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Malaise au PS

Olivier Mouton Journaliste

La communication maladroite de Rudy Demotte sur les migrants a enfoncé le PS dans son malaise. « Je suis peiné de la manière dont on a interprété mes propos », se défend au Vif/L’Express le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Au sommet socialiste, on mise donc sur le temps pour se relever. En prenant pour exemple le président français en 1986.

Le malaise ne cesse d’enfler au PS. Cet été encore, les socialistes se sont arraché les cheveux après une communication erratique et non concertée de l’un de leurs ténors. En cause, la sortie impromptue de Rudy Demotte, ministre-président francophone et bourgmestre de Tournai en titre, qui a exprimé sa colère suite à la décision du gouvernement fédéral d’installer plusieurs centaines de réfugiés dans sa ville. Dans le creux de l’actualité estivale, la presse en a fait ses choux gras. Traduction rapide : le PS rejette les réfugiés. Ou comment le syndrome nimby (Not in my backyard, pas dans mon arrière-cour) prend le pas sur les beaux idéaux, dixit le président du MR, Olivier Chastel… Un fameux couac pour un parti qui cherche à se recréer une image constructive, porteur d’un projet alternatif.

Revenu de vacances le lundi 17 août, Rudy Demotte a eu le temps de repenser longuement à ce qui s’est passé. « Je suis peiné par la manière dont on a interprété mes propos, déclare-t-il au Vif/L’Express. Mon orientation, tant idéologique que personnelle, n’a jamais été vers le rejet d’autrui. » Il se dit conscient d’avoir été « piégé » par la suédoise, qui a joué la carte humanitaire dans la crise de l’asile avec la volonté, délibérée à ses yeux, de pousser le PS à la faute. Sa bévue fut pourtant coupable : il a diffusé son communiqué de l’étranger, sans en avertir personne, pas même son service de communication. « Or, les socialistes savent qu’on ne leur passe rien depuis un an, analyse le politologue de l’ULB Pascal Delwit. Demotte aurait dû en tenir compte ! »

Le mal est fait. Le PS se serait bien passé de cet énième épisode dans la reconfiguration délicate de son discours d’opposition au fédéral. D’autant qu’à la fin juillet, juste avant de partir en vacances, Elio Di Rupo avait pris soin de revoir l’équipe autour de lui : Karim Ibourki, chef de cabinet sortant de… Demotte, est devenu directeur de la stratégie et de la communication du parti, tandis que Gilles Doutrelepont reprenait l’institut Emile Vandervelde. Une réforme de la garde rapprochée présidentielle précisément destinée à relancer le parti et à assurer la cohérence de son message.

Dès lors, au boulevard de l’Empereur, on parie sur des jours meilleurs. « Le temps est une donnée importante en politique, insiste-t-on. Le meilleur analyste en la matière, c’était François Mitterrand. En 1986, après avoir perdu les législatives, il a été contraint de cohabiter avec un gouvernement dirigé par Jacques Chirac. Mais il savait à ce moment que la façon dont la droite allait gérer le pays lui serait profitable. Deux ans après, il était réélu triomphalement. En 1986, il fallait y croire… ». Une comparaison qui laisse sceptique Pascal Delwit…

Olivier Mouton

Lire l’intégralité de l’analyse sur le Parti socialiste francophone dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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