Mobilité et environnement : les disparités entre quartiers bruxellois sont nombreuses
De la pression automobile à la qualité de l’air, en passant par la présence d’espaces verts ou de trottoirs, les statistiques dévoilent un visage contrasté, parfois paradoxal de la région.
Mobilité – Partout la pression automobile
Bruxelles enregistre plus de quatre millions de déplacements par jour et la voiture y tient une place prépondérante. Coincé entre les champs et le ring, le quartier Bon-Air, à Anderlecht, est celui qui connaît la plus forte pression automobile de la capitale avec un taux d’occupation de la voirie de 69 % entre 8 et 9 heures, et 78 % entre 17 et 18 heures, même si le quartier le plus embouteillé en fin de journée est celui du parc Marie-José à Molenbeek, à côté de la Gare de l’Ouest, avec 87 % de trafic, comme l’indiquent les chiffres de l’Ibsa (Institut bruxellois de statistique et d’analyse).
En matinée, le Pentagone connaît une pression moins forte que les quartiers situés en première et deuxième couronne, avec une majorité de quartiers autour des 40 % de passage. Celui de la Grand-Place ayant un taux d’occupation de la voirie à 25 %. En fin de journée, il passe à 34 %, tandis que Martyrs ou Dansaert dépassent les 50 %.
En première couronne, Industrie Birmingham, à Anderlecht, subit plus de 60 % de trafic matin et soir. Au nord-est, les quartiers Brabant, Botanique, chaussée de Haecht, Dailly, Plasky et Saint-Josse Centre affichent des taux de 50 à 60 % aux heures de pointe. Au sud-ouest, la gare du Midi et le bas de Forest présentent un trafic similaire. En deuxième couronne, les résultats sont plus contrastés et varient selon la proximité des grands axes routiers. Un quartier comme Industrie sud, voie d’accès au ring Ouest, est occupé à 61 % le matin et à 65 % en fin de journée. Au nord, le domaine royal de Laeken affiche un taux important, à proximité de l’A12 et du ring. A l’est, avec l’E411 et le viaduc Herrmann-Debroux, les quartiers Delta et Auderghem centre sont occupés à plus de 60 % et le quartier de la forêt de Soignes à 58 %. Au sud, Fort Jaco atteint presque 60 %.
Bref, c’est partout la congestion. Elle n’étonne guère Olivier Fourneau, expert mobilité d’Inter-Environnement Bruxelles (IEB) : » Dans les années 1970, la ville a été envisagée comme un lieu de passage, comme une autoroute. Les autorités ont alors organisé cette mobilité de déplacement entre la périphérie et la ville, pour ramener les travailleurs vers le centre, en creusant toute une série d’infrastructures comme la petite ceinture. La Région essaie de sortir de ce passé difficile, pas toujours avec succès. »
Un autre indicateur intéressant pour mesurer la pression automobile est celui du stationnement. La nuit, il est saturé à plus de 90 % dans de nombreux quartiers de la première couronne, plus résidentiels, comme le Haut Saint-Gilles (101 %), Plasky (103 %) ou Conscience (107 %). Le taux diminue, par contre, en direction du centre-ville et de la périphérie. » En journée, on observe un glissement des niveaux élevés d’occupation de la première couronne vers le centre « , explique Dario Hamesse, de l’Ibsa. Des saturations importantes sont atteintes dans les quartiers Notre-Dame-aux-Neiges (107 %), Martyrs (100 %) et Marolles (99 %). » Une pression du stationnement qui n’est pas directement liée aux riverains, mais plutôt aux travailleurs et aux activités économiques « , pointe l’expert.
L’accessibilité hétérogène des transports en commun
A en croire l’Ibsa, exception faite d’une série de quartiers situés aux extrémités de la Région, comme Vivier d’Oie à Uccle, le plus mal desservi par la Stib, les parts de population vivant à une distance confortable d’un arrêt de transports en commun sont fort élevées partout. C’est particulièrement vrai pour le Pentagone et la première couronne où les taux dépassent partout les 94 %, étant situés à proximité des lieux de convergence de quasiment toutes les lignes. Cela dit, le géographe Kevin Lebrun a montré qu’à l’heure de pointe matinale, 10 % des Bruxellois sont situés à plus de 40 minutes en transport public des principaux pôles d’activité et 30 % résident dans des quartiers présentant un déficit d’accessibilité compte tenu de leur localisation, notamment dans la deuxième couronne.
