Pierre Havaux
Maroy en politique, un risque bien calculé
La RTBF s’offre un buzz. Un de ses journalistes en vue, Olivier Maroy, déserte les plateaux télés pour monter sur les planches de la politique. Avec un dossard estampillé MR comme Mouvement réformateur. Ce n’est pas nécessairement partir de la RTBF pour ne plus y revenir.
Bienvenue au club. Un de plus à franchir le Rubicon. A passer de l’autre côté de la barrière pour voir si l’herbe est plus verte dans le monde politique que dans l’univers médiatique. Olivier Maroy, jusqu’ici journaliste à la RTBF et animateur de débat politique, est à présent candidat déclaré aux prochaines élections sous la bannière libérale, et peut-être futur élu du peuple wallon.
L’émoi est à la mesure du vedettariat. Cette tendance bien ancrée dans le monde des médias qui amène toujours à faire grand cas de l’engagement en politique d’un journaliste, de préférence si sa bobine apparaît périodiquement sur le petit écran. Le foot a ses vedettes et ses transferts. Le petit monde des médias aussi. C’est comme ça. Il faut vivre avec.
Olivier Maroy ne sera pas dépaysé dans sa réorientation de carrière. Le débat politique, ça le connaît. Il en a animé une flopée sur le plateau de Mise au Point, chaque dimanche, sur la chaîne publique de télévision. Au diable le rôle de médiateur qui s’affichait au-dessus de la mêlée, le voilà qui choisit clairement son camp. Et qui tomberait le masque.
Scandale, trahison ? On n’est jamais aussi bien soutenu que par les siens. Johanne Montay, rédactrice en chef de la cellule info politique de la RTBF, a pris acte de ce « pas transgressif » en se pinçant un peu le nez. Ce qu’Olivier Maroy vient de commettre « jette la suspicion légitime sur son indépendance du travail jusqu’ici. » Cela doit suffire à rendre impossible tout retour en arrière. Bon vent, Olivier : pars, mais surtout ne reviens pas. …
C’est faire peu de cas du sens de la famille cultivé par la RTBF jusque dans son règlement. La chaîne publique se doit de reprendre à son service ceux et celles qui lui ont été infidèles pour l’une ou l’autre raison professionnelle ou politique. Elus, mais aussi attachés de presse de ministres, de présidents de partis, de groupes parlementaires ou de clubs sportifs, ou encore transfuge dans une chaîne télé au nord du pays : elle est longue, la liste des brebis égarées revenues au bercail ou susceptibles d’y revenir en cas de revers.
Cela aide à franchir des « pas transgressifs », quand on se sait assurer d’une position confortable de repli. Il suffirait peut-être de commencer par couper ce cordon ombilical pour refroidir certaines ardeurs à tenter l’aventure…
Olivier Maroy ne songe pas encore au plan catastrophe. « C’est une place de combat. Il est temps que je mouille ma chemise », annonce le quatrième candidat effectif en Brabant wallon pour le scrutin régional. Si la chance lui sourit, saura-t-il être aussi convaincant à la tribune du Parlement wallon que dans le siège d’animateur d’un débat politique télévisé ? Saura-t-il faire oublier le candidat malheureux qui aurait pu décrocher sa place, mais dont le profil n’a sans doute pas résisté à la notoriété d’un journaliste qui fait toujours tourner les têtes dans les partis ?
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