Non, les jeunes travailleurs ne cherchent pas plus de flexibilité
Selon l’association des Jeunes Organisés et Combatifs, et contrairement aux dires de la FEB, les jeunes désireraient avant tout épanouissement et stabilité dans leur emploi.
En octobre 2017, la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) présentait, à l’occasion de son second meeting Young Talent in Action, un sondage mené par l’institut IVox auprès de 500 jeunes. Ceux-ci y confirmaient leur désir de flexibilité dans l’emploi. « On pouvait par exemple lire que « plus de deux jeunes sur trois sont disposés à exercer un emploi ne correspondant pas du tout à leur choix d’études », ou qu’ils « ne sont pas directement à la recherche d’un CDI, mais plutôt d’une première expérience sous forme de stage ou d’intérim » », détaille Antoine Roisin, responsable national des JOC, les Jeunes Organisés et Combatifs.
Des affirmations qui révoltent les cadres de l’association francophone d’éducation permanente, selon lesquels « ce ne sont pas les jeunes qui recherchent la flexibilité, mais le monde du travail actuel qui les y force ! » Pour démontrer cela, ils se sont lancés dans une contre-enquête d’un an, menée auprès de 68 Wallons de 15 à 30 ans, insérés ou non dans la vie professionnelle et de toutes catégories socio-professionnelles. « Si notre panel est moins conséquent que celui de la FEB, c’est parce que nous ne nous sommes pas contentés de 4-5 questions posées par téléphone, mais de véritables entretiens d’une heure ou deux », précise Aurore De Keyzer, également responsable des JOC.
Epanouissement, quête de sens et stabilité
Résultat : la moitié vit encore chez ses parents, et seuls 16 % sont titulaires d’un CDI, les autres étant catégorisés précaires, au chômage, en stage ou un intérim. « Le résultat de trente ans de politique néo-libérale, qui rend difficile l’accès à l’emploi stable. » Mais surtout, aucun ne plébiscite la flexibilité comme l’entend la FEB, avec son lot de télétravail, mobilité et challenges renouvelés. « Le seul moment où la flexibilité est vue comme positive, c’est lorsqu’il s’agit de fixer soi-même ses horaires », détaille l’enquête.
Dans le top 3 des attentes des jeunes par rapport à leur travail, se retrouvent l’épanouissement personnel, l’utilité à la société et la stabilité. « Les jeunes veulent un métier qui a un sens pour eux, plus qu’un emploi rémunérateur. Et même si beaucoup ont déjà une expérience d’emploi précaire, ils sont très critiques envers cela. Les petits boulots type Horeca ou Deliveroo se développent, mais ne créent pas de vocations… Ce sont des gagne-pains. » En Belgique, 74 000 jeunes de 18 à 24 ans sont actuellement sans-emploi.
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