Les taux de couverture sont moins satisfaisants dans des zones aux extrémités de la région et à proximité d’espaces verts (forêt de Soignes, Scheutbos, Neerpede, bois du Laarbeek, Poelbos) ou dans des zones plus industrielles. Une série de quartiers résidentiels sont également mal desservis comme ceux situés de part et d’autre de la chaussée de Ninove (Scheut, Machtens). Pareil pour les quartiers situés le long de la chaussée de Waterloo à Uccle (Fort Jaco et Vivier d’Oie). D’où la nécessité, à en croire Kevin Lebrun, d’appuyer l’idée d’un RER pour compléter le réseau de métro, en augmentant les fréquences des gares moyennes et secondaires (Uccle-Calevoet, Haren, Boitsfort, Jette…).
Certains quartiers situés à proximité d’une ligne de métro ou d’une ligne de tram gardent néanmoins des valeurs élevées, par exemple l’Altitude 100, à Forest. » On se réjouit qu’un de nos quartiers soit accessible aux transports en commun, mais en même temps, on souhaiterait que tous les quartiers de Forest le soient, ce qui n’est pas le cas, souligne Alain Mugabo, échevin de la mobilité (Ecolo). Notre commune voudrait surtout que les liaisons ne se concentrent pas uniquement vers le centre, mais qu’elles soient facilitées entre les différentes communes, en étendant par exemple la ligne 7 jusqu’à la station Albert, ce qui permettra de mieux relier Forest avec Ixelles ou Etterbeek. »
Modes doux – Lentement, le vélo trace sa route
En 2018, on comptait plus de 30 000 cyclistes à Bruxelles. Un chiffre en hausse de 16 % par rapport à 2017, selon Pro Velo. Depuis 2010, le nombre de cyclistes augmente en moyenne de 13 % par an. » Outre des facteurs conjoncturels selon les années (fermeture de tunnels, météo favorable…), la congestion du trafic en heure de pointe, la baisse de la vitesse commerciale des transports en commun rendent ce mode de transport de plus en plus compétitif « , précise l’organisation. C’est au square de Mérode à Etterbeek que Pro Velo a comptabilisé le plus de cyclistes, avec 875 vélos répertoriés en 2018. Autre lieu de présence massive des deux roues, la rue de la Loi avec 775 cyclistes comptés. Par contre, à Molenbeek, l’asbl a répertorié uniquement 58 vélos à la gare de l’Ouest, le plus faible score de la région en 2018. Plusieurs quartiers ont vu aussi le taux de croissance considérablement augmenter entre 2017 et 2018 comme l’avenue de Fré (44,2%), l’Hôtel des Monnaies (43,6 %) ou le pont Van Praet (38,7 %).
Au niveau des parkings vélos, cinq stations ont un taux d’occupation dépassant les 80 % : Gribaumont, gare du Nord, Kraainem, Comte de Flandre et gare Centrale. Côté Villo, il y a eu plus de 114 000 utilisateurs l’an dernier et les trois stations les plus utilisées sont celles de la gare du Nord, du Luxembourg et de la gare Centrale.
La part de la voirie dédiée aux trottoirs est la plus élevées dans le Pentagone (au centre et dans les quartiers à l’ouest) et au sud de la Région (à Uccle et dans les quartiers à proximité du bois de la Cambre et de la forêt de Soignes). Le quartier le plus à la pointe est celui de la gare du Midi avec 62 % de la voirie dévolue aux piétons. Les quartiers du nord-est de la Région sont les moins bien lotis, suite à la présence de voiries importantes comme à Reyers avec seulement 19 % de trottoirs, la part la plus faible de la région. » Une réalité dont nous sommes bien conscients, explique l’échevine schaerbeekoise de la mobilité, l’écologiste Adelheid Byttebier. La commune prévoit de développer la sécurisation du quartier pour les piétons dans le cadre du réaménagement du boulevard Reyers et du projet Mediapark sur le site de la RTBF et de la VRT, avec une place plus grande donnée à ceux-ci comme aux transports en commun. »
Environnement – Où sont cachés les espaces verts ?
Avec 60 % de surfaces forestières sur son territoire, la commune de Watermael-Boitsfort est la plus boisée de la Région bruxelloise. La forêt de Soignes couvre 750 ha de la commune. Globalement, la végétation couvre 54 % du territoire régional. » Mais la répartition des espaces verts est assez inégale. La deuxième couronne est très verte, là où la première couronne, plus densément peuplée, manque cruellement d’espaces verts, ainsi que de place pour en créer « , relève Maud Marsin, d’Inter-Environnement Bruxelles.
Comme l’indique l’Ibsa, sur une bande large allant de Forest au sud au quartier de Neder-Over-Heembeek au nord, la disponibilité d’espaces verts est en effet très faible. Les zones vertes se concentrent essentiellement dans le sud-est, l’est et le nord, notamment autour de la forêt de Soignes, dans la vallée de la Woluwe, les zones boisées d’Uccle, la zone rurale de Neerpede à Anderlecht, porte bruxelloise du Pajottenland ou plus au nord, les bois de Jette et le Domaine royal.
