Menaces contre les policiers et retour des organisations terroristes: les enseignements du dernier rapport de l’Ocam
Persistance de la menace islamiste, hausse des menaces à l’égard de la police et résurgence des organisations terroristes: voilà les trois tendances qui ressortent du rapport annuel 2022 de l’Ocam, consulté par nos confrères de Knack et du Soir.
700 : tel est le nombre de personnes extrémistes et terroristes surveillées par l’Ocam (Organe de coordination pour l’analyse de la menace) en 2022, selon le rapport annuel que nos confrères de Knack et du Soir ont pu consulter. Il s’agit d’une légère baisse par rapport à l’année précédente. Environ 80 personnes sont apparues dans la base de données commune en 2022, tandis que 90 en ont été retirées.
Parmi ces 700 personnes, 87% ont des connotations islamistes-djihadistes, tandis que 9% sont liées à une idéologie d’extrême droite et 2% à une idéologie d’extrême gauche. « Les autres sont suivis en raison de leur idéologie contestataire, de problèmes particuliers ou d’un contexte politique à l’étranger », explique le directeur général de l’Ocam, Gert Vercauteren, dans Knack.
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Le rapport annuel de l’Ocam laisse également apparaître une « augmentation significative des menaces à l’encontre des forces de police« . « La police est l’une des cibles qui revient le plus souvent dans les rapports de menaces que nous recevons, mais aussi dans les dossiers de menaces que nous suivons. Après l’attentat contre Thomas Monjoie (le policier tué en novembre 2022 à Schaerbeek, NDLR), nous avons clairement observé des comportements d’imitation », révèle Gert Vercauteren. Le directeur général estime que « la police sert de bouc émissaire à certains » et constate un mouvement similaire de haine à l’encontre d’autres représentants de l’autorité publique (pompiers, personnel d’urgence, aide à la jeunesse, secteur social…). « L’uniforme n’inspire plus le respect. »
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Autre enseignement du rapport annuel de l’Ocam : la résurgence des organisations terroristes. 20% des rapports de menace impliquent des plans élaborés par plusieurs individus ensemble. « Organisation est peut-être un grand mot, précise Gert Vercauteren dans Knack. Il ne faut donc pas nécessairement penser à un groupe terroriste organisé comme IS ou Al-Qaïda. Mais il y a effectivement une tendance vers les petites cellules, les réseaux et les groupes informels. Il s’agit d’alliances lâches, de petits réseaux de personnes souvent jeunes – y compris des mineurs – qui se rencontrent principalement sur les médias sociaux. » Et d’ajouter : « Avant 2022, nous parlions presque exclusivement de menaces émanant d’acteurs isolés, alors qu’aujourd’hui nous constatons une certaine augmentation des cas où plusieurs personnes planifient quelque chose ensemble ».
Enfin, l’extrémisme de droite (qui représente donc 9% des cas suivis par l’Ocam) est un phénomène grandissant, selon le directeur général. « Ce n’est certainement pas la plus grande menace, cadre-t-il. On constate alors que la situation n’est pas si mauvaise ces derniers temps et que moins d’une menace sur dix est toujours liée à l’extrémisme de droite. Mais il y a chaque année un certain nombre de cas d’extrémistes de droite qui peuvent vouloir faire quelque chose. C’est un phénomène que nous n’avions pratiquement pas vu auparavant. Quand on voit ce qui circule en ligne sur les forums d’extrême droite – des appels à la haine et à la violence – il faut rester vigilant. Nous constatons également que cette propagande d’extrême droite circule encore assez facilement, même sur des forums ouverts. Les contenus djihadistes ont été davantage repoussés vers des canaux fermés. »
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