André Flahaut
« On peut douter de l’avenir de l’Hôpital militaire »
Au vu de l’ensemble des mesures prises par le gouvernement actuel, notamment en matière de soins de santé, André Flahaut s’inquiète pour l’avenir de l’hôpital militaire.
Cet établissement de soins bien connu, aussi dénommé Hôpital Reine Astrid, veille sur la santé des militaires et plus largement du personnel de la Défense, en Belgique et bien sûr à l’étranger lors des différentes missions où des troupes sont déployées.
Au sein de l’Hôpital militaire, on trouve notamment le Centre d’Expertise médicale et le Centre de Médecine aéronautique qui évalue l’aptitude médicale des pilotes, des plongeurs, des paras-commandos, …). Il travaille bien évidemment en collaboration avec la médecine du travail quant aux conditions particulières de l’exercice des divers métiers qui composent la Défense.
L’Hôpital met, doit ou devrait mettre, également ses multiples compétences au service de la population dans un certain nombre de situations.
Cette conception était en tous cas celle que j’ai défendue et mise en oeuvre concrètement durant mes deux mandats.
Le grand public le sait et connait son centre d’expertise dans le domaine des « grands brûlés ». Celui-ci est souvent mis en lumière conséquemment à de terribles « faits divers » (Ghislenghien, les récents attentats, …).
Chacun a pu constater les capacités d’accueil, les qualités organisationnelles et médicales de l’ensemble du personnel, la rapidité de réaction et l’efficacité de l’Hôpital, quand survient la catastrophe.
C’est incontestable, indiscutable, preuves à l’appui ces derniers jours encore !
Des interventions, moins médiatisées mais tout aussi utiles, sont légion (accueil de résidents du 3ème âge qui avaient du évacuer leur maison de repos, accueil du Samu social après incendie de ses locaux), tout au long de l’année, en ce y compris des interventions de soutien lors de catastrophes à l’étranger (accueil de jeunes gravement brûles dans l’incendie d’une discothèque en Roumanie …).
Je pense aussi à l’appui au service, si pénible mais nécessaire, de l’ « Identification des Victimes » ou l’utilisation de la capacité mortuaire d’urgence (lors du drame de Buizingen par ex.). L’Hôpital militaire dispose également d’un centre hyperbare où des patients intoxiqués par le monoxyde carbone peuvent être pris en charge.
Je crois le citoyen convaincu de la nécessité de maintenir l’Hôpital militaire dans la fonction publique, mais …
…. le nerf de la guerre reste l’argent, les comptes, le profit, les tentations de vider l’Etat de toutes ses substances, les économies et tous ces concepts ou stratégies qui font rêver certains de privatisation, synonyme de profits pour certains, sur des matières qu’il est exclu, à nos yeux, de marchandiser.
Plus que jamais, il y a lieu de réaffirmer toute l’utilité de conforter la convention conclue entre la Région bruxelloise IRIS et la Défense dans un partenariat concret qui aide la population du pays.
Certes, officiellement, rien ne filtre. Le ministre de la Défense en poste (N-VA) et son prédécesseur (CD&V) sont en mode « silence radio » mais lorsqu’on considère l’ensemble des mesures prises par le gouvernement actuel, notamment en matière de soins de santé, je crois que l’on peut douter de l’avenir de l’Hôpital militaire.
On m’opposera qu’il s’agit de rumeur, nous entendrons quelques formules dilatoires, au mieux on admettra que l’étude est en cours mais que la réflexion est loin d’être aboutie.
Il n’est pas dans mes habitudes de jouer les cassandres ni de m’attarder aux ragots mais en l’occurrence, je connais la question.
Les symptômes sont évidents, mes craintes sérieuses mais, sans nier les difficultés budgétaires de notre pays, j’ose encore espérer que l’on réfléchira à ce qu’il y a lieu de faire pour rentabiliser cet établissement d’excellence au lieu de le sacrifier à la privatisation.
Faire appel à tous ceux qui s’y investissent au quotidien pour en discuter serait le premier pas. Les solutions et les propositions existent.
Encore faudrait-il la volonté de les entendre pour éviter le gâchis …
Je crains hélas qu’il ne s’ajoute à tant d’autres.
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