« Les prix dans les supermarchés ont fortement augmenté pendant le confinement et n’ont plus baissé depuis » (analyse)
Nous sommes confrontés à la crise économique la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, notre pouvoir d’achat diminue et, en même temps, les achats deviennent plus chers. Une combinaison périlleuse.
Nous dépensons moins d’argent depuis la crise du coronavirus, révèlent les chiffres de la Banque Nationale. Bien sûr, cela a été le cas pendant la période de confinement du 18 mars au 18 avril, lorsque tous les magasins non essentiels ont dû fermer. Mais même après cela, la consommation n’a pas repris. Le secteur culturel et événementiel ne redémarrait pas encore vraiment et nous allions beaucoup moins souvent dans les bars et les restaurants. Même les coiffeurs, les salons de beauté, les centres de fitness et autres ont continué à avoir des difficultés. Les boutiques de vêtements connaissent toujours des moments difficiles, même les soldes ne se passent pas bien. Ce n’est que dans les magasins d’alimentation que l’on a dépensé plus d’argent.
Si nous avons été économes, ce n’est pas seulement dû à la fermeture de certains établissements ou à la restriction de leur accès. La baisse de la consommation des ménages s’explique également par la peur du coronavirus, qui nous a incités à rester davantage à l’intérieur, et par des règles telles que la distanciation sociale et l’obligation de port du masque. Les gens ont tout simplement peur de faire du shopping. Pour près de la moitié des personnes interrogées par la Banque Nationale, ce sont les principales raisons de dépenser moins. Le shopping pour s’amuser ne reviendra pas de sitôt.
Une personne interrogée sur quatre évoque un autre facteur : l’augmentation des prix. Nous le constatons surtout dans les magasins d’alimentation, où les consommateurs sont bien obligés de se rendre. Les enquêtes menées par Test Achat le confirment par des chiffres. Pour lutter contre la frénésie de stockage pendant la crise du coronavirus, le Conseil national de sécurité a décidé que les supermarchés n’étaient plus autorisés à accorder des promotions et des remises à partir du 19 mars. Le 3 avril, il est apparu que les prix avaient augmenté par rapport au 1er mars (c’est-à-dire avant la crise du coronavirus) : chez Carrefour Hyper plus 5 %, chez Colruyt plus 6,6 %.
À partir de début avril, les supermarchés étaient à nouveau autorisés à proposer des promotions et des réductions. Et ils le font, les prospectus remplissent à nouveau les boîtes aux lettres. Qu’est-ce qu’on constate? Les prix sont encore beaucoup plus élevés qu’au début du mois de mars. Chez Albert Heijn, vous payez 2% de plus pour la même chose à la caisse, chez Carrefour Hyper 3 %, chez Colruyt 5 %. Les marques maison sont également devenues plus chères et si vous regardez les marques dites premium, comme Coca-Cola, les prix chez Colruyt ont même augmenté de 12 %. Conclusion : entre début mars et début avril, les prix dans les supermarchés ont fortement augmenté et ensuite ils n’ont plus baissé.
À première vue, c’est un paradoxe: alors que nous traversons la pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale, les produits dans les supermarchés deviennent plus chers. Pour de nombreux consommateurs, le prix semble pour l’instant d’une importance secondaire: ils veulent faire leurs courses rapidement, faire tous leurs achats dans un seul supermarché le plus vite possible. Les supermarchés en sont conscients et savent qu’ils peuvent maintenir leurs prix élevés. Et tant que personne ne se lancera dans une guerre des prix, ils resteront élevés. Il n’est donc pas surprenant que les supermarchés aient réalisé de gros bénéfices pour le premier semestre 2020.
Toujours selon Test Achat, un ménage moyen dépense 15 % de son budget total dans les supermarchés. Les prix plus élevés dans les supermarchés pour les produits dont tout le monde a besoin surviennent à un moment où un groupe de ménages toujours plus important est en difficulté financière. Cependant, peu après le déclenchement de la crise du coronavirus, le gouvernement a introduit le chômage temporaire, selon lequel un employé du gouvernement reçoit 70 % de son salaire, plafonné à 1900 euros bruts. Cela a sans aucun doute amorti la fuite financière de nombreuses familles. Mais en même temps, tout le monde tient compte du fait qu’une grande série de faillites va suivre cet automne et que le chômage va continuer à augmenter, avec toutes ses conséquences pour le porte-monnaie.
De nombreuses familles ressentent de plus en plus les conséquences financières de la crise du coronavirus. Selon certaines informations, un pourcentage considérablement plus élevé de compatriotes ont plus de difficultés à payer leurs factures de gaz et d’électricité, à rembourser leurs emprunts ou à payer le loyer de leur maison. Le fait que les produits actuels du supermarché soient devenus aussi chers signifie un coup supplémentaire pour de nombreuses familles. La vie est devenue plus chère, la pauvreté augmente.
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