« Les voitures de société ont plus d’accidents que la moyenne »
« Nous devons stimuler les gens à habiter plus près de leur travail et de jonctions de transports en commun, déclare l’expert en mobilité Kris Peeters qui répond aux questions des lecteurs de Knack.
Ne faudrait-il pas revenir au critère d' »utilité » pour se voir attribuer une voiture de société ? (Hedwig Melville, Louvain)
Kris Peeters: Absolument. C’est pourquoi j’insiste toujours sur la différence entre une voiture de société et une voiture qui fait partie du salaire. La première se justifie certainement, parce que pour certains jobs, il faut une voiture. Mais la deuxième relève d’un usage abusif du système. On paie les gens avec une voiture, mais aussi avec des embouteillages. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises optent d’ailleurs pour des voitures de partage qui restent sur la place : ceux qui ont besoin d’une voiture pendant les heures de travail peuvent parfaitement les utiliser.
Comment les personnes handicapées ou peu mobiles se déplaceront-elles dans des conditions de circulation idéales pour vous ? (Anke Hintjens, Gand)
Je crois fort au principe du ‘design for all’: ce que vous faites pour les personnes invalides est bon pour tous. Tout le monde a intérêt à une accessibilité optimale. En outre, je pense que les solutions proposées doivent toujours être axées sur une autonomie maximale. Il n’est pas normal qu’une personne en chaise roulante doive demander son trajet en train plusieurs jours à l’avance. Et finalement, ce qui vaut pour les personnes à mobilité réduite vaut pour tout le monde : la proximité est idéale. Décidez d’aller habiter près de votre travail, dans un noyau équipé des dispositions nécessaires.
Quel serait l’effet sur la mobilité si toute forme d’indemnité de déplacement était supprimée, même les indemnités vélo ? Quand on sait qu’il y a des cyclistes impliqués dans la plupart des accidents ayant lieu sur le trajet entre le domicile et le lieu de travail, cela ressemble à un subventionnement d’accident. (André Roefs, Herentals)
En théorie, je suis d’accord avec la première partie de la question. Dès que les voitures salaires seront supprimées, les indemnités vélo peuvent également disparaître. Dès qu’on subventionne la « distance », on ne motive pas les gens à se rapprocher de leur boulot. Mais la deuxième partie de la question relève d’une erreur de jugement. Le « safety by numbers » est un principe important de la circulation. Plus il y a de cyclistes, plus la circulation est sûre. Aujourd’hui, les « pionniers » doivent encore trop faire face aux automobilistes qui n’ont pas l’habitude des vélos. Et il faut également tenir compte d’autres bénéfices pour la société : la santé, la diminution d’émissions, les routes en meilleur état… En plus, vous pratiquez le « victim blaming » : il y a très peu de cyclistes tués par un autre cycliste. Entre parenthèses : les voitures de société sont plus souvent impliquées dans des accidents que la moyenne. Et c’est logique, car quand on ne doit pas payer les frais d’usure et les dégâts soi-même, on conduit plus imprudemment.
Une « maison de société » fiscalement avantageuse ne serait-elle pas la solution pour les routes encombrées, les transports en commun non adaptés et la perte de temps? (Edwin Coremans, Herentals)
En théorie, c’est certainement une bonne idée, mais je crains qu’en pratique ce soit difficile à mettre en place : la plupart des couples travaillent tous les deux. Dans quelle « maison de société » doivent-ils habiter ? Nous devons stimuler les gens à se rapprocher du boulot, mais je pense qu’il y a de meilleurs systèmes. Ainsi, nous devons surtout encourager les gens à vivre dans un noyau urbain ou rural où il y a une combinaison de fonctions et où les transports en commun peuvent être rentables. Aujourd’hui, les citadins doivent trinquer pour beaucoup trop de frais, alors que les gens qui vivent dans un endroit isolé en profitent sans contribuer. Un arrêt de construction en dehors des noyaux urbains et ruraux serait déjà un bon début.
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