Carte blanche
Les femmes, une clé du monde d’après (carte blanche)
Les femmes cdH réclament une relance égalitaire et progressiste. En tenant compte des « efforts de guerre » des héroïnes de la pandémie.
Depuis un an, les femmes sont au front, dans les hôpitaux, dans les maisons de repos, dans les pharmacies, dans les crèches, etc. En Belgique, elles représentent 3 professionnels de la santé sur 4 et 7 enseignantes sur 10. Des métiers, dits désormais « essentiels ». Mais, pour la plupart, mal rétribués et peu reconnus.
Les femmes ont aussi accepté, bénévolement, dans l’urgence, de coudre masques et surblouses, alors que le secteur du textile déclinait la demande du Gouvernement. Le travail non rémunéré est une spécialité féminine.
Mais ces héroïnes de la pandémie vont-elles rater le train de la relance ? Comme, autrefois, les héroïnes de Guerre appelées dans la Résistance, dans les usines pour faire tourner les machines, puis renvoyées dans leur foyer, dès le retour des maris. Les femmes n’ont acquis le droit de vote qu’en… 1948, après s’être investies dans… deux Guerres.
Aujourd’hui, les plans de relance font la part belle aux grands travaux, au numérique, à la mobilité, à l’énergie ; des secteurs où les femmes sont quasi absentes. Résultat : alors qu’en Belgique près de 6 milliards d’euros seront investis dans ces secteurs masculins, les infirmières et autres personnels de soins ont juste reçu, de l’actuel gouvernement fédéral, une « prime Covid », par ailleurs, taxée.
Pourtant, la lutte contre les inégalités est une clé du progrès socioéconomique. « Toutes les études démontrent que la mixité est vitale pour la relance économique », précise la pétition « La relance doit être paritaire » lancée, le 31 janvier dernier, en France, par 120 personnalités et organisateurs de la société civile. Selon McKinsey (2015), « l’égalité réelle augmenterait de 10 % la croissance des pays développés ».
Certes, en Belgique, comme en France ou à la Commission européenne, les gouvernements sont désormais paritaires.
La secrétaire d’Etat Sarah Schlitz promet, en outre, que le plan de relance fera l’objet d’une analyse genrée et espère obtenir 3 millions pour soutenir les femmes sur le marché de l’emploi, l’entreprenariat féminin, etc. Soit ? 0,05 % du montant du plan de relance!
Trop tard, trop peu! Pour les femmes cdH, il faut des mesures fortes et structurelles qui dépassent la com et les bonnes intentions. Lesquelles ?
1. Une interdiction de l’écart salarial qui viendrait s’ajouter à la revalorisation salariale des métiers essentiels et à l’individualisation des droits. Cela nécessitera plus de transparence. Le Pay Equity Act, au Canada, peut servir d’inspiration : il permet les comparaisons, entre le salaire d’une infirmière et celui d’un technicien au même niveau de responsabilités, par exemple.
2.L‘investissement majeur dans l’accueil de l’enfance afin d’équilibrer vie privée et vie professionnelle.
3. Une stratégie volontariste de sensibilisation et de formation des femmes aux métiers d’avenir de la transition numérique, climatique, technologique, etc.
4. La systématisation des quotas. Ils fonctionnent. Leur introduction doit être planifiée dans l’ensemble des administrations, par étapes, jusqu’au top de la hiérarchie. Elle doit être généralisée dans les conseils d’administration des entreprises et leur comité de direction. Objectif : la parité (l’obligation d’un tiers date déjà d’il y a dix ans).
5. L’accès au financement en matière d’entreprenariat. Selon l’étude du Collectif français SISTA-BCG, les femmes ont 30% de moins de probabilité d’être financées par les investisseurs. L’Etat doit montrer l’exemple en appliquant le principe d' »éga-conditionnalité » des financements publics, par ses participations et prêts directs ainsi qu’à travers les fonds qu’il soutient.
6. L’obligation de statistiques genrées et la formation à l’égalité : mesurer, c’est savoir. Comment évaluer l’impact de la crise selon les sexes si on manque de chiffres H/F ? Selon Isabella Lenarduzzi, fondatrice de JUMP (Solutions for equality at work), « en Italie, en 2020, les femmes ont été trois fois plus nombreuses que les hommes à perdre leur emploi ». Dans une société patriarcale et discriminatoire, il est urgent de former professeurs, gouvernants, économistes, mais aussi juges, policiers… à la lecture sexuée des inégalités. Les études dites de genre doivent être généralisées dans l’enseignement supérieur. Objectif : « sortir » d’un monde stéréotypé.
Certes, le chantier est de taille. Mais pour les femmes cdH, l’enjeu est une société paritaire, progressiste et, surtout, plus prospère pour les femmes… et les hommes.
Céline Fremault, vice-Présidente du cdH et cheffe de groupe au Parlement bruxellois.
Vanessa Matz, députée fédérale
Anne-Catherine Goffinet, sénatrice et députée wallonne
Véronique Lefrancq, députée bruxelloise
Joëlle Milquet, ancienne Présidente du cdH et ex-vice-Première ministre
Gladys Kazadi, députée bruxelloise
Michèle Bribosia, sénatrice honoraire
Magdeleine Willame, sénatrice honoraire et ancienne Présidente du Conseil des femmes francophones
Dorothée Klein, Présidente des femmes cdH et cheffe de groupe au Conseil communal de Namur
Opaline Meunier, Présidente des Jeunes cdH et conseillère communale à Mons
Marie Nyssens, Présidente de l’arrondissement de Bruxelles et conseillère communale à Schaerbeek
Ghislaine Van Halewyn, vice-Présidente des Aînés du cdH
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