Macron à Molenbeek
Courte mais puissante, c’est ainsi que s’est déroulée la visite éclair, à l’invitation du roi, d’Emmanuel et Brigitte Macron dans la commune bruxelloise de Molenbeek. Ils se sont rendus à l’espace de travail partagé Smart/LaVallée et ont rencontré des acteurs de la vie sociale, culturelle et économique de la commune de Molenbeek-Saint-Jean.
Des acteurs locaux, à commencer par les résidents de cette ancienne blanchisserie reconvertie en 2014, ont accueilli les deux couples dans la cour intérieure. Une table ronde a ensuite été organisée avec des entrepreneurs culturels de LaVallée – une créatrice de papiers peints, un architecte et une réalisatrice -, mais aussi avec des représentants du centre d’accompagnement Art2Work et de l’incubateur et centre de formation du secteur digital Molengeek, parmi lesquels une jeune femme en fin de formation de codage et qui a lancé sa propre agence web. Molengeek compte environ 30 à 40% de femmes. Le Roi a ouvert les discussions en expliquant au couple présidentiel qu’il tenait beaucoup à lui présenter ces personnes qui s’investissent jour après jour pour aider les jeunes à réaliser leurs rêves. « Cela me tenait à coeur de vous emmener ici » pour « vous montrer que la créativité donne l’espoir », a expliqué le roi Philippe à Emmanuel Macron.
L’intérêt d’Emmanuel Macron s’est marqué à travers ses questions sur les différents parcours. Il a déclaré qu’il regrettait que des endroits de France aient été isolés, mais a remarqué avec enthousiasme que ces accès à une formation ou à une opportunité permettent de se construire. « Ce n’est pas parce qu’on est né dans tel ou tel endroit du pays qu’on n’a pas le droit d’avoir un projet pour soi et si on n’a pas un projet pour soi, on n’est pas bon pour le reste. Recréer ces réseaux est formidable », a-t-il lancé.
Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort a lui relevé, en référence au communautarisme marqué à Bruxelles, que « après ça (la création de réseaux au sein des quartiers, ndlr), plus que vivre ensemble, il faut construire ensemble et pour cela il faut que les quartiers se parlent, ce qui constitue l’enjeu pour les années qui viennent ». La bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean, Françoise Schepmans, a de son côté souligné le soutien des pouvoirs publics à ces initiatives.
En écho aux attentats, le président français a estimé que « la pire des choses serait d’assimiler ce qui s’est passé aux quartiers dans leur ensemble et dire que Molenbeek, c’est forcément des mauvais événements, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas juste. Parce que ceux qui y vivent n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé ». Emmanuel Macron, Brigitte Macron, le Roi et la Reine se sont ensuite attablés avec des acteurs du tissu associatif local dans une salle où étaient exposés des portraits des habitants de la commune réalisés par la Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale de Molenbeek.
Le président français a remercié les intervenants pour leur accueil avant de continuer ses visites avec le Roi. La reine Mathilde et Brigitte Macron ont reçu des bouquets de fleurs à leur sortie.
Cette visite offre l’opportunité d’améliorer l’image de Molenbeek, cette commune de près de 100.000 habitants qui, bien qu’étant située à seulement un km du centre de Bruxelles, est l’une des plus pauvres du pays. Elle est désormais connue à l’étranger comme la ville de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015 (130 morts). « Ce n’est pas juste » de regarder uniquement Molenbeek au prisme « des mauvais évènements », a encore commenté Emmanuel Macron. En qualifiant de « formidable » le travail des associations qui « permettent aux habitants d’avoir des opportunités » de s’épanouir dans leur quartier.
Le site de « LaVallée » a été ouvert en 2014 par « une petite association créée en 1998 pour aider les artistes à développer leurs activités », a expliqué Sandrino Graceffa, son administrateur. Vingt ans plus tard, elle se présente comme « la plus importante entreprise partagée de travailleurs autonomes en Europe », à qui elle offre « un cadre sécurisé et solidaire » pour exercer leur métier. L’association est désormais présente dans plus de 40 villes de neuf pays européens.
En fin de matinée, le président français est attendu à l’université de Louvain-la-Neuve, en Wallonie, où il répondra avec le Premier ministre Charles Michel aux questions de 800 étudiants, notamment sur l’Europe. Il terminera sa visite d’Etat par une rencontre avec un échantillon représentatif des quelque 250.000 Français installés en Belgique.