Etienne Dujardin
L’exode des classes moyennes de Bruxelles : le résultat d’une politique de gauche
Coût de l’immobilier, insécurité, congestion… voici plusieurs des raisons évoquées dans l’excellent dossier du journal Le Soir publié ce week-end qui analyse l’exode des classes moyennes bruxelloises depuis plusieurs années.
Chaque année, ce sont des milliers de personnes issues de la classe moyenne qui quittent Bruxelles, provoquant ainsi une paupérisation de la Région et une menace pour les finances des communes. Les majorités successives à la Région Bruxelloise depuis 15 ans n’ont pas aidé les classes moyennes bruxelloises, au contraire.
Prenons l’exemple de l’immobilier et du nouveau système d’abattement. Ce dernier s’il augmente le montant de l’abattement à l’achat pour certains biens, il ne permet notamment plus de déduire son emprunt hypothécaire, ce qui revient sur 20 ans à une perte de l’ordre de plus de 20.000 euros par rapport à l’ancien système pour un couple. De même, il permet de réduire de 21.875 euros les droits d’enregistrement par exemple d’un couple qui achète un premier bien cash à 499.000 euros, mais ne donne droit ni à un abattement ni à une déduction fiscale de son emprunt au couple qui achète à crédit un bien à 501.000 euros. Une famille perd donc 50.000 euros sur 20 ans par rapport au précédent système. Il n’est dès lors pas étonnant de voir de plus en plus de familles partir en périphérie flamande où les droits d’enregistrement sont de 7 % au lieu de 12,5 % à Bruxelles.
En matière de sécurité et d’intégration, il est évident qu’il y a un problème. Les classes moyennes partent, préférant s’installer en périphérie plutôt que dans certains quartiers, car elles ne veulent pas de rues commerçantes dévastées ni d’un tissu économique communautarisé et elles ne veulent pas voir leurs enfants prendre les transports publics tard la nuit dans certaine partie de la Région. La gauche déteste qu’on parle des sujets de l’immigration, de l’insécurité culturelle, de l’échec actuel de l’intégration dans certains quartiers. Elle sait très bien qu’elle est très fragile sur ces sujets et que l’opinion ne suit plus ses positions laxistes. Pour le Ministre-Président Rudy Vervoort : « Bruxelles, n’a aucun problème de sécurité« . Il doit être l’un des seuls Bruxellois à penser cela. Au lieu d’être dans le déni en matière de sécurité, le ministre-président de la Région bruxelloise pourrait jouer un rôle plus important. Didier Reynders a lancé l’idée d’un quartier général des forces de police afin d’être plus opérationnel et d’améliorer la coopération entre les zones de police. Il faut redonner un élan à Bruxelles et pouvoir se promener partout en toute tranquillité est l’une des premières libertés à garantir. Enfin, le parcours d’intégration qu’a très longtemps refusé la gauche ne sera obligatoire qu’en 2020. On a perdu beaucoup de temps.
En matière de mobilité, les années de Pascal Smet ont été un désastre. Même des membres de l’actuelle majorité le reconnaissent. Ainsi, Bernard Clerfayt, interrogé ce week-end dans l’Echo, sur le bilan du ministre de la mobilité, répond : « Aucun Bruxellois ne vous dira que la mobilité à Bruxelles fonctionne mieux « . Outre le fait des retards que prennent les travaux sur différents axes importants de la capitale, on ne peut passer sous silence le manque d’entretien des tunnels de la région bruxelloise qui crée de graves problèmes de mobilité. Sans compter le manque de volonté politique depuis des années pour enfin faire émerger des nouvelles lignes de métro dans Bruxelles, ce qui outre le fait d’offrir une alternative en terme de mobilité, permettrait aussi de réduire la fracture du Canal entre le Nord et le Sud se résorbe.
Enfin, le dossier du journal Le Soir ne l’évoque pas, mais certaines familles quittent aussi Bruxelles en raison du décret inscription. Cette réforme bafoue la liberté des parents de choisir l’école de leur choix. Si avant son adoption, des parents pouvaient inscrire leurs enfants dans une école située loin de leur domicile, mais correspondant à leur projet éducatif, c’est aujourd’hui devenu impossible. Ce décret accentue les inégalités sociales au lieu de les diminuer. Des parents quittent donc Bruxelles pour la périphérie en faisant de l’école un critère de choix dans l’achat de leur résidence.
Les élections de mai 2019 seront une décision majeure pour la classe moyenne et les bas revenus. Soit on continue à subir cet exode des classes moyennes et des gens qui travaillent, soit on donne un signal clair pour changer le centre de gravité en Région bruxelloise et mettre les classes moyennes et populaires au centre des priorités politiques.
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