Thierry Denoël
Marre des grèves sur le rail !
Les navetteurs vont encore râler. A juste titre. De nouvelles grèves sont annoncées sur le rail. En cause : le volet emploi du plan de réforme de la SNCB. Les cheminots ne sont guère rassurés pour leur avenir. Dans ce contexte, le départ de leur ancien patron avec un parachute d’1,3 million d’euros ressemble à une provocation…
Le ministre Jean-Pascal Labille a confirmé l’info de L’Echo : plus d’un millier d’emplois disparaîtront à la SNCB d’ici à 2018. Ce n’est pas vraiment une surprise. On sait que, depuis plusieurs années, les emplois diminuent progressivement. Entre mi-2012 et mi-2013, près de 500 postes ont encore été supprimés dans les chemins de fer belges. Le dégraissage est continu. Pourquoi les cheminots feraient-ils donc grève maintenant ?
D’abord parce que la réforme du rail, dont l’arrivée en gare est prévue le 1er janvier 2014, est entrée dans son dernier tronçon. Les négociations actuelles portent surtout sur la filiale HR-Rail, créée à l’intersection des deux têtes restantes du groupe SNCB, à savoir la New SNCB et Infrabel (exit donc la Holding). Cette entité commune est censée garantir l’emploi des cheminots, via un employeur, un statut et une commission paritaire uniques à l’ensemble du nouveau groupe. Mais les syndicats exigent des garanties pour assurer la viabilité de HR-Rail à long terme. Ils ne veulent pas qu’on désagrège leur bidule après quelques années…
Une grève serait une manière de faire pression sur le gouvernement pour obtenir toutes les garanties possibles.
Ensuite, l’information concernant la suppression d’un millier de postes d’ici à 2018, si elle n’est pas une surprise, arrive quelques jours après une autre info : celle du départ de l’ancien boss de la SNCB, Marc Descheemaecker, avec un parachute doré de 1,3 million d’euros auquel il renonce pas. La chronologie des informations a toujours son importance. En l’occurrence, annoncer la perte de mille emplois après avoir confirmé que l’ex-patron des salariés concernés s’en va en touchant le pactole, cela a forcément un impact psychologique désastreux que syndicats et gouvernement ont du mal à gérer.
Résultat : la semaine s’annonce houleuse sur le rail. Ce sont, une fois de plus, les navetteurs qui en payeront le prix lourd. La dernière grève (à l’initiative du Syndicat autonome de conducteurs de train) date du 5 novembre… La presse flamande vient, en outre, de révéler un plan surréaliste de la SNCB qui envisage de résorber ses retards en ralentissant ses trains et en allongeant donc, parfois sensiblement, leur temps de parcours. Magritte n’aurait pas imaginé mieux. Bref, quelles que soient les revendications des cheminots qui se croiseront les bras une nouvelle fois, les usagers du rail ne se montreront guère compréhensifs. Ils n’auront qu’un mot à la bouche : marre !
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