Hervé Hasquin
Nicaragua: les résidus du castrisme (carte blanche)
Daniel Ortega. Les moins de quarante ans n’ont presque jamais entendu parler de lui. Pourtant il est célèbre en Amérique centrale dès les années 80. Mais il est vrai que la personnalité rayonnante est Fidel Castro.
Depuis le début des années 60, il mystifie nombre d’intellectuels de gauche français. Même des cinéastes américains comme Oliver Stone et Michael Moore … Ortega est dans son ombre. A la tête du Front Sandiniste de Libération nationale, il participe activement à l’élimination, en 1979, de la famille Somoza qui dirige le pays depuis une trentaine d’années. Le révolutionnaire élimine rapidement les « libéraux » qui participaient au Front. D’emblée, la marque communiste est évidente. Pas étonnant qu’Ortega accompagne Castro à Moscou en 1984 pour les funérailles du sinistre Andropov, secrétaire général du P.C. d’URSS.
La théologie de la libération est au faîte de son influence en Amérique latine. Bien des prêtres catholiques prêtent la main à des régimes totalitaires de gauche. Le Nicaragua d’Ortega est à la pointe du combat avec quelques jésuites, devenus ministres à Managua. Un exemple d’endoctrinement. Ernesto Cardenal officie le dimanche parmi les paysans de l’archipel Solentiname sur le lac Nicaragua. L’évangile devient la « bonne nouvelle pour les pauvres ». Le commentaire des versets et les échanges avec l’assemblée sont l’occasion d’un enseignement révolutionnaire marxiste. Un Belge a été témoin. Conrad Detrez. Ancien séminariste, romancier, naturalisé Français en 1982, il devient agent diplomatique de Mitterand. Il séjourne au Nicaragua. En décembre 1984, il dénonce. Outré. « La théologie qui sert le pouvoir se mue en théologie de légitimation. Et si ce pouvoir devient hégémonique ou totalitaire, la doctrine chrétienne qui s’y enchaîne, se transforme en théologie non plus de libération mais d’asservissement ».
Ortega, sous la pression des Etats-Unis, fut contraint d’organiser des élections « démocratiques » en 1990. Il en est sorti vaincu.
Dans l’opposition, le dictateur fit semblant de s’assagir. Retour au pouvoir en 2007 avec un score étriqué. Grâce à une alliance contre nature entre Sandinistes et des libéraux, soutien d’un ex-président condamné pour corruption, il arrive au premier tour sur la plus haute marche avec 38 % des voix. On voit combien le Sandinisme est minoritaire … Mais un second tour n’est pas prévu. Ses alliés déclarés. Les Castro de Cuba, le vénézuélien Hugo Chavez, Bachar el-Assad de Syrie, le libyen Kadhafi … Bref, la cohorte des grands démocrates !
Voilà donc quinze ans que l’individu occupe à nouveau le pouvoir. Habile et sans scrupules, il sait comment s’y accrocher. Un allié de poids en intérieur. La vice-présidente. En fait, son épouse Rosario Murillo. Depuis plusieurs années, elle se charge de la propagande et du contrôle des médias. Indispensable dans la perspective des élections prochaines de novembre. D’après les syndicats de la presse, une vingtaine de médias indépendants ont disparu depuis 2007. Actuellement, le principal quotidien d’opposition, La Prensa, doit suspendre son édition papier. La Direction générale des douanes a saisi les stocks de papier. Comme le veut la tradition totalitaire, le Tribunal électoral est à la botte du pouvoir. Trente deux opposants viennent d’être incarcérés, ou placés en arrêts domiciliaires. Comme par hasard, tous les candidats potentiels à l’élection présidentielle sont mis à l’ombre … Une satisfaction. La gauche catho-marxiste a perdu beaucoup de son aura dans l’opinion internationale. Donc moins de complaisances d’intellectuels de gauche …
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