Où fait-il le plus sale ?
A en croire Test-Achats, dans une étude lancée par l’association de défense des consommateurs en 2018, c’est à Molenbeek, Schaerbeek et Anderlecht qu’il fait le moins propre en Région bruxelloise. Globalement, d’après des chiffres de 2015 sur l’appréciation de la qualité de vie, 53 % des habitants ne se montraient pas satisfaits de la propreté. Une étude plus ancienne de l’Ibsa confirme cette tendance, avec des différences importantes entre quartiers : ceux du croissant pauvre concentraient plus de 40 % de ménages insatisfaits de la propreté, le pic étant atteint aux Marolles avec 57 % de citoyens mécontents. Dans la première couronne, la plupart des quartiers comptent 15 à 28 % de ménages insatisfaits. Seuls les quartiers Matongé, Louise, Flagey- Malibran et La Chasse dépassent les 35 % de mécontents. Les ménages de la seconde couronne sont, en revanche, les plus satisfaits de la propreté avec plus de 90 % de ménages heureux – la palme au quartier Sainte-Alix à Woluwe-Saint-Pierre avec 2 % de mécontents seulement.
Où fait-il bon respirer ?
Le projet ExpAIR a permis d’évaluer l’exposition de la population à la pollution de l’air et de cartographier les zones les plus sensibles, en analysant la présence de black carbon, une sous-catégorie des particules fines. Ses conclusions sont simples : les points d’entrée dans Bruxelles (le ring Ouest ou le carrefour Léonard, par exemple), le centre-ville, la petite ceinture sont les endroits les plus pollués de la région. Des artères comme la rue de la Loi ou la rue Belliard sont très touchées, notamment aux heures de pointe, car les concentrations augmentent avec l’intensité du trafic et sont aussi deux à trois fois plus élevées dans une rue bordée d’immeubles.
» C’est ce qu’on appelle l’effet canyon. On retrouve également ce phénomène dans des quartiers plus densément peuplés, plus précarisés aussi, dans des rues où les immeubles sont collés les uns à côté des autres, alors que les populations plus aisées se retrouvent généralement dans des environnements plus ouverts, plus favorables à la dispersion des polluants « , constate Olivier Brasseur, expert en qualité de l’air pour Bruxelles Environnement. A noter que les automobilistes dans leur voiture sont les plus exposés à ce polluant, avec des niveaux cinq fois supérieurs à ceux rencontrés en air intérieur. La concentration est aussi importante dans les transports en commun, dans les lieux extérieurs ou dans les espaces verts.
Une autre étude, menée cette fois par Ecolo et Groen entre 2017 et 2018, a permis de cartographier les lieux les plus pollués par le NO2, le dioxyde d’azote. Les pires résultats enregistrés ont été obtenus à la sortie du tunnel Léopold II avec 70 µg/m3, soit près du double de la limite légale. A Ixelles, sur les 37 points mesurés, 13 dépassaient le plafond européen de 40 µg/m3 de NO2, comme l’avenue Louise et l’avenue de la Couronne. A Bruxelles-Ville, les 36 points mesurés franchissaient aussi cette limite.
48 % d’étrangers – dont une majorité de Français – 35 ans en moyenne, avec une proportion d’hommes particulièrement élevée, animent ces rues bordées de bâtiments Art nouveau. Michel Verlinden, journaliste, collaborateur au Vif/L’Express : » Pour moi, c’est le quartier gastronomique le plus intéressant de la ville, surtout du côté de la place Van Meenen. On y trouve La Buvette, Le café des Spores, Rubis, le Prélude, Au marché noir… et, depuis peu, Tandem. Il y a aussi un marché très sympa. C’est là que se dessine la gastronomie de demain, libérée du formalisme et inventive, qui secoue les automatismes et les associations convenues. »
C’est un authentique village en pleine gentrification où règnent plus de 80 % de Flamands. La nouvelle génération, quoique très engagée, s’intéresse davantage à la dernière création de Martin Margiela qu’aux problèmes communautaires. Stylistes, designers et bijoutiers internationaux rivalisent ici avec les talents de créateurs belges et les boutiques artisanales locales des hôtels de maître du xixe siècle. On y va pour déguster des huîtres au comptoir du Noordzee, flâner aux Halles Saint-Géry, acheter ses tisanes chez l’herboriste, se styler au MAD, se cultiver à la Centrale, écouter Mustii à l’AB et terminer en jazz à l’Archiduc !
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