Steven Vandeput et Ludivine Dedonder
Steven Vandeput et Ludivine Dedonder © Belga

Ludivine Dedonder est-elle une meilleure ministre de la Défense que Steven Vandeput?

Ewald Pironet Ewald Pironet est rédacteur du Knack.

Avec la guerre en Ukraine, l’intérêt pour les dépenses militaires augmente à nouveau. Comment s’en tire la ministre PS de la Défense Ludivine Dedonder par rapport à son prédécesseur, le député N-VA Steven Vandeput ?

Pendant plus de 25 ans, on a rogné sur le budget de la défense. C’était un poste sur lequel il était facile d’économiser et les gouvernements étaient en phase avec l’esprit du temps : après la chute du mur de Berlin en 1989, l’armée ne semblait plus si nécessaire. Lorsque Steven Vandeput (N-VA) est devenu ministre de la Défense fin 2014, il y a eu un revirement de situation. Sous son mandat, un programme d’investissement a été lancé, la décision a été prise de remplacer les F-16 par les F-35 et des investissements ont été réalisés dans de nouvelles frégates.

« Vandeput a été le premier ministre de la Défense depuis des décennies à réinvestir », déclare l’expert en finances publiques Herman Matthijs (VUB et Université de Gand). « La véritable rupture de tendance est intervenue en 2018, dernière année de Vandeput. Puis, avec la loi de programmation militaire, une trajectoire des investissements militaires jusqu’en 2030 a été établie », explique le spécialiste de la défense Alexander Mattelaer (VUB et Egmont). Son collègue Sven Biscop (UGent et Egmont) acquiesce : « Ludivine Dedonder (PS) continue sur cette voie, elle n’a pas le choix. Je vois surtout une continuité dans la politique. « 

La nomination de Vandeput au sein du gouvernement Michel a été une surprise : pour la première fois, un nationaliste flamand déclaré est devenu ministre du département responsable de la défense de notre pays, qui est la Belgique, et non la Flandre. Lorsque Dedonder lui a emboîté le pas il y a deux ans, c’était également une surprise : le PS avait déjà fourni des ministres de la défense avec Guy Coëme et André Flahaut, mais pour la première fois il y avait une femme à la barre.

4000 militaires

Aujourd’hui, Dedonder doit avant tout mettre en œuvre la politique d’achat élaborée sous Vandeput. Matthijs : « Avec l’achat du F-35, Vandeput a résolu un dossier qui traînait depuis des années. Dedonder doit encore faire ses preuves. Bientôt, par exemple, il faudra prendre une décision concernant de nouveaux hélicoptères de transport. Que va-t-elle faire ? Vandeput s’est souvent aligné sur les Pays-Bas avec ses achats militaires, Dedonder suivra-t-elle également cette voie ? Ou va-t-elle rejoindre la France ? Pour moi, c’est clair : si nous coopérons avec les Pays-Bas et dépensons proportionnellement la même somme d’argent, nous avons notre mot à dire. S’il y a une coopération avec la France, nous ne sommes guère plus qu’un appendice. »

Vandeput a investi dans l’équipement militaire, Dedonder a accordé plus d’attention au personnel militaire. Biscop : « En 1993, nous avions 45 000 soldats professionnels, aujourd’hui nous en avons encore environ 25 000. Le gouvernement De Croo veut porter ce chiffre à 29 000. Cette décision avait déjà été prise avant la guerre en Ukraine, mais désormais, elle sera plus facile à mettre en œuvre. La question est la suivante : où et comment Dedonder trouvera-t-elle les 4 000 soldats supplémentaires, plus tous les remplaçants ? »

Matthijs : « La défense est confrontée à un important exode de personnel militaire. C’est un véritable défi pour Dedonder d’arrêter cela. En outre, de nombreux soldats prennent leur retraite. Dedonder doit absorber tout cela », explique Mattelaer. « C’est pourquoi elle met l’accent sur le recrutement et l’augmentation des salaires. C’est sa plus grande réussite à ce jour ». Biscop : « Tous ceux qui portent un uniforme reçoivent désormais plus de salaire net, mais au fond, ce n’est qu’une mesure de rattrapage. Il était temps. » Le professeur Matthijs se demande si la ministre va rouvrir la caserne de Tournai’. Non seulement le Hainaut n’a plus de site militaire aujourd’hui, mais en plus son compagnon, collègue de parti et ancien député Paul-Olivier Delannois, est bourgmestre de Tournai ».

Mettre de l’ordre

Les spécialistes de la défense constatent que le gouvernement De Croo a une approche différente de celle du gouvernement Michel à l’égard de l’OTAN : « Vandeput était plus engagé dans l’OTAN que Dedonder », dit Mattelaer. « Dans l’accord de coalition actuel, il est peu question de l’OTAN ; le gouvernement De Croo parle surtout de la coopération européenne dans le domaine militaire. Avec la guerre en Ukraine, l’OTAN a fait son retour. Il y a donc une tension entre l’accord de coalition actuel et ce qui se passe réellement. Et la coopération européenne que notre pays veut stimuler n’est pas prise au sérieux par nos partenaires européens, parce que nous ne respectons pas nos engagements envers l’OTAN. C’est là que le gouvernement De Croo devrait d’abord mettre de l’ordre. »

Il est clair pour tous les experts que depuis Vandeput, la Belgique est à nouveau sur la voie de la croissance au niveau de ses dépenses militaires. Mattelaer : « Cette tendance se poursuit, Dedonder dispose de plus de moyens ». Biscop : « N’importe quel ministre serait heureux de voir son budget augmenter, mais on observe que le PS se sent un peu mal à l’aise à ce sujet. Le partenaire de la coalition, Ecolo, ne veut pas entendre parler d’une augmentation du budget de la défense, et c’est certainement un facteur ». Matthijs : « La défense sera l’un des rares départements où aucune réduction ne devra être effectuée dans les années à venir et où le budget augmentera même. Ça doit être agréable d’y être ministre maintenant. »

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