Les victimes de traite des êtres humains restent sous les radars à cause du confinement
Trop peu de nouvelles victimes de traite des êtres humains ont été signalées pendant le confinement, alerte le rapport du Centre fédéral Migration, Myria, publié mardi. La crise sanitaire limite les possibilités de les détecter.
Les services de l’ONSS chargés d’enquêter sur l’emploi illégal de travailleurs étrangers et de repérer les cas de traite des êtres humains, soit les équipes « Ecosoc », ont dû limiter leurs contrôles sur le terrain à partir de mi-mars, tout comme d’autres services d’inspection. Les contrôles habituels et proactifs dans les secteurs à risque n’ont donc pas eu lieu et les informations n’ont pas pu remonter. Les inspecteurs n’ont en outre reçu quasiment aucun signalement.
Difficile dans ces conditions de se faire une idée de l’étendue, de la nature ou de l’augmentation possible de l’exploitation économique pendant la pandémie, s’inquiète Myria. Le centre déduit néanmoins que le confinement a bien un impact. « Beaucoup (de victimes) se sont retrouvées acculées dans leur situation d’exploitation et n’ont trouvé aucune issue. Leurs conditions de travail de vie précaires sont souvent devenues encore plus dangereuses et malsaines », écrit le rapport. « Le confinement les isolait encore plus, les rendait plus dépendantes de leur employeur et encore moins visibles pour les services d’inspection. » Dans les cas d’exploitation détectés, les mesures de lutte contre le coronavirus étaient en plus bafouées, souligne Myria.
Le centre s’attend de plus à une vague de signalements d’exploitation de travailleurs domestiques, « très isolés et invisibles pendant la période de confinement et donc totalement à la merci de leur employeur ». Travaillant souvent sans cadre juridique, sans titre de séjour, sans contact en Belgique et parfois sans parler la langue, ces personnes sont difficiles à identifier, note Myria, qui appelle à sensibiliser les citoyens pour qu’ils puissent reconnaître les signes d’abus.