Liège au temps du Covid: l’esprit de corps salutaire
La traditionnelle solidarité liégeoise a permis de résister au plus fort de la pandémie. Chez Noshaq, l’invest liégeois, c’est tout un groupe qui s’est mobilisé. Et derrière lui, un écosystème.
Aujourd’hui calme et souriant, Bryan Stepien se rappelle de la course folle qu’il a livrée avec le Relab (espace de travail collaboratif pour aider les entreprises à concrétiser leurs idées et prototyper leurs projets) tandis qu’en arrière-fond, les badauds profitent des derniers rayons du soleil en terrasse place Saint-Etienne: « Avant même l’entrée en vigueur du confinement, on s’informait sur ce qui se passait dans d’autres pays par l’intermédiaire du groupe Vulca, qui rassemble des Fab Labs à travers le monde. » Une préparation qui s’est rapidement accompagnée des premières demandes du monde hospitalier, en pénurie de matériel de protection. « On a commencé à produire des visières sur la base d’un modèle type, mais on s’est rendu compte qu’elles consommaient beaucoup de matière. On a donc dessiné notre propre modèle, plus ergonomique et plus compact, qu’on a ensuite partagé en open source avec le reste de la communauté. »
C’était véritablement une course. Il fallait travailler vite et bien. Prendre les bonnes décisions, sans perdre de temps.
« Ici, on n’a pas connu le confinement »
Malgré une capacité de production limitée, la flexibilité et la polyvalence des outils numériques dont est équipé le Relab ont fait de lui un acteur privilégié dans les premières heures de lutte contre la Covid-19. « Dès le début, la priorité fut de mettre à disposition nos machines et nos compétences. On a tourné à plein régime, avec des équipes en alternance, grâce au soutien d’autres membres du groupe et au matériel fourni par des entreprises et des institutions de la région », explique Bryan Stepien. Un effort payant puisqu’en quelques semaines, le Relab a produit plus de 20 000 visières, 50 000 attaches pour masque, des caissons de protection pour incubation, des parois de séparation et des pièces de respirateur, en collaboration avec le groupe Safran. « Une gestion de guerre », aux dires de Bryan Stepien, qui se félicite d’avoir pu se rendre utile: « Ici, on n’a pas connu le confinement. Je le referais sans hésiter. Quand on voyait la satisfaction des gens qui venaient chercher le matériel de protection produit, on savait que ce n’était pas en vain ; qu’on travaillait pour quelque chose. »
Loin du tohu-bohu des découpeuses laser, Hugues Danze a lui aussi passé un confinement animé. Responsable de la communication pour Noshaq (Fonds d’investissement qui contribue à la création et au développement des entreprises en province de Liège en assurant le financement à long terme de projets d’entreprises), il a profité de la position stratégique du groupe pour coordonner les énergies, en plus de l’aide financière apportée aux sociétés participées. « C’était véritablement une course. Il fallait travailler vite et bien. Prendre les bonnes décisions, sans perdre de temps. Nous avons joué le rôle d’ensemblier, parce que c’est dans notre ADN. Noshaq a énormément de connexions, que ce soit avec les pouvoirs publics, mais aussi avec les entreprises de la région, dont des secteurs particulièrement impliqués par la crise de la Covid-19 comme les biotechs. »
Un statut d’intermédiaire qui a permis à l’invest liégeois de se positionner comme un catalyseur dans la prise de décisions sanitaires. « Tout ça s’est fait naturellement, précise Hugues Danze. Nous avons pu bénéficier de notre notoriété, de notre expérience et de notre agilité pour faire bouger les lignes. » Un appui stratégique qui s’est notamment traduit par la mise en place d’une task force dont l’objectif était de rapidement produire des masques en vue de répondre à la demande des autorités communales et provinciales. De là à dire que si les Liégeois ont tous reçu un masque gratuitement, c’est grâce à Noshaq, il y a un pas que le communicant ne franchit pas: « Enormément de particuliers, d’associations et de comités de quartiers se sont mobilisés. Nous n’avons été qu’une goutte dans un vaste océan aux couleurs de Liège. »
Rétrospectivement, l’exercice aura même été positif pour la culture d’entreprise, nous confie-t-il: « On savait qu’on était capables de faire ce genre de choses ; qu’on avait l’agilité et l’expertise nécessaires. Tout le monde s’est impliqué et ensemble, nous avons démontré que nous sommes bien plus qu’un organisme prêteur. C’est la force de Noshaq. »
A bras ouverts
Avec 460 entreprises en portefeuille, le management du groupe Noshaq a également dû réagir très vite pour aider les sociétés à surmonter le confinement et à se préparer à un ralentissement de la conjoncture économique. En tant que partenaire business, l’objectif était de fournir un soutien qui soit plus que financier. Par exemple, en aidant les entreprises à se réinventer. « La première directive que nous avons donnée aux Invest Managers, détaille Gaëtan Servais, CEO de Noshaq, a été, outre la gestion des dossiers et des moratoires de crédit, de prendre contact avec les responsables de nos sociétés pour les aider à développer des solutions complémentaires aux mesures fédérales, ce qui a dans certains cas débouché sur de nouveaux investissements. »
En interne, le groupe a aussi monté une cellule de réflexion avec pour objectif de rassembler et diffuser les pratiques originales et pertinentes développées et mises en place au sein du portefeuille. « C’était l’occasion de montrer qu’avoir un partenaire comme Noshaq les rend plus fortes en matière de croissance et de financement, mais aussi plus résilientes et résistantes », affirme Gaëtan Servais. Une stabilité qui n’est pas exclusivement réservée aux sociétés participées: « Avant, on avait pour habitude de dire que Noshaq aidait les sociétés en bonne santé. Aujourd’hui, si une entreprise est en mauvaise santé à cause de la Covid, on aide et on participe. Si une société en difficulté vient nous trouver avec un bon projet, on l’épaulera. »
Pour le reste, on préfère rester prudent, mais optimiste au niveau du management. Et Gaëtan Servais d’espérer que la crise aura même un effet d’électrochoc: « Lorsqu’on a des problèmes de santé, on a tendance ensuite à être prudent, à se comporter en bon père de famille. Après une attaque cardiaque, c’est différent. On n’est plus jamais le même. On se remet en question et on ose. »
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