Louvain-la-Neuve : les seniors côtoient enfin les étudiants
Louvain-la-Neuve est prise d’assaut par des candidats-acquéreurs à la retraite, venus y trouver un accès aisé aux commerces et facilités. Ottignies n’est pas en reste. Les promoteurs l’ont bien compris, qui répondent désormais aux aspirations des plus de 60 ans.
Louvain-la-Neuve est une cité estudiantine, certes, mais la moyenne d’âge de ses habitants ne cesse de se relever ces dernières années, poussée dans le dos par une foule de candidats-acquéreurs autrement plus âgés ayant décidé d’y élire domicile. Le phénomène a pris une telle ampleur que Thibault Van Dieren, directeur du groupe Eckelmans Immobilier, évalue à… trois sur quatre le nombre d’appartements vendus à des seniors. Voisine, Ottignies rencontre le même succès, qui écope d’une réputation de » commune de vieux « , plaisante Alexandre Crochet, de l’agence Brabimo. Et pour cause, parmi sa clientèle, 85 % sont des personnes âgées. » Ce qui ne veut pas dire qu’Ottignies ne plaît pas aux jeunes, défend-il, mais elle est encore plus courue par les plus de 60 ans. »
Quid de Wavre, qui complète le trio ? » Elle attire beaucoup moins les seniors « , assure Thomas Mesmin, de l’agence Cap Sud Wavre. D’ailleurs, c’est bien simple, les Wavriens n’hésitent pas à s’installer à Louvain-la-Neuve ou à Ottignies pour y couler de vieux jours heureux, renchérit le courtier. » Wavre est une plus grosse ville que les deux autres, poursuit-il. Elle est surtout prisée par des jeunes et des familles. » Quoiqu’il y ait bien l’une ou l’autre promotion d’appartements qui soit plus peuplée de cheveux grisonnants, » mais, à la différence des deux autres communes, il ne s’agit pas de résidences conçues spécialement pour ce public. Les promoteurs se louperaient, le cas échéant « , note Thomas Mesmin.
Avant/après l’Esplanade
A Louvain-la-Neuve, la tendance n’est pas encore pleinement à la construction orientée vers des candidats-acquéreurs âgés, mais un projet-pilote pourrait lancer le mouvement. Projet qui est dans les cartons depuis… 2007 déjà et qui commence seulement à sortir de terre aujourd’hui, pour une livraison fin 2017. » Eckelmans Immobilier est présent sur le site néolouvaniste depuis ses débuts, signale Thibault Van Dieren. Parallèlement à nos activités sur le segment du logement étudiant, nous nous sommes rendus compte, voici dix à quinze ans, que de plus en plus de seniors étaient désireux d’acquérir un appartement. Mais aussi qu’ils étaient demandeurs de biens assortis d’une série de services. » Le promoteur précise par ailleurs avoir remarqué un véritable » avant/après » la construction du centre commercial de l’Esplanade (2005) et celle de la rue Charlemagne. » Par le passé, Louvain-la-Neuve était vue comme une ville un peu marginale. La venue du cinéma et des commercesa changé la donne. Et la demande s’y est tout d’un coup pressée, les plus âgés en tête. »
Fort de ce constat, Thibault Van Dieren sollicite un terrain auprès des autorités universitaires afin d’y élever une résidence-services. Après moult tractations, l’UCL accepte, lui offrant de prolonger la dalle vers le lac derrière la Grand-Place, à côté de l’Aula Magna. Et ce, moyennant l’annexion d’un hôtel de standing au projet. Vue d’abord comme un frein, cette condition se transforme rapidement en atout dans le chef d’Eckelmans. » En créant des synergies entre les services offerts par l’hôtel et les besoins des occupants de la résidence, on réalise des économies d’échelle… qui feront baisser d’autant les charges des résidents « , souligne le directeur du groupe.
Le projet, baptisé Resort urbain Agora et courant sur 30 000 mètres carrés, prend alors forme : un hôtel 3-étoiles de 108 chambres, un appart-hôtel 4-étoiles de 103 suites, une résidence-services de 88 appartements et 70 autres, classiques. » Au rang des services que l’opérateur de l’hôtel, Martin’s Hotels, a accepté d’ouvrir aux occupants de la résidence, figurent un pôle restauration, une piscine, des thermes et un fitness « , détaille Thibault Van Dieren. Mais aussi un salon privatif, un cellier, une conciergerie » 24/7 « , un local de consignes électroniques etc. Budget ? A partir de 237 900 euros (hors frais et parking) pour un rendement de 3,75 % nets. » La commercialisation avance à grands pas : 70 % des appartements avec services sont vendus – pour les trois quarts à des investisseurs – contre 50 % pour les autres biens, se félicite le promoteur. Sachant que l’on est à un an et demi de la fin du chantier, c’est rapide. On sent un réel intérêt pour ce type de produit à Louvain-la-Neuve. »
Le Douaire et rien que le Douaire
Pas de nouvelle promotion » spécial seniors » à l’horizon du côté d’Ottignies mais bien quelques projets récents, dont celui des 43 appartements des Terrasses du Douaire, porté par Bouygues Immobilier et livré fin 2015. » Il doit en rester un ou deux à vendre à l’heure actuelle « , estime Alexandre Crochet. Leur prix ? Quelque 250 000 euros pour un 1-chambre, 325 000 pour un 2-chambres. » La vente a bien marché, mais si leur principal atout est la proximité du centre commercial du Douaire, on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de seniors parmi les acquéreurs « , pointe le cogérant de l’agence Brabimo.
Car la cristallisation des envies acquisitrices des Ottintois les plus âgés n’est autre que cette zone plane à 250 mètres à la ronde, où s’enfilent les résidences à appartements et les facilités (commerces, mais aussi cabinets médicaux, bureau de poste, coiffeurs…). » Or, pour rejoindre le Douaire depuis les Terrasses, il faut affronter un dénivelé de 350 mètres qui ne plaît pas aux personnes âgées. » Lesquelles n’ont d’autre choix, dès lors, que de se rabattre sur les biens plus vieillots qui bordent le centre commercial, au rapport qualité-prix moindre mais à la situation excellente. » Sur le plateau du Douaire, il faut compter 235 000 euros pour un 2-chambres de 80 mètres carrés « , renseigne le courtier. Le loyer que l’on peut en espérer est de l’ordre de 700 à 750 euros mensuels, contre 850 à 900 pour les biens les plus modernes.
Et pourtant, rien ne destinait la zone à rencontrer un tel succès. » Quand les premiers immeubles ont commencé à peupler le Douaire, il y a bien vingt ans de cela, les promoteurs n’ont pas imaginé que leurs projets plairaient surtout à des candidats-acquéreurs du troisième âge, reprend Alexandre Crochet. Pour preuve, certaines portes ne sont pas adaptées à des personnes à mobilité réduite et l’accès aux communs est parfois compliqué… »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici