliers à leur intention. » Du moins dans les principaux viviers à appartements de la province que sont Arlon, Bastogne et Marche-en-Famenne « , nuance le notaire. Des marchés qui n’en sont pas moins » très porteurs « .
Et ce, d’autant plus qu’il n’y a pas vraiment d’autres produits immobiliers à disposition des particuliers qui investissent en bon père de famille dans la région… Les terres de culture atteignent des prix record ces dernières années, tandis que les hautes écoles ne sont pas nombreuses, ce qui exclut l’option du kot étudiant. » Il y a bien les garages, qui ne manquent pas d’attrait quoiqu’il ne soit pas très compliqué de se garer, même en ville « , évoque François Dogné. » Mais ils sont surtout recherchés par des acquéreurs désireux d’en profiter personnellement et pas tant de les mettre en location par la suite. »
J’ai 55 ans et je rêve d’une seconde résidence
La province de Luxembourg est un terreau fertile pour les amateurs de seconde résidence, surtout quand ils sont originaires du nord du pays. » Une majorité de Flamands achètent des maisons de campagne chez nous « , signale François Dogné. Lequel en sait quelque chose puisque sa commune figure dans le top 3 de leurs destinations préférées. » Houffalize, La-Roche-en-Ardenne et Durbuy sont particulièrement courues par les néerlandophones. Je suppose que c’est parce qu’ils s’y sentent à l’aise. C’est vrai qu’ici, tout le monde connaît le néerlandais. L’été venu, c’est presque la langue la plus parlée dans nos régions. » De là à dire que les Bruxellois et les Wallons sont aux abonnés absents, il y a un pas que le notaire ne franchit pas. » Ils sont aussi présents sur le marché des secondes résidences, mais ils sont moins nombreux et, à l’inverse des Flamands, ils regardent toutes les communes sans distinction. C’est l’opportunité qui fait la vente. »
Au rang des biens les plus prisés par les seconds résidents, François Dogné pointe les maisons anciennes et typiques, en pierre du pays. » Elles partent à des prix assez bas parce que le budget travaux à prévoir pour les rénover est important « , décrit-il. » Mais pour des Flamands issus des provinces d’Anvers ou de Flandre occidentale, il s’agit de coûts tout relatifs par rapport aux prix de l’immobilier chez eux. Cela ne leur pose pas trop de problèmes de réunir la somme nécessaire pour s’acquitter de l’achat et de la rénovation lourde. » Ceux qui ne disposent pas d’autant de moyens se tourneront vers les nombreux parcs de chalets et autres petits logements touristiques en dur que compte la province. » Les prix s’étendent alors de 50 000 euros pour un chalet à 100 000 – 120 000 euros pour une maisonnette avec jardin. »
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J’ai 65 ans, ma maison est trop grande pour moi
Les retraités luxembourgeois qui ne souhaitent plus assurer l’entretien de la grande maison familiale et, surtout, du vaste terrain qui l’accompagne, doivent prendre leur mal en patience avant de pouvoir s’en séparer. Boudés par les jeunes, les biens des années 1960-1970-1980 peinent à trouver acquéreur. » Sauf si leur intérieur est correct et leurs performances énergétiques acceptables « , tempère François Dogné. Traduction : un coup de peinture pour rafraîchir les espaces de vie et quelques travaux d’ordre technique (châssis, double vitrage, système de chauffage…) feront gagner du temps et de l’argent aux vendeurs.
Lesquels pourront alors s’offrir un appartement. Non pas dans leur village, comme c’est le cas ailleurs en Wallonie, mais dans les grands centres urbains. » Ils recherchent la proximité des commerces, car, en province de Luxembourg, les villages sont peu équipés et mal desservis en transports en commun. Or, sans voiture, il est difficile de se déplacer pour faire ses courses « , conclut le notaire.
Depuis le 17 décembre 2017, certaines zones de loisirs ont été transformées en zones d’habitat vert pour régulariser les logements touristiques habités à l’année. Les chalets et autres habitations légères qui s’y trouvent entrent donc dans les tablettes des notaires, ce qui explique des baisses de prix statistiques dans certaines communes, au vu des valeurs moindres auxquels ils s’échangent.
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