Namur, le modèle intelligent de la Wallonie
En 2015, Agoria classait Namur au premier rang des smart cities wallonnes. Les ambitions de l’équipe mayorale sont claires : placer la ville à l’avant-scène des villes innovantes. Et pas seulement en Belgique.
En matière de smart city, Namur compte sur les Namurois eux-mêmes pour qu’ils lancent des initiatives et participent ainsi au processus de développement urbain. » La vraie question n’est pas de savoir comment nous allons faire de Namur un espace où tout est digital mais bien de mettre à plat tous les problèmes vécus par nos citoyens et d’imaginer des solutions innovantes pour les résoudre, en repositionnant les institutions comme plate-forme d’échange « , rappelle le bourgmestre Maxime Prévot.
C’est d’ailleurs l’objectif du port numérique qui viendra s’installer sur le site du Grognon : il a été conçu comme un lieu d’expérimentation par le citoyen de services et produits innovants en phase de conception. Le port numérique sera la vitrine publique de ce qui se fait ailleurs.
Notamment au Trak(k), hub créatif qui rassemble la Ville de Namur, l’université, le Bureau économique de la Province (BEP) ou le Kikk, le festival international des cultures numériques et créatives. Véritable incubateur pour les PME, le Trak(k) comprendra un Creative Lab pour booster la créativité des entrepreneurs, un laboratoire de fabrication Fab Lab doté d’imprimantes 3D pour façonner des prototypes, des studios ou encore un espace d’exposition ouvert au public. En tant que vitrine des nouveaux médias et technologies créatives, le Trak(k) proposera également des workshops sur le thème de la ville intelligente, des espaces de démonstration ou des projets de codesign.
» Grâce au Trak(k), les entrepreneurs et porteurs de projets pourront problématiser les enjeux de développement urbain, entrer dans une phase de créativité, passer rapidement en phase de prototypage, tester leurs prototypes auprès des consommateurs potentiels et améliorer leurs produits en fonction des retours « , indique Renaud Degueldre, directeur du BEP. Le Trak(k) s’installera dans l’ancien hall sportif de l’université. Au total, près de 2 000 m2 seront à la disposition de l’incubateur.
Des transports aux poubelles
Toujours dans cette dynamique, Namur se dotera d’un système de transport intelligent (STI). Une première wallonne. Objectif : centraliser et traiter les données pour informer en temps réel les usagers sur l’accès au centre-ville, en prenant en compte les divers modes de transport. Ces données seront collectées notamment via des caméras et des radars et pourront être complétées par des données transmises par le signal des téléphones mobiles ou des GPS. Elles seront ensuite diffusées sur différents types de panneaux d’information dynamiques placés sur les voies pénétrantes et près des arrêts de bus, ou sur des panneaux mobiles.
Autres projets : ceux du service de propreté publique. D’abord, avec des conteneurs enterrés et intelligents, qui capteront le degré de remplissage de ces récipients. Ensuite, avec le développement d’une application mobile pour la gestion complète et intégrée des déchets quels qu’ils soient. Par ailleurs, la Ville a également prévu la modélisation 3D de la totalité du territoire communal, outil qui sera mis à disposition des citoyens et qui permettra à terme une meilleure intégration des futurs projets urbains. Au coeur de cette démarche figure la volonté de mobiliser les acteurs du territoire pour atteindre l’objectif du plan climat énergie, soit la réduction de 20 % des émissions de CO2 de son territoire d’ici à 2020.
De son côté, Proximus a décidé d’installer de la fibre optique dans le coeur de la ville. Une première étape wallonne, là aussi. Cet investissement renforcera la dynamique smart de la capitale et participera au succès des différentes initiatives qui y sont lancées.
Capitaliser les atouts
Le bourgmestre ne s’en cache pas : il veut que Namur ait un rôle de leadership en tant que smart city. » Elle en a les atouts : il faut capitaliser là-dessus. Elle n’a pas l’histoire d’un bassin industriel en déclin qui doit repenser sa reconversion comme Liège ou Charleroi. Elle a toujours été à la pointe comme ville d’éducation, elle doit l’être comme ville d’innovation « , relève-t-il. » Namur s’est rendue compte que si elle voulait conquérir d’autres compétences, cela ne pouvait venir que d’elle-même. C’est cela une ville intelligente, celle qui permet aux citoyens de s’approprier leur territoire pour le développer « , reconnaît Gilles Bazelaire, directeur du Kikk Festival.
Même son de cloche du côté de l’université et de son nouveau recteur, Naji Habra : » A travers Namur, il s’agit de positionner la Wallonie comme pôle numérique. » Encore faut-il que la Région l’accepte, ce qui, à entendre Renaud Degueldre du BEP, ne semble pas forcément le cas : » Malheureusement, certains outils créés par la Région, au lieu d’être situés à Namur, ont été implantés ailleurs, alors que la capitale avait une pertinence pour asseoir ce concept de smart city au bénéfice du territoire wallon. La Région a préféré disséminer ces nouveaux outils au lieu de les capitaliser. »
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