Carte blanche
Notre système politique est en crise
Il ne se passe pas un jour sans que la presse ne parle d’un scandale concernant nos politiciens. Que ce soit Samusocial, GIAL, Publifin, ISPPC, Publipart, Kazakhgate, des mandats cachés (dont Mr Dilliès à Uccle),… les citoyens s’offusquent – à juste titre – de toutes ces frasques.
Chaque fois que l’on croit avoir touché le fond, un nouveau scandale éclate – gros (comme Publifin), ou un plus petit (comme un bourgmestre qui fait tondre sa pelouse par un ouvrier communal).
C’est tout un système qui doit changer. Quand nos élus vont-ils comprendre qu’être mandataire, qu’être élu, c’est avant tout être au service de ses concitoyens (par exemple, le mot ministre vient du latin minister, ce qui signifie serviteur). Que le temps des passe-droits, des privilèges, de l’opacité doit finir ? Comment avoir confiance en un système « démocratique » ou toutes ces pratiques sont possibles ? Les partis traditionnels, quels qu’ils soient (PS, MR, CDH, Défi, Ecolo) ont tous leurs cumulards, leurs scandales. Un système ne peut être changé par ceux-là mêmes qui en profitent ; trop d’intérêts sont en jeu. Comment faire confiance en ces assemblées « démocratiquement élues » composées de personnes ayant tellement intérêt à un status quo ? Les constats sont les mêmes depuis des décennies, mais rien ne change… Ce sont toujours les mêmes partis, les mêmes têtes, les mêmes dynasties.
L’on entend des élites bien pensantes s’étonner de l’émergence de partis extrémisant comme le FN en France, le PTB à l’extrême gauche wallonne et le PP de l’autre côté du spectre politique… Même si ces extrêmes ne sont en aucun cas une solution (diviser encore plus les citoyens, démantèlement de l’Union européenne, mise en danger de nos libertés…), quelles alternatives y a-t-il ? Comment le citoyen peut-il faire comprendre son envie et même son besoin de changement radical ? Et c’est là que le rôle des nouveaux partis citoyens va être crucial.
Les citoyens ont le droit d’avoir une réelle place dans les processus démocratiques. Par exemple en prévoyant un Conseil des citoyens (en remplacement d’un sénat devenu une assemblée sans réel pouvoir). Une assemblée où des citoyens vont pouvoir faire entendre l’opinion citoyenne et organiser des consultations populaires. Un autre exemple est de créer une commission de déontologie avec une réelle marge de manoeuvre (composée de citoyens, de magistrats et de politiques (minoritaires)) afin d’en finir avec cette impunité des élites politiques. Comment peut-on encore accepter que nos politiciens soient à la fois juges et parties ?
Les citoyens réclament aussi des mesures fortes, pour mettre fin aux privilèges de nos politiciens comme l’interdiction de principe du cumul, pour empêcher les carrières politiques à vie, pour mettre en place un contrôle efficace (des frais de représentation, de l’absence de nos élus…) et pour introduire une évaluation de nos politiciens sur base de la cohérence entre les promesses faites et les résultats atteints. Qui a le luxe d’avoir un travail où l’on n’a pas d’objectif ? Pas de comptes à rendre ? Pas de certificat maladie à fournir en cas d’absence ?
Enfin, il faut en finir avec la toute-puissance des partis politiques en supprimant l’effet dévolutif de la case de tête, en obligeant un élu à siéger pour le dernier mandat pour lequel il a été élu (comment autoriser un ministre à être candidat bourgmestre ?), en supprimant les suppléants, en rationalisant nos structures publiques et en interdisant les nominations politiques dans des CA des Organismes d’intérêt public et autres associations politisées.
La liste des mesures est longue, mais le changement en vaut la chandelle et impactera profondément notre système politique et la confiance des citoyens en leurs institutions (la confiance envers nos politiciens est au plus bas et les partis traditionnels sont incapables d’apporter un réel changement. Les (vrais !) partis citoyens, que ce soit au niveau local ou au niveau régional/fédéral (comme Oxygène), ceux qui sont constitués de gens de terrain et non pas de professionnels de la politique, vont devoir prouver qu’un changement de paradigme est possible sans que cela soit au détriment des valeurs fondamentales qui font la richesse de notre vivre-ensemble. Le système actuel a vécu, les élites politiques en place commencent à le comprendre et essayent de se recycler en se disant « citoyens », « du peuple »… (dernier exemple en date, la création de e-change, mouvement créé afin de recycler des politiciens qui sentent que leur parti est en train de sombrer ou qui veulent se refaire une virginité électorale). Reste à espérer que les électeurs vont prendre le risque et faire confiance en ces mouvements nouveaux, composés de non-professionnels de la politique qui n’ont pas vocation à faire carrière… Le plus grand risque est de ne pas en prendre ; il faut oser l’alternative.
Donatien d’Hoop
Responsable du programme gouvernance chez Oxygène
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