Les déboires de Marc Goblet, l’épicier
Quatre ans après leur ouverture, les épiceries sociales, relancées en région liégeoise par le secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet, ont pris l’eau. La coopérative qui les chapeautait a été dissoute. Son déficit cumulé atteignait le demi-million d’euros.
Cinq cent seize mille euros : c’est le déficit cumulé enregistré en cinq ans par la coopérative Les magasins du peuple, qui avait tenté de relancer un concept d’épiceries sociales dans la région liégeoise. La coopérative, désormais dissoute, avait vu le jour en mai 2009 à l’initiative de Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB. Le projet consistait à implanter, dans les anciennes Maisons du peuple de la Cité ardente, des épiceries sociales qui permettent entre autres aux personnes âgées ou isolées de trouver dans leur quartier des produits alimentaires produits à l’échelle locale et à moindre prix.
Pour construire la structure de cette coopérative, les différents piliers du monde socialiste liégeois s’étaient unis : la Fédération socialiste liégeoise, les mutualités et la FGTB, par le biais de leurs asbl respectives. Au conseil d’administration, à l’origine, on retrouvait d’ailleurs, outre Marc Goblