L’exercice d’équilibriste de Sophie Wilmès face à la lassitude des Belges (analyse)
La Première ministre a jonglé entre empathie et fermé, entre santé et économie, à l’issue du Conseil national de sécurité. Pas simple. Un moment charnière. Qui était peut être le dernier pour la libérale.
La Première ministre Sophie Wilmès était volubile comme rarement, ce midi lors de la conférence de presse du Conseil national de sécurité. On a perçu qu’elle ressentait un grand besoin de communication de la part des Belges, de plus en plus las face à cette crise du coronavirus qui se prolonge. Les études montrent que le respect des mesures diminue, les experts tiennent des propos de plus en plus divergents sur la situation sanitaire et le politique doit montrer la voie à suivre.
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Le moment était d’autant plus délicat que la parole politique elle-même est contestée, sur fond d’impasse fédérale qui se prolonge.
Il y a une similitude, au fond, entre les crises politique et sanitaire: plus personne ne comprend grand-chose aux mesures qui sont d’application pour freiner le virus, comme plus personne ne comprend grand-chose à l’état des négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral. Or, il faut convaincre plus que jamais en cette période délicate pour le pays.
Sophie Wilmès a effectué un exercice d’équilibriste. En parlant beaucoup, avec des élans d’émotion et de sincérité. En insistant sur la nuance face à ce paysage de plus en plus polarisé – il en va des experts comme des politiques. Physiquement, d’ailleurs, elle avait l’ascendant, cette fois: elle parlait d’un podium relevé, comme si le fédéral avait le dessus sur les Régions et Communautés.
La Première était un funambule marchant sur un fil entre empathie et fermeté. Combien de fois n’a-t-elle pas répété qu’elle comprenait la lassitude des Belges face aux restrictions des libertés, en se disant elle même affectée – « moi qui suis très tactile » dans les contacts humains, a-t-elle lâché. Aux questions des journalistes demandant comme faire mieux respecter les mesures (bulle de cinq, retour des vacances en zone rouge), elle n’avait toutefois que sa persuasion à opposer en retour car « le virus est toujours là ». Sans réellement convaincre.
Le sentiment prévaut que nous sommes à un tournant de la crise, le moment où la confiance peut se briser et le bon sens citoyen s’effilocher pour du bon. Le moment où le virus peut lâcher prise ou reprendre son combat mortel. Et Sophie Wilmès, elle, savait au fond d’elle-même qu’en cas de réussite dans les négociations politiques, elle ne sera peut-être plus là pour présider le prochain Conseil national de sécurité.
La locataire du Seize a dû encore jongler entre la priorité sanitaire décrétée depuis le début et l’urgence économique de plus en plus palpables. Les soldes sont une catatrophes et de nombreux secteurs ne peuvent plus supporter le prolongement des mesures. Son collègue de parti, Denis Ducarme, appellait avant la réunion à un assouplissement des mesures, qui n’est intervenu que très partiellement: shopping à deux, public un rien plus important pour les manifestations…
Là encore, rendez-vous dans un mois, en espérant que des jalons seront enfin posés pour une relance socio-économique… par une nouvelle majorité fédérale.
Dans cet exercice difficile, Sophie Wilmès ne pouvait dès lors miser que sur l’espoir. Et le long terme: aux experts de se pencher en priorité sur nos relations sociales à plus long terme. C’est une priorité. Ô combien parce qu’à ce rythme, ils seront de plus en plus nombreux à ne plus suivre.
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