Olivier Mouton
Les parvenus n’ont donc rien compris!
Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles, est politiquement mort après les révélations au sujet du Samusocial. Après Publifin, l’ISPPC à Charleroi ou Ores, voilà une nouvelle illustration d’un système coupé des citoyens…
Abasourdi, mais au fond pas tellement surpris, un élu PS clame son désarroi au téléphone, ce jeudi matin : « Ce qui se passe à Bruxelles est une nouvelle preuve que rien n’a été nettoyé dans le parti. Mais quand nos dirigeants finiront-ils par comprendre ? »
Après les nouvelles révélations concernant le Samusocial, cette asbl aux desseins généreux mais aux pratiques pour le moins opaques, Yvan Mayeur, bourgmestre de la Ville de Bruxelles, est politiquement mort. Son ministre-président Rudi Vervoort lui a subtilement fait comprendre qu’il ferait mieux de se retirer, au même titre que son partenaire flamand Pascal Smet.
Mais en terme d’image, que de dégâts ! Bien sûr, l’homme travaillait sans doute d’arrache-pied pour permettre à cet organisme venant en soutien aux sans-abris de fonctionner. Mais il le reconnaît lui-même : toucher 700 euros par mois en plus du reste pour cela, cela pose à tout le moins débat. Disons-le plus crûment : c’est d’un cynisme sans nom ! Et l’on entend encore comme un bruit de fond ces propos d’un grand restaurateur bruxellois s’indignant de voir les troupes du CPAS de la Ville débarquer chez lui avec une carte de crédit « maison » pour régler l’addition…
Encore une fois, nous en sommes à nous demander s’il s’agit là d’un système consanguin, où les familles se servent, où les amis politiques se placent. Comment l’avocat Marc Uyttendaele, compagnon de Laurette Onkelinx, présidente de la fédération bruxelloise du PS, ne comprend-il pas qu’il devrait s’abstenir de défendre des organismes de la sorte ? En cette ère où la perception de la chose publique est soumise à des bourrasques sans précédent, comment ne pas voir qu’il y a là un conflit d’intérêts évident ?
Le PS est particulièrement frappé par l’avalanche d’affaires du moment. En interne, ils sont nombreux à rappeler dans un soupir les propos tenus par leur président, Elio Di Rupo, en pleines affaires à Charleroi : « Marre des parvenus ». C’était en 2005…
L’affaire Publifin a provoqué un séisme en Wallonie. En usant des gants, les « parvenus » André Gilles et Stéphane Moreau ont été débarqués du PS – l’un en le poussant dans le dos, l’autre de son plein gré en ultime pied de nez. Mais derrière cela, tout un système tentaculaire a été mis en place. Depuis mi-mars, Le Vif/ L’Express remonte le fil d’une autre affaire potentiellement énorme, concernant Ores, et dans le magazine de ce jeudi, nous racontons le combat difficile d’un « petit » conseiller communal, Jean-François Mitsch (PS), pour tenter de faire la lumière au sein de ses instances, au sein desquelles certains freinent des quatre fers. L’affaire de l’ISPPC à Charleroi témoigne encore des petits arrangements entre amis où certains se servent allègrement.
Car telle est la toile de fond de tous ces scandales, à des degrés divers : il y a visiblement une confusion inacceptable des patrimoines publics et privés dans le chef de certains représentants politiques. En un système organisé, qui défie – c’est le moins que l’on puisse écrire – l’intérêt général qu’ils sont censés servir.
Messieurs les parvenus, n’avez-vous rien compris depuis douze ans ? Vos pratiques, que l’on ne peut généraliser mais qui prennent des proportions inquiétantes, écoeurent à juste titre la population. Messieurs les dirigeants de partis, êtes-vous devenus à ce point sourds, aveugles ou impuissants pour mettre un terme à ces dévoiements de notre démocratie ?
Des mesures sont annoncées à tous les niveaux de pouvoir pour empêcher à l’avenir de telles pratiques moralement détestables ? Il est temps d’accélérer le pas pour les mettre en oeuvre et pour aller plus loin dans les réformes de gouvernance. Il y a urgence.
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