Nucléaire : les raisons du blocage entre le gouvernement et Engie (et pourquoi ça urge)
Pour la Vivaldi, l’objectif est de trouver un accord avec Engie d’ici la mi-juillet sur la prolongation de deux centrales nucléaires. Certains éléments freinent encore les négociations. Le compte à rebours est lancé.
Pour le gouvernement d’Alexander De Croo, le temps presse. La Vivaldi s’est en effet fixé comme objectif de parvenir à un accord avec Engie -sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires- d’ici la mi-juillet, soit dans deux semaines.
Après des débats houleux, très marqués entre écologistes et libéraux, il règne une certaine sérénité (toute relative) au gouvernement fédéral. Car les piques MR-Ecolo n’ont jamais réellement cessé. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, ne manquant jamais une occasion de mettre la pression sur la ministre Groen de l’Energie Tinne Van der Straeten.
Depuis le 18 mars dernier, il a donc été décidé de maintenir ouvertes les deux plus jeunes centrales nucléaires jusqu’en 2035, soit dix ans de plus que prévu initialement par la loi. La décision a pour but d’assurer l’approvisionnement électrique de la Belgique. Mais cet accord politique nécessite également un terrain d’entente avec l’opérateur français Engie.
Selon De Morgen, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) et la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen) – qui négocient toujours en tandem – visent désormais un accord avec Engie d’ici la mi-juillet. Principale raison avancée par le quotidien néerlandophone : les vacances d’été, qui commencent traditionnellement le 21 juillet à la rue de la loi.
De toute façon, le gouvernement n’a plus beaucoup de temps devant lui : la date limite des négociations, d’abord fixée à début juin, est déjà largement dépassée. Deuxième argument : d’importants travaux doivent être réalisés dans les centrales nucléaires pour assurer leur fonctionnement dans le temps. Il n’est donc pas question de faire durer ces négociations.
Nucléaire: les raisons du blocage
Qu’est-ce qui coince ? Engie a récemment posé ses conditions à la Vivaldi. L’entreprise souhaite que le gouvernement belge devienne copropriétaire des deux centrales nucléaires. Et qu’il paie pour les déchets nucléaires supplémentaires. Deux revendications qui vont à l’encontre de ce qui avait été convenu au gouvernement le 18 mars. C’est là que le bât blesse. Car en vertu de cet accord, le gouvernement belge ne peut pas devenir copropriétaire des centrales nucléaires et les coûts des déchets nucléaires doivent rester à Engie. Cela implique un coût pouvant atteindre 40 milliards d’euros.
Contribuer au paiement des déchets nucléaires semble être une ligne rouge épaisse pour le gouvernement, selon le Morgen. Sur proposition de Tinne Van der Straeten, le parlement fédéral votera la semaine prochaine la nouvelle loi sur les dispositions dites nucléaires. Celui-ci doit garantir qu’Engie, en tant qu’exploitant, supporte les coûts de démantèlement des centrales nucléaires belges et les coûts des déchets nucléaires associés. Le projet de loi a déjà été approuvé par tous les partis de la Commission de l’énergie mercredi dernier.
En ce qui concerne la copropriété des centrales nucléaires : il semble y avoir un certain enthousiasme au sein du gouvernement De Croo. Cela donnerait aux politiciens belges plus de contrôle sur la politique des centrales nucléaires. Tout dépendrait alors des conditions dans lesquelles le gouvernement serait autorisé à intervenir. Les négociations sont menées discrètement.
Selon les indiscrétions recueillies par De Morgen, l’entourage de Tinne Van der Straeten assure qu’elle négocie pour réussir avec Engie. « Nous n’avons jamais manqué à l’exécution d’un accord. L’insinuation que nous voulons que les conversations échouent en dit plus sur les autres que sur nous. »
Le président de la N-VA, Bart De Wever, et le président du MR, Georges-Louis Bouchez, ont déjà mis en doute la lenteur des négociations avec Engie. Selon De Wever, Van der Straeten sabote les négociations, afin qu’elle puisse encore poursuivre son plan initial : la sortie complète du nucléaire, comme décidé en 2003. Bouchez a, lui, donné un ultimatum à Van der Straeten jusqu’à début juillet pour trouver un accord. Dans le cas contraire, il souhaite que le dossier soit transféré au parlement. Début juillet, c’est dans deux jours. Tic, tac, boom ?
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