Eric Thiebaut
Lettre ouverte à Michel Meyer, président de la CGSP wallonne
Qui décide de la stratégie de mon syndicat ? Prévoit-on une évaluation sérieuse de l’efficacité des grèves menées ?
Cher camarade,
C’est en tant que membre de la CGSP depuis plus de 20 ans que je m’adresse à toi.
Comme toi je suis révolté contre les mesures antisociales prises par le gouvernement fédéral.
Je ne suis pas non plus d’accord avec le recul de l’âge de la pension à 67 ans, le saut d’index, la diminution du budget de la SNCB, la remise en question des 38h semaine et de la concertation sociale.
Comme toi je veux une fiscalité plus juste qui touche les revenus du capital, des emplois durables, une sécurité sociale forte.
J’ai aussi participé aux grandes manifestations nationales à Bruxelles qui démontraient l’ampleur de la grogne sociale.
Mais aujourd’hui je suis déçu et inquiet.
En effet, j’ai lu et entendu avec beaucoup d’étonnements que la CGSP souhaitait faire chuter le gouvernement fédéral. Penses-tu vraiment que la CGSP wallonne ait les moyens d’atteindre seule un tel objectif, sans le soutien d’autres syndicats, ni même de son aile flamande ? Est-ce une déclaration sérieuse ?
Pour que des revendications aient une chance d’aboutir, il faut fédérer, convaincre un maximum de citoyens de leur bien-fondé.
J’ai le sentiment que des thèses et des méthodes d’extrême gauche influencent de plus en plus mon syndicat, la CGSP.
Or la semaine dernière, une très grande majorité de la population était en colère contre les mouvements de grève initiés par la CGSP, en oubliant même les raisons de ces actions…
Dans la région de Mons-Borinage, ce sont les mandataires locaux des communes touchées par les arrêts de travail qui ont dû faire face au mécontentement généralisé de leur citoyens face à la paralysie des services publics.
Je pense que tout cela a malheureusement dû faire sourire Charles Michel qui n’a absolument pas été touché par ces actions. Pire, son gouvernement en sort renforcé avec un soutien populaire accru dans ses positions contre le droit de grève et pour l’instauration d’un service minimum. Sans parler du renforcement des thèses séparatistes de la NVA pointant une Wallonie qui fait grève pendant que la Flandre travaille.
Alors en tant que membre de la CGSP, j’aimerais savoir qui décide de la stratégie de mon syndicat ? Prévoit-on une évaluation sérieuse de l’efficacité des grèves menées ?
J’ai le sentiment que des thèses et des méthodes d’extrême gauche influencent de plus en plus mon syndicat. J’en suis peiné, car je ne m’y retrouve pas. Je suis profondément socialiste, mais je ne serai jamais communiste.
Nous avons besoin d’une profonde réforme de notre société. Nous avons besoin d’une autre politique plus généreuse.
Mais nous n’avons certainement pas besoin d’une révolution violente.
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