Carl Devos
N-VA et CD&V de plus en plus interchangeables ?
On spécule de plus en plus sur l’après-25 mai : les électeurs auront rendu certaines coalitions plus ou moins possibles et il appartiendra aux partis de décider lesquelles seront formées.
C’est comme pour les élus eux-mêmes : les électeurs choisiront mais dès avant les élections, il aura été décidé dans les grandes lignes lesquels siégeront. Il reste donc un peu de marge dans la formation des gouvernements, comme il reste une part d’incertitude sur l’identité de ceux qui s’installeront au Parlement.
Mais les possibilités de coalition ne sont pas infinies.
En Flandre, les anciens partenaires du cartel CD&V / N-VA pourraient bien former rapidement un gouvernement. Lorsqu’on additionne les déclarations, ces dernières semaines, des deux chefs de file, Kris Peeters et Bart De Wever, on arrive à la « preuve circonstancielle » d’un préaccord de fait. Peeters veut former rapidement un exécutif flamand, avec le moins de partenaires possible : or un gouvernement à deux n’est possible qu’avec la N-VA. Seul le CD&V envisage la possibilité d’une nouvelle réforme de l’Etat et exclut de gouverner sans majorité flamande. La N-VA aimerait poursuivre avec Peeters et affirme ne pas diriger ses flèches sur son ancien partenaire de cartel.
Pour l’un et l’autre, enterrer la hache de guerre a une utilité fonctionnelle. Pour le CD&V, il est intéressant que soit rompu le scénario qui oppose la N-VA aux autres partis, scénario profitable aux nationalistes. CD&V et N-VA deviennent un peu plus interchangeables pour certains, ce qui profite au plus petit des deux (le CD&V). Kris Peeters, aussi, occupe une position plus sûre : il peut rester ministre-président d’un gouvernement dont son parti n’est pas le plus important.
La N-VA, elle, a besoin d’alliés. Sinon, son isolement politique risque de se retourner contre elle. Donc, plus le CD&V veut être vu aux côtés de la N-VA, plus les nationalistes paraissent plus acceptables. Bref, c’est le CD&V qui détient les clés pour la formation d’une coalition.
Ce raisonnement vaut surtout pour le gouvernement flamand. Comme on le sait, un gouvernement fédéral sera formé simultanément. On peut s’attendre à ce que certains, notamment ceux qui risquent de ne pas siéger dans les deux exécutifs, « relieront » les deux formations d’exécutifs. Il s’agira donc de tenir compte des francophones, même pour le gouvernement flamand.
Au fédéral, un gouvernement sans le PS est possible, mais peu probable. Comme un gouvernement rassemblant PS et N-VA. Pour l’un comme pour l’autre, mais surtout pour le parti de De Wever, il est difficile de mettre beaucoup d’eau dans son vin. A moins que N-VA, CD&V et MR arrivent à acculer le PS dans un coin, mais les socialistes francophones ont l’habitude de se battre dans ce type de position. La N-VA sera du coup peut-être placée devant un choix difficile : soit rejoindre l’opposition fédérale, soit diriger aux côtés du PS.
Problème : le deuxième scénario semble être un cauchemar pour la N-VA et si elle choisit la première option, elle pourrait se retrouver exclue du gouvernement régional par les partenaires flamands de la coalition fédérale du CD&V, qui relient participations fédérale et flamande. D’ailleurs, si la N-VA entre dans un gouvernement flamand mais non fédéral, elle devra trouver de bons accords avec le CD&V. Dans le cadre de la sixième réforme de l’Etat, de nombreux accords de coopération doivent encore être conclus avec le gouvernement fédéral. Si Bart De Wever veut tirer un maximum de profits du jeu confédéral, les années suivantes s’annoncent très difficiles. C’est ainsi que la formation d’un gouvernement flamand est en réalité une affaire fédérale.
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