Les trains de nuit de retour sur le rail belge après 16 ans d’absence
Un train de nuit en provenance de Vienne sera accueilli en grandes pompes lundi matin à Bruxelles-Midi, une première sur le rail belge depuis fin 2003. Le service résulte d’une initiative de la société de chemins de fer autrichienne ÖBB, acteur central du renouveau de l’offre nocturne en Europe depuis quelques années.
Les Belges avaient fait le deuil en 2003 du train de nuit, qui reliait notamment les gares de Bressoux et Schaerbeek au sud de la France et à l’Italie. C’est le Liégeois Georges Nagelmackers qui, après un voyage aux Etats-Unis, avait imaginé à son retour en Belgique en 1869 de développer ce concept sur le Vieux Contient. C’est ainsi que fût fondée, en 1872, la Compagnie internationale des Wagons-lits et que circulèrent par la suite en Europe les premiers trains auto-couchettes bleus aux compartiments privés. L’Orient express, lui, entrera dans la légende.
En Belgique, le premier train auto-couchettes a été mis en circulation par la SNCB le 30 juin 1956, avec la liaison Ostende – Bruxelles – Munich. Le 14 février 2003, le conseil d’administration de l’entreprise ferroviaire décidait de supprimer les trains de nuit, les trains-auto et les trains internationaux classiques, en raison notamment de l’augmentation des redevances demandées par des réseaux étrangers.
Un peu plus de 16 ans plus tard, les trains de nuit sont désormais de retour en Belgique avec une liaison, deux fois par semaine, entre Bruxelles et Vienne. Après environ 14 heures de trajet et une quinzaine d’arrêts dont Cologne, Francfort ou encore Nuremberg et Liège, le premier train est attendu en gare de Bruxelles-Midi lundi peu avant 11h00.
La Belgique se trouve ainsi reliée au réseau « Nightjet » de l’opérateur autrichien ÖBB, qui s’étend de Hambourg à Rome, desservant aussi Zurich, Munich, Düsseldorf, Venise, Milan ou encore Florence, avec des extensions jusqu’à Zagreb, Budapest et Varsovie.
Outre ce réseau, des trains de nuit sont rassemblés sous la bannière Euronight, qui permet aux aventuriers du rail d’aller de Paris ou Nice jusqu’à Moscou (en 40 heures) et de Berlin à Malmö, avec un train qui embarque sur un ferry pour traverser la mer baltique.
Ce type de voyage déclinait inexorablement depuis le début des années 2000 et l’essor du low-cost aérien, se voyant progressivement abandonné par les compagnies de chemins de fer d’Europe, principalement occidentale. Il semble désormais avoir le vent en poupe, profitant notamment de la préoccupation croissante des touristes pour l’impact environnemental de leur séjour. Il séduit aussi ceux qui ont peur de l’avion ou qui veulent arriver en pleine forme à destination, selon les études menées par ÖBB.
Le Nightjet, né en décembre 2016 sur les cendres du service allemand interrompu à l’issue d’un exercice en perte de 32 millions d’euros, est la locomotive de ce renouveau. Après trois ans, il affiche 1,5 million de passagers annuels sur sa vingtaine de lignes, en hausse de 10% en 2019. Amsterdam s’ajoutera à la liste des destinations à la fin de l’année, ce qui devrait augmenter la fréquence de la liaison entre Bruxelles et Vienne.
Ce succès fait des émules. Des plans d’investissement massifs ont été annoncés en Scandinavie. Au Royaume-Uni, la liaison entre Londres et Glasgow a repris avec six voyages par semaine. En France, une étude sur le développement de l’offre nocturne est attendue au début de l’été.
Dimanche, deux trains doivent quitter Vienne (20h38) et Innsbruck (20h44), qui seront couplés en gare de Nuremberg, en Allemagne. Le convoi poursuivra alors sa route vers la Belgique, où il est prévu à 09h46 à Liège, 10h45 à Bruxelles-Nord et 10h55 à Bruxelles-Midi, gare terminus. En sens inverse, les départs seront effectués de Bruxelles-Midi à 18h04, pour une arrivée à 8h27 à Vienne ou 9h14 à Innsbruck, après séparation durant la nuit et arrêts intermédiaires.
Le Nightjet circulera deux fois par semaine, le lundi et le jeudi depuis la Belgique et le dimanche et le mercredi depuis l’Autriche. Le prix des billets démarrent à 29,90 euros pour une place assise.