Jan Jambon © Belga

Les propos de Jambon éloignent encore un peu plus la piste bourguignonne

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Les propos du ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) sur les allocations familiales versées aux demandeurs d’asile déclenchent non seulement l’ire de l’opposition, mais aussi celle de sa majorité au sein du gouvernement flamand, mettant en péril des relations déjà très tendues.

Selon une information relayée par le quotidien De Tijd, Jan Jambon a déclaré lors de conférences avoir entendu l’histoire d’une famille de demandeurs d’asile qui avait pu s’acheter une maison avec les allocations familiales perçues rétroactivement après l’obtention de son statut de réfugié.

Gwendolyn Rutten, la présidente des libéraux flamands, a qualifié ses propos de « légende urbaine d’extrême droite ». Au CD&V, également membre de la coalition flamande, le député Orry Van de Wauwer a estimé qu’il fallait « arrêter de courir après l’extrême droite ».

Une situation hautement improbable

D’après les calculs du Gezinsbond, qui a pris la peine de vérifier les déclarations de Jan Jambon, une famille avec cinq enfants pourrait percevoir maximum 87.375 euros d’allocations. « Ce scénario tient compte d’une rétroactivité maximale de cinq ans et du fait que tous les enfants devraient être inscrits dans l’enseignement secondaire ou supérieur. Une situation hautement improbable, mais théoriquement possible », commente Yves Coemans.

Selon lui, « avec cette somme il est possible d’acheter un petit appartement à rénover – encore faut-il pouvoir y vivre à sept – ou, dans certaines régions, une petite maison à rafraîchir ». Pour pouvoir prétendre à l’acquisition d’une maison moyenne en Belgique, dont le prix médian oscille autour de 260.000 euros, une famille de réfugiés devrait avoir 14 enfants.

Comme le rappelle le quotidien De Standaard, Jan Jambon n’en est pas à son coup d’essai. Interrogé par De Gazet van Antwerpen, il a affirmé que la N-VA aurait très bien pu lancer les négociations avec le Vlaams Belang en vue d’atteindre un accord gouvernemental flamand, même s’il ignore « combien d’eau ils auraient mis dans leur vin ». Toutes ces sorties additionnées à des coupes déjà très critiquées dans la culture, font que Jan Jambon « ne peut plus se permettre beaucoup d’erreurs », écrit De Standaard.

Une occasion en or

Ses propos risquent également d’avoir des répercussions sur la formation fédérale. Comme l’écrit De Morgen, Gwendolyn Rutten ne cache pas son désir d’un gouvernement fédéral arc-en-ciel sans la N-VA dont elle pourrait prendre la tête. Aussi le faux pas de Jan Jambon représente-t-il pour elle une occasion en or de convaincre les membres de son parti d’entrer dans une coalition arc-en-ciel.

Avec Belga

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