Carte blanche
Maxime Prévot, humaniste sans humanité
On s’attendrait de quelqu’un qui se réclame de l’humanisme, une attitude de respect, de convivialité, de chaleur humaine, d’empathie, surtout vis-à-vis des plus fragiles de notre société. Les Namurois sont, en tout cas, reconnus pour ces qualités-là.
Des faits
Ce 07 juillet, des SDF installent une dizaine de tentes sur une des places du centre-ville de Namur. Ils protestent pacifiquement contre le règlement communal qui interdit la mendicité durant l’été et contre la fermeture de l’abri de nuit durant 4 semaines de mi-juillet à mi-août.
Le lendemain, une dizaine de policiers de la ville de Namur interviennent manu militari et dégagent la place. Ils embarquent leur porte-parole. Un provocateur, selon la bourgmestre faisant fonction, Anne Barzin.
La gestion de la situation
Pas de chance pour les autorités communales, un journaliste traînait par là et bardaf, des images de l’événement sont diffusées sur le net. Et voir 5 ou 6 policiers sur le dos d’un SDF à terre, ça fait tache.
Devant le tollé provoqué par cette sortie policière, une réunion de conciliation est organisée le lendemain. Là, Maxime Prévot tend la main, fait un geste [1] et même un double geste.
Il a été décidé que :
- durant la période de fermeture de l’abri de nuit, la mendicité serait tolérée malgré le règlement communal, dont l’application serait laissée à l’appréciation de la police,
- et que les douches, d’habitude payantes, seraient gratuites durant cette période.
Pour le reste, un groupe de travail sera mis sur pied. Les politiques adorent les groupes de travail. Cela donne l’impression de faire avancer un dossier alors qu’il ne se passe rien.
L’échevine de la cohésion sociale, Madame Scailquin, rappelle qu’un gros effort d’information est fait : « Les acteurs de terrain, que ce soit la police, les gardiens de la paix, les stewards, les travailleurs sociaux, vont à la rencontre des personnes qui sont dans la rue pour les informer de la décision du conseil communal… » [2]. En clair, tout le monde s’y met pour les prévenir qu’ils doivent déguerpir.
Et si on assouplissait ce règlement communal qui cherche juste à cacher la misère ?
« Le règlement ne saurait pas être assoupli administrativement dès lors qu’il a été validé par le Conseil communal et que le Conseil communal ne se réunit pas avant le mois de septembre[3], précise Maxime Prévot. On ne va quand même pas déranger les conseillers communaux dans leurs vacances pour quelques SDF.
Quel manque d’humanité
On s’attendrait de quelqu’un qui se réclame de l’humanisme, une attitude de respect, de convivialité, de chaleur humaine, d’empathie, surtout vis-à-vis des plus fragiles de notre société. Les Namurois sont, en tout cas, reconnus pour ces qualités-là.
Au contraire, on observe un comportement technocratique, réglementaire, déshumanisé de la part des autorités communales que Monsieur Prévot préside, tout bourgmestre empêché qu’il est.
Au fond, Monsieur Prévot est un humaniste, mais sans humanité.
Et sur le fond du problème : Comme d’habitude, du cosmétique pour servir la communication
Quant à la recrudescence de la mendicité, la traite des êtres humains, l’alcoolisme, la violence parmi les SDF et les précarisés … Que proposez-vous Monsieur Prévot ?
Rien, naturellement. Ou du cosmétique. D’ailleurs, toute cette affaire ne vous intéresse que parce qu’elle a fait le buzz.
D’ailleurs, n’est-ce pas le parti humaniste qui a refusé de voter, pour des raisons de stratégie politique, la suppression de la redevance télé particulièrement importante pour la population aux revenus faibles ? Décidément l’humanité, ce n’est pas votre fort.
Conclusion
Au fond, Monsieur Prévot, le sort des SDF et des précarisés, vous vous en foutez comme de votre première chemise pourvu qu’ils ne viennent pas gâcher la vue de vos électeurs pendant qu’ils sirotent un petit vin blanc sur une terrasse du centre-ville.
Allez, circulez, il n’y a rien à voir.
Par Barbara Dufour, enseignante et Walter Feltrin, entrepreneur
[1] RTBF, 11 juillet 2017
[2] RTBF, 7 juillet 2017.
[3] RTBF, 10 juillet 2017.
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