« Non, Jong Groen n’est pas sous l’emprise de l’éco-modernisme »
L’ancienne figure de proue du mouvement écologiste, Bart Staes, pense que l’éco-modernisme fait école chez les jeunes verts néerlandophones. Le co-président des Jeunes Groen Jordy Sabels dément. « Groen n’a pas à nous surveiller. »
Groen doit assurer qu’il n’y ait pas d' »idées farfelues » sur l’énergie nucléaire et les organismes génétiquement modifiés (OGM) qui ne viendraient à « bouillonner » chez des membres des jeunes verts. Voilà ce que disait Bart Staes, ancienne figure de proue européenne de Groen, dans une vidéo qui a recommencé à circuler sur les réseaux sociaux lundi. Selon Staes, un groupe restreint de jeunes serait « sous l’emprise de l’éco-modernisme », sous l’influence du « lobby » de l’Institut Flamand de Biotechnologie (VIB, Vlaams Instituut voor Biotechnologie) et du philosophe Maarten Boudry.
Staes est un fervent adversaire des OGM depuis des années. En 2012, il a été co-auteur du livre OGM : rêve ou cauchemar ? (Ggo’s: droom of nachtmerrie?), dans lequel il dépeint entre autres les « résistances, brevets et le pouvoir des multinationales » dans l’histoire des OGM. Jusqu’en 2019, sa vingtième année au Parlement européen, il a continué à émettre des critiques.
Quel est l’avis de Jong Groen sur les OGM?
Jordy Sabels : La différence avec Groen n’est pas très flagrante. Le parti dit « non, parce que » contre les OGM, nous disons « oui, mais ». Nous devons bien sûr bien y réfléchir. Nous ne voulons pas de crise de la pomme de terre où plus qu’un seul type de plante ne serait utilisé. Mais nous ne sommes pas obligés de discréditer la technologie en tant que telle. Nous avons surtout mal pris que Bart Staes ait dit que Groen devrait intervenir, alors que nous sommes indépendants du parti. Groen n’a pas à nous surveiller. La présidente Meyrem Almaci ne dirait d’ailleurs jamais quelque chose comme ça.
Et sur les centrales nucléaires?
Sabels : Nous avons quasi la même exigence : nous sommes pour la sortie du nucléaire et pour une utilisation temporaire des centrales à gaz. En même temps nous n’excluons pas d’analyser de nouvelles technologies.
Et selon vous cela ne représente pas de l’éco-modernisme, qui se distingue d’un mouvement écologiste plus traditionnel ?
Sabels : Non. Comme Groen, Jong Groen est une organisation pluraliste. Tout le monde peut s’exprimer via une démocratie de base. Ici, on agrandit des différences de nuances. Au contraire de Groen, nous faisons un congrès tous les ans. Nos positions sont plus rapidement mises à jour. Le dernier congrès idéologique de Groen date déjà de 2017.
Nous avons remarqué qu’une partie des membres ne savent plus à quoi correspond l’écologisme.
Ces débats existent-ils aussi au sein du parti-mère ?
Sabels : Oui, et c’est une bonne chose. Dès que nous avons fixé une position, nous la défendons. Nous avons remarqué qu’une partie des membres ne savent plus à quoi correspond l’écologisme. C’est pour ça que nous avons commencé à faire des formations, comme des camps d’été.
Des verts qui ne savent pas ce qu’est l’écologie ?
Sabels : Pour certains, ce n’est plus assez clair. Cela compte aussi pour certains parlementaires. Dans les mois passés certains étaient de fervents partisans du couvre-feu. Meyrem et le député du Parlement flamand Jeremie Vaneeckhout y ont toujours fait objection. Le couvre-feu touche à nos libertés et ne correspond pas à un cadre de pensée sociale, et n’est donc pas écologique.
Cela sonne plutôt comme un débat sur la connexion entre l’écologie et le social : comment faire des politiques plus vertes sans heurter les vulnérables.
Sabels : Il ne faut même pas faire de connexion, elle y est déjà. Nous sommes pour la redistribution, mais alors endéans des frontières de la planète. La différence entre nous et les socialistes c’est que pour nous il n’y a qu’un seul gâteau qui peut être distribué. Les socialistes veulent toujours agrandir le gâteau. Pour nous c’est clair : les plus pauvres ne doivent pas payer la facture. Dans le débat sur les voitures-salaires nous avons aussi été clairs : il fallait les enlever sans donner de compensation. Et attention, il s’agit ici clairement des voitures-salaires, et pas des voitures de société.
Le débat entre l’écologie et l’égalité fait également rage chez Vooruit. Les socialistes s’interrogent par exemple sur les zones à basse émission dans les grandes villes.
Sabels : Les écologistes pensent plus loin, et sur le long terme. Nous voulons assurer que chacun prenne le bus ou le tram, même les ministres. Nous ne souhaitons pas que chacun avec une voiture vienne rouler dans une zone à basse émission. Après nous sommes favorables au concept du portefeuille de CO2 : un taxshift sur base de ce qu’on rejette en CO2. Il assurera par lui-même que les personnes vivant dans la pauvreté soient remboursées, car leur nombre de CO2 qu’ils rejettent est beaucoup plus bas.
Pour terminer, comment voyez-vous la crise de gouvernement latente sur les sans-papiers en grève de la faim ?
Sabels : Nous pensons que la pression du front progressiste – Groen, Ecolo et PS – était nécessaire. Maintenant ça bouge un peu, mais ce n’est pas encore assez. Nous trouvons que les personnes qui ne trouvent pas d’accord avec le médiateur (l’envoyé spécial Dirk Van den Bulck, ndlr) parce qu’elles se trouvent dans une situation trop précaire, doivent avoir le droit à une régularisation médicale, provisoire, pour trois mois. Nous ne sommes donc pas un lobby des frontières ouvertes, mais un décès serait en contradiction avec les valeurs de base de la Vivaldi.
(par Tex van Berlaer, publié sur Knack.be le mercredi 21 juillet, traduction)
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