Michel Nihoul, l’escroc, flambeur et partouzeur associé à jamais à l’affaire Dutroux
Michel Nihoul, dont on a appris mercredi le décès à l’âge de 78 ans, a fait l’objet de plusieurs condamnations pour escroqueries au cours de sa vie mais c’est l’affaire Dutroux qui l’a fait connaître de toute la Belgique, bien qu’il ait été blanchi pour tous les faits liés aux enlèvements d’enfants. Son décès intervient alors que l’affaire Dutroux est revenue dans l’actualité, entre l’éventualité d’une demande de libération conditionnelle de Marc Dutroux et celle, effective, de Michel Lelièvre.
Michel Nihoul est né le 23 avril 1941 à Verviers. Il a vécu dans une famille unie, qui comptait quatre enfants. Il a qualifié lui-même son enfance de « formidable », soulignant que son père était sévère mais juste et qu’il lui a enseigné la différence entre le bien et le mal, entre la justice et l’injustice.
Bon élève, il suit une scolarité normale qui le voit obtenir un diplôme d’architecte d’intérieur à l’Académie des Beaux-Arts de Verviers. Sa vie professionnelle a été plus mouvementée. De décorateur à expert, en passant par patron de discothèque, chauffeur routier, responsable des relations publiques, grossiste en poissons et animateur radio, Michel Nihoul a accumulé les métiers. Il a aussi additionné les faillites.
Trois femmes ont marqué sa vie. Il a vécu 13 ans avec la première et trois enfants sont nés de cette union. La deuxième est l’avocate bruxelloise Annie Bouty, avec qui il a eu deux enfants. Depuis 1982, il vivait avec Marleen Decokere.
Affaire Dutroux
Les nombreux témoignages figurant dans le dossier Dutroux étaient quasi unanimes pour évoquer un escroc, bon commercial mais mauvais gestionnaire, dépensier et flambeur, courageux, buveur, partouzeur et aimant les femmes. « Mais pas les gamines », avait précisé un des témoins. Son casier judiciaire comptait plusieurs condamnations, notamment pour banqueroute, chèque sans provision, abus de confiance, escroquerie, etc. Le 30 décembre 1996, il écopait d’une peine de trois ans de prison ferme dans le cadre du dossier « SOS Sahel ». On lui reprochait notamment d’avoir détourné de l’argent qui devait revenir à l’ASBL « SOS Sahel » dont il assurait la présidence. Il a en outre été condamné le 4 décembre 1998 à un an de prison ferme pour diverses malversations financières dans le cadre de l’affaire de « La Maison des chefs-Eurodiversified Ltd ».
Mais Michel Nihoul a surtout dû sa « notoriété » à l’affaire Dutroux. Il fut interpellé le 15 août 1996, le soir même où Sabine Dardenne et Laetitia Delhez furent retrouvées vivantes à Marcinelle, dans la cave de la maison de Marc Dutroux. Michel Nihoul a été placé sous mandat d’arrêt et inculpé le 17 août 1996 pour enlèvement d’enfants par le juge d’instruction de Neufchâteau Jean-Marc Connerotte. Faute d’indices concrets à sa charge, l’homme -qui a toujours nié avoir enlevé des enfants- fut finalement libéré par la chambre des mises en accusation de Liège en janvier 1997. Il resta toutefois derrière les barreaux vu sa condamnation dans l’affaire SOS-Sahel trois semaines auparavant. Michel Nihoul fut également inculpé pour l’enlèvement de Loubna Benaïssa avant de bénéficier d’une ordonnance de non-lieu rendue par la chambre du conseil de Bruxelles le 10 novembre 1998.
Sortie de prison
Alors que d’aucuns le dépeignaient en « cerveau » de l’affaire Dutroux, à la tête d’un « réseau », Michel Nihoul n’avait cessé de clamer son innocence. Il avait affirmé avoir rencontré Michel Lelièvre dans un garage auquel il avait confié la réparation de sa voiture. Michel Lelièvre lui avait dans la foulée présenté une de ses connaissances: Marc Dutroux. Un homme que Nihoul dit n’avoir rencontré qu’à quatre reprises.
Au terme du procès Dutroux, Michel Nihoul est condamné le 22 juin 2004 par la cour d’assises d’Arlon à une peine de cinq ans d’emprisonnement pour trafic de drogue et association de malfaiteurs mais il est blanchi pour tous les faits liés aux enlèvements d’enfants. Quelques années plus tard, dans un documentaire de la RTBF, il avait évoqué le moment où le jury de la cour d’assises était revenu dans la salle pour le prononcé du verdict. « Je suis une grande gueule. Mais là, j’ai fermé ma gueule et j’ai prié ». Il sortira finalement de prison en 2006. Après avoir purgé un tiers de sa peine, il obtient sa libération conditionnelle. Depuis lors, il résidait à la Côte belge avec sa compagne.
« Je ne suis ni saint ni diable »
Michel Nihoul a également fondé une ASBL d’aide aux justiciables et publié plusieurs livres autobiographiques, dont l’un intitulé « Taisez-vous Nihoul! « , dans lequel il entendait livrer sa version de l’affaire Dutroux. Un livre qui lui permet de régler certains comptes et de revenir sur sa fréquentation de clubs de rencontres. « Je ne suis ni saint ni diable », dira-t-il en conférence de presse, ajoutant être père et grand-père et qu’on ne doit toucher ni aux enfants, ni aux adultes non consentants.
Michel Nihoul avait également intenté plusieurs actions en justice, notamment une plainte pour calomnie contre Marc Verwilghen, l’ancien président de la commission parlementaire. Il avait été débouté en 2011. En 2014, La Dernière Heure annonçait que le sexagénaire devait plus d’1,2 million d’euros au fisc. En 2016, le tribunal de police de Bruges le condamne à une amende de 300 euros pour une infraction de stationnement à Zeebrugge avec un véhicule ne disposant pas d’un contrôle technique en règle.