Mons 2015 : au-delà du rêve, quelles réalités ?
Les responsables montois l’ont répété : Mons 2015, c’est bon pour le développement économique de la région. Mais quelles retombées peut-on vraiment attendre de l’année culturelle européenne ? Enquête.
Il faut arrêter le Mons-bashing, a clamé Le Soir au lendemain de la publication d’un article du Guardian sur ces Montois « plus excités par l’arrivée d’Ikea » que par le démarrage de Mons 2015, dont l’ouverture officielle est fixée à ce 24 janvier.L’effronté quotidien d’outre-Manche n’a pourtant pas inventé son accroche sur Ikea, soufflée par une porte-parole de la Ville. Il ne se trompe pas non plus sur l’inauguration scandaleusement tardive des nouveaux musées montois. Même le beffroi, pourtant joliment illuminé depuis le début du mois, ne pourra être visité au mieux qu’à partir de juin, voire septembre, nous murmure-t-on sur les chantiers et à la Ville.
Le programme des activités est pourtant alléchant. La mayonnaise prendra-t-elle ? Il faut l’espérer. Les attentes sont énormes. D’autant que le pari du bourgmestre, Elio Di Rupo, est de faire bondir sa ville de 20 ou 30 ans en avant, grâce à l’image de capitale européenne de la Culture. Une formule empruntée à Martine Aubry : « Lille 2004 nous a fait gagner 10 ans », s’était targuée, plus modeste, la maire PS de la cité ch’ti. Avec un imperturbable taux de chômage à 20 % qui touche surtout les jeunes et les plus âgés, Mons et la région du Centre auraient bien besoin d’un coup de baguette magique pour tourner définitivement la page sur les stigmates d’une longue désindustrialisation. La fée s’appelle-t-elle « Mons 2015 » ?
« Il y aura des retombées économiques cette année, mais on ne doit pas s’attendre à une création massive d’emplois ni à des emplois durables », résume Fabienne Leloup. Cette professeure de l’UCL Mons a mené, en 2012 et 2013, une étude sur l’impact économique de Mons 2015, à la demande du Comité subrégional de l’emploi et de la formation (CSEF) de la région du Centre. Et au-delà de 2015 ? « On est dans le flou le plus complet, constate Sandra Goret, secrétaire régionale de la FGTB Mons-Borinage, qui siège au CSEF. Pour l’après 2015, je n’ai connaissance d’aucune discussion sérieuse, aucune planification concrète, aucun objectif chiffré. Déjà, pour cette année, on a eu du mal à avoir des réponses et des chiffres. »
Pour l’instant, Mons 2015 n’est donc qu’un espoir à 70,5 millions d’euros, soit le budget alloué à la Fondation Mons 2015, dont 87 % proviennent de subventions publiques (essentiellement la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne). Un budget plutôt opulent pour une capitale européenne de la Culture qui compte 95 000 habitants. En 2004, Lille (225 000 habitants) s’était débrouillée avec 73 millions d’euros et, en 2013, Marseille (850 000 habitants) avec 91 millions. On imagine que les Montois et même les Wallons dans leur ensemble seront regardants sur la manière dont on fera fructifier cet investissement.
A Mons, organisateurs culturels et responsables politiques ont d’emblée avancé que chaque euro investi en rapportera 6, comme à Lille. « Nous avons cherché comment ce chiffre avait été obtenu par les Lillois, nous n’avons jamais trouvé », constate Fabienne Leloup. Même circonspection du côté de la Faculté d’économie de l’U-Mons. Chargé pour Kea Consulting de l’évaluation des retombées de Mons 2015 – c’est une obligation européenne -, le Pr Alain Finet table plutôt sur un effet multiplicateur de 3 ou 4. « Ce sont uniquement les retombées locales que nous devrons estimer, explique-t-il. Or, Mons étant plus petite, elle n’a pas la même offre entrepreneuriale que Lille. De nombreuses entreprises extérieures seront aussi concernées, mais cela ne rentre pas dans le calcul. »
Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :
– « C’est l’Horeca qui devrait le plus bénéficier des retombées au niveau local »
– Combien d’emplois créés résisteront à Mons 2015 ?
– « Mons 2015 coûtera bien plus cher à la Ville que ce que l’on dit »
– « Pour le moment, en tout cas, aucune entreprise nouvelle ne s’est implantée dans le parc Initialis grâce à Mons 2015 »
– La grande solitude des commerces du centre-ville
– Saga Passenger : 530 000 euros ?
– Les cinq nouveaux musées montois
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