Luc Delfosse
Les très mauvaises « excuses » de Louis Michel
» Je m’excuse « . Ce samedi matin, dans » Le Soir « , Louis Michel a le coeur qui saigne. Il » s’excuse » d’avoir déclaré au Vif, le 3 février : » Vous obtiendrez un Parlement coupé de la réalité, peuplé de fonctionnaires et d’enseignants mais déserté par le monde de l’entreprise et les avocats (…) Quel entrepreneur acceptera de sacrifier ses week-ends, ses soirées, ses vacances, pour gagner 4.800 euros net/mois ?« . L’ancien ministre des Affaires étrangères » s’excuse » donc » auprès des enseignants « . Notez qu’il aurait pu penser aussi aux fonctionnaires.
L’Homme fort de Jodoigne aurait surtout pu, aurait surtout… dû tourner sept cents septante-sept fois sa langue en bouche avant de « s’excuser » de la sorte. D’avancer qu’il s’était « mal exprimé ». Parce qu’il… remet le couvert et pas qu’un peu.
Que dit-il aujourd’hui ? « Je m’excuse si j’ai pu blesser (..) Je suis meurtri. J’ai été maladroit ». « Meurtri », monsieur Michel ? « Maladroit » ! C’est décidément le monde à l’envers ! On aurait aimé entendre une envolée du genre: « J’ai lourdement blessé neuf Belges sur dix. Oui, je suis conscient de les avoir meurtris. Non par maladresse mais par aveuglement et par suffisance. J’ai fait preuve d’un réalisme cynique complètement déplacé et injurieux envers eux et les principes de la représentation démocratique déjà lourdement mis à mal par les comportements déviants de nombre de mes collègues. Je vous prie de m’excuser »… Encore heureux qu’il n’ait pas assorti ces « excuses » d’un versement conséquent à la Croix rouge…
u0022Meurtriu0022, monsieur Michel? u0022Maladroitu0022! C’est décidément le monde à l’envers !
Louis Michel qui, quoiqu’il s’en défende, a oublié qu’il fut un jour -chose rare sur la planète des cadors de la politique… – un « petit professeur » de langues et un modeste « municipaliste », rejoint hélas la cohorte des élus de droit quasi divin, aveuglés par leur haute fonction.
Secoués à juste titre par une onde de choc provoquée par leur seul orgueil, leur sentiment d’impunité et leurs petits arrangements entre amis de bonne compagnie, les voilà qui « s’excusent » du bout des lèvres. Puis quelques lampistes tombent. On jure une fois encore, une fois de plus, que cela ne se produira plus. On promet des « réformes » alors qu’on ne fait que changer de chaussures. On crée des « commissions d’enquête » où, comme c’est étrange, on ne retrouve que des Pairs qui sont juges et parties tout à la fois.. Mais jamais, au grand jamais, il ne leur viendrait à l’idée de faire un pas de côté.
Il y a des semaines qu’Elio Di Rupo, Benoît Lutgen et Olivier Chastel auraient dû tirer, fut-ce par principe, les conséquences de leur incurie et de leur cécité. Et que dire d’un Sigfried Bracke, ce grand Inquisiteur des turpitudes… des autres, qui abandonne la campagne à Gand mais reste accroché à son perchoir de la Chambre? Et vous voudriez que les seconds couteaux, les Pire, les Gille, les Drion, les …. s’amendent ? En vérité, nous vivons une époque pathétique et dangereuse où, pour paraphraser Bernanos, « l’homme (politique) est un avant tout un lâche préoccupé de trouver une excuse à sa lâcheté ».
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