Les hôpitaux veulent un durcissement des mesures sanitaires et la vaccination obligatoire
Alors que les hôpitaux devront repasser, d’ici vendredi, en phase 1B et ainsi réserver la moitié des lits de soins intensifs aux patients Covid, les fédérations hospitalières demandent lundi soir, dans un communiqué commun, de durcir les mesures sanitaires et d’envisager la vaccination obligatoire.
« L’afflux de patients Covid n’est pas le seul souci des hôpitaux. Le manque important de personnel crée une situation des plus pénibles », ont dénoncé les coupoles hospitalières belges Gibbis, Santhea, Unessa et Zorgnet-Icuro, qui pointent une surcharge du personnel médical de première ligne, avec pour conséquence un système de soins « de plus en plus fragile ». Les hôpitaux expliquent ce manque de bras notamment par des collaborateurs contaminés ou en quarantaine, des infections ordinaires ainsi qu’un absentéisme à moyen ou long terme lié la fatigue intense accumulée depuis mars 2020.
« Un cercle vicieux s’installe et menace de plus en plus de faire chavirer le système des soins de santé », avec des médecins généralistes qui ne parviennent plus à tenir le rythme et des urgences déjà surchargées qui doivent s’occuper des patients non urgents, insistent les signataires. Les fédérations hospitalières demandent dès lors au Comité de concertation, qui réunit des représentants du gouvernement fédéral et des entités fédérées, de prendre des mesures « radicales et durables » sur une période « suffisamment longue ».
Elles estiment en outre qu’il faut envisager la vaccination obligatoire de l’ensemble de la population et ne plus repousser le débat sociétal en la matière. Enfin, les hôpitaux s’adressent également à la population pour l’encourager à se faire vacciner et à respecter les mesures sanitaires. « Tout le monde peut contribuer à la préservation du système des soins de santé en se faisant vacciner, en respectant les gestes barrières et en limitant le nombre de ses contacts », concluent-ils.
Bientôt en phase 1B
Les hôpitaux du pays doivent passer en phase 1B pour le 19 novembre, ce qui signifie que la moitié des lits en soins intensifs doivent être réservés pour des patients Covid, a indiqué le SPF Santé publique.
Cette décision fait suite à une évaluation du Comité Hospital & Transport Surge Capacity (HTSC), qui surveille au quotidien la situation dans les hôpitaux. Concrètement, cela signifie que 1.000 lits sur les quelque 2.000 disponibles en unités de soins intensifs devront être réservés aux patients atteints du Covid-19, et quatre fois ce nombre de lits dans les autres services. Les interventions non urgentes planifiées seront reportées.
Jusqu’à présent, un tiers des lits en soins intensifs devaient être réservés pour les patients Covid mais le nombre de personnes soignées dans ces services continue d’augmenter. Actuellement, plus de 500 patients souffrant du coronavirus
sont pris en charge aux soins intensifs, a averti dimanche le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke.
Plus de patients qu’au pic de la troisième vague dans les hôpitaux liégeois
Seuls trois lits aux soins intensifs étaient encore disponibles, dimanche, sur l’ensemble des provinces de Liège et de Luxembourg. A Liège, le pic de la 3e vague a été dépassé, dans un contexte où l’on observe une perte de capacité de 5 à 10 %, au niveau belge, par manque de personnel, épuisé ou écarté pour cause de Covid-19, a indiqué lundi le Dr Philippe Olivier, directeur médical du Groupe Santé CHC, qui regroupe divers hôpitaux en province de Liège.
Lundi en fin de matinée, le Groupe Santé CHC dénombrait 91 patients hospitalisés pour Covid-19, dont une majorité à la clinique du MontLégia, à Liège. Sur ces 91 patients, 22 se trouvaient aux soins intensifs. « Le pic de la 3e vague ayant été dépassé, il faut des mesures visant à réduire les contacts, comme obliger le télétravail, ou du moins renforcer les gestes barrières. Car non seulement la situation est déjà préoccupante du fait que le virus impacte l’activité normale de l’hôpital mais il y a aussi une épidémie de grippe qui s’annonce et qui pourrait venir se superposer sur le pic Covid« , a-t-il relevé.
Sur base des derniers chiffres faisant état du profil des patients Covid, sur les 90 hospitalisés vendredi dernier, 37 étaient vaccinés. « Et sur ces 90 patients, 22 étaient aux soins intensifs et ils n’étaient que sept à être vaccinés. Ces chiffres indiquent bien que le vaccin protège contre les formes graves », a insisté le Dr Olivier.
Du côté du CHR de la Citadelle à Liège, où la task force Covid a repris ses réunions hebdomadaires, on évoque également une 4e vague. Ce lundi, on y comptabilisait 65 patients atteints du Covid-19, dont neuf aux soins intensifs. « Sur ces neuf patients, un seul est vacciné », précise-t-on à la Citadelle.
Au CHU de Liège, lundi matin, on dénombrait 60 patients Covid, dont 13 aux soins intensifs. Vu l’évolution de la situation, les autorités pourraient décider de faire passer les hôpitaux en phase 1 B. « Nous devrions alors réserver davantage de lits pour les patients Covid, ce qui poserait de facto un souci pour les patients à opérer et qui doivent repasser par les soins intensifs », relève le Dr Jean-Louis Pepin, directeur médical au CHR de la Citadelle.