Les trois prisonniers européens libérés d’Iran ont atterri en Belgique
Les trois prisonniers européens détenus par l’Iran et libérés vendredi après une médiation de la Belgique ont atterri samedi matin, peu avant 2h45, à l’aéroport militaire de Melsbroek, a constaté sur place l’agence Belga. Ils ont été accueillis par la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, accompagnée de diplomates danois et autrichiens.
Cette triple libération via le sultanat d’Oman a été obtenue (comme celle d’Olivier Vandecasteele le 26 mai) après que la Belgique a accepté de livrer à Téhéran un diplomate iranien condamné pour terrorisme. Deux des prisonniers libérés sont de double nationalité austro-irannienne. Ils étaient « injustement détenus », respectivement depuis janvier 2016 et janvier 2019, selon les explications vendredi du Premier ministre Alexander De Croo.
Le gouvernement autrichien a indiqué qu’il s’agissait de l’homme d’affaires Kamran Ghaderi, arrêté en janvier 2016 et condamné à 10 ans de prison pour espionnage, et de Massoud Mossaheb, âgé de 76 ans, arrêté en janvier 2019 et lui aussi condamné à 10 ans de prison en 2020 pour espionnage. Souffrant, ce septuagénaire est sorti de l’avion à Melsbroek en s’appuyant sur des béquilles. Il a passé près de quatre ans en détention avant d’être relâché en novembre 2022 pour raisons médicales. Il lui était toutefois interdit de quitter l’Iran.
Le troisième ex-otage est danois. Il a été arrêté par l’Iran en novembre 2022 en marge des rassemblements pour les droits des femmes. Copenhague n’a pas diffusé d’informations sur son identité.
Sultanat d’Oman, facilitateur et de pays de transit
La Belgique a organisé leur évacuation via le sultanat d’Oman, d’où, après avoir passé les examens médicaux d’usage, ils ont été emmenés jusqu’à Melsbroek dans un avion médicalisé. A leur arrivée sur le sol belge, ils ont été accueillis par la ministre des Affaires étrangères. « J’ai fait part à mon homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian de notre satisfaction quant à la mise en œuvre de l’accord conclu. La Belgique continuera à œuvrer pour la libération des prisonniers détenus arbitrairement. Le respect des droits et libertés fondamentales est notre priorité », avait-elle tweeté plus tôt dans la soirée de vendredi.
Et quelques heures plus tôt, la cheffe de la diplomatie avait appelé le ministre omanais des Affaires étrangères pour lui exprimer sa gratitude. « Le Sultanat d’Oman a joué un rôle précieux dans la libération de nos citoyens européens », avait-elle commenté, également sur Twitter, annonçant une rencontre bilatérale sur place la semaine prochaine.
Le sultanat, unanimement remercié par Bruxelles, Copenhague et Vienne, avait déjà fait office de facilitateur et de pays de transit le 26 mai lors de l’échange entre l’humanitaire Vandecasteele et Assadollah Assadi, un diplomate iranien condamné en Belgique pour terrorisme rendu à son pays.
Opération Blackstone
« Selon nos informations, c’est la première fois qu’un État membre de l’Union européenne libère d’Iran des ressortissants d’autres États membres« , avaient indiqué vendredi des sources gouvernementales belges, en se réjouissant de la libération.
Cette libération constitue le deuxième volet-surprise de l’opération ‘Blackstone’, « directement lié » à celle du travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele vendredi passé contre le diplomate iranien condamné pour terrorisme Assadollah Assadi. L’opération est désormais terminée, « même si nous continuerons à nous engager dans un contexte international pour libérer d’autres Européens ».
Après les quatre libérations de ces sept derniers jours, 22 ressortissants de l’Union européenne croupissent toujours dans les prisons d’Iran, qui pratique la diplomatie des otages depuis plusieurs dizaines d’années.