Kurt De Loor
« Madame Homans, qu’est-ce que vous avez fabriqué ces deux dernières années ? »
Madame Homans, qu’est-ce que vous avez fabriqué ces deux dernières années ? En juillet 2014, le journal De Gazet van Antwerpen titrait, « Liesbeth Homans devient superministre du nouveau gouvernement flamand ». Vice-ministre, Intérieur, Intégration, Logement, Égalité des chances et Lutte contre la pauvreté. La liste est presque interminable et vous aimez à le répéter. Vous sembliez la promesse politique de cette équipe de gouvernement. La superwoman de la N-VA, la première dame de la politique flamande.
Il ne reste pas grand-chose de cette image. Semaine après semaine, vous êtes obligée de ravaler les dates limites et les projets dans différents dossiers. Les uns après les autres, vos fleurons politiques tombent de leur piédestal. La confiance sur le terrain des administrations locales en « leur » ministre s’effrite et les partenaires au sein de votre propre majorité se mettent à grogner et à ne plus apprécier votre parcours chaotique. Ils vous reprochent ouvertement un manque de dynamisme et de sens de la réalité. Et « en plus », ils vous soupçonnent de chercher la controverse.
Madame Homans, qu’est-ce que vous avez fabriqué ces deux dernières années?
Les CPAS
Sans mâcher vos mots et avec une petite phrase dans l’accord gouvernemental flamand vous avez précipité les CPAS, leurs membres du personnel et leurs clients dans l’incertitude. La seule chose à propos de laquelle vous avez été mortellement claire, c’est que le CPAS doit disparaître l’ici le 1er janvier 2019. Sans évaluation de ce qui agite le terrain aujourd’hui, sans concertation sérieuse avec les villes et les communes, sans accord avec vos collègues fédéraux et avec une note conceptuelle construite sur un sable mouvant juridique.
Et les CPAS eux-mêmes ? Ils continuent à galérer tous les jours. Ils recueillent les victimes de votre gouvernement d’économies et celui de vos collègues fédéraux. La nouvelle note conceptuelle rédigée en triple vitesse ne passera pas le test juridique. Et je pense que vous en vous rendez compte. Ce n’est qu’une tentative transparente pour faire croire au monde (et aux partenaires de coalition) que vous avez bel et bien produit quelque chose. Bien entendu, vous ne voulez plus que vos partenaires de coalition doutent ouvertement dans la presse de vos capacités de ministre. Vous devriez avoir honte, et pas le moins parce que vous êtes ministre de la lutte contre la pauvreté.
Les provinces
Vous ne faites pas grand cas des provinces non plus et c’est un euphémisme. Les provinces ne peuvent plus prendre d’initiatives sur le plan de la culture, du bien-être, du sport et de la jeunesse, lesdites compétences personnelles. En plus, vous avez asséché les provinces pour saborder tout sens de l’initiative au sein de celles-ci. Les musées provinciaux, les résidences de jeunesse et les centres sportifs devront se réfugier sous les ailes flamandes ou locales. Le maquignonnage entre la Flandre et les communes a pu commencer.
Jusqu’à aujourd’hui, des dizaines d’initiatives provinciales, des associations et leurs employés sont dans l’incertitude, ignorant qui décidera dans six mois qui sera leur nouvel employeur. Votre silence à ce sujet est assourdissant. Le débat devait avoir lieu vendredi à la table du gouvernement flamand, mais manifestement le point n’a pas été repris dans l’agenda. Vous ne pouvez pas qualifier ça de « goed bestuur », tout de même ? N’est-il pas grand temps de mettre votre lutte symbolique aveugle de côté et de proposer de la sécurité aux personnes et à leurs organisations ?
Crise des réfugiés
Nous savons que beaucoup de demandes d’asile seront approuvées les prochains mois. Pour les villes et les communes, cela signifie le début d’une quête vers un logement, un boulot, un nouvel avenir. Et bien entendu, cela demande des gens et des moyens. Fin septembre 2015, le gouvernement flamand a annoncé qu’il libérerait 20 millions pour les communes afin de gérer la crise des réfugiés sur le plan local. Pendant 9 mois, les communes ont dû attendre les sous parce que la N-VA et le CD&V n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la répartition. Des chamailleries sur le dos des plus vulnérables. Du surréalisme cru à la flamande.
Entre-temps, les réfugiés continuaient à affluer. Ils doivent être logés, mais vous n’avez pas avancé d’un millimètre dans ce dossier alors que vous êtes ministre du Logement. Et les communes ? Elles galéraient, animées de la meilleure volonté du monde, alors que le gouvernement flamand continuait à mettre la tête dans le sable.
La fusion des communes
Encore un de vos fleurons défaillants. Bien entendu, vous souhaitez absolument inscrire quelques fusions à votre palmarès. Jusqu’à présent, vous n’avez pas été plus loin qu’un flirt public entre Meeuwen-Guitrode et Opglabbeek.
Récemment, vous avez sorti un projet de fusion. Vous souhaitez favoriser la fusion bénévole de communes en donnant une carotte aux villes et communes.
Le passé a prouvé qu’il faut plus qu’une carotte financière pour motiver. Aussi avez-vous décidé de faire valoir quelques postes d’échevin. Quel signe de faiblesse. Racheter votre politique défaillante à coup de postes, aucun ministre de l’intérieur ne l’a fait avant vous.
Le pacte d’intégration
C’était un des domaines où Bourgeois I souhaitait faire la différence. Un projet ambitieux qui s’attaquerait à la discrimination et au racisme. En réalité, rien n’a été fait, il n’y a encore rien sur papier. Au parlement flamand vous avez accusé le fonctionnaire en charge de la diversité. J’avais honte pour vous. Votre partenaire de coalition, l’Open VLD, est irrité au plus haut point par votre non-politique en matière d’intégration et d’égalité des chances. Mais à quoi s’attendait-il ? Une ministre de l’Intégration qui déclare à tout bout de champ que le racisme est une notion relative, utilisée comme excuse pour les échecs personnels des allochtones. Soyez simplement honnête et admettez que vous n’avez pas du tout envie d’un pacte d’intégration.
Ce sont là toutes des illustrations de votre politique défaillante comme ministre de l’Intérieur, d’Intégration, de Logement, d’Égalité des chances et de Lutte contre la pauvreté. Évidemment, on pourrait parler de votre plan d’action contre la radicalisation qui un an après sa publication n’existe que sur papier ? Ou les factures que vous et votre gouvernement avez fait passer en douce aux villes et aux communes ? Ou le projet « screening de région » que vous avez enterré sans tambour ni trompette ? Ou le décret électoral qui a atteint l’agenda du gouvernement flamand, mais où les véritables décisions se font attendre ?
Semaine après semaine, vous essayez – en gesticulant dans tous les sens – de faire croire au parlement flamand que vous êtes toujours le « superministre » que vous aviez promis aux Flamands. Cette promesse politique se balance en queue du peloton. Annemie aura-t-elle bientôt une compagne dans la voiture-balai de la politique flamande ?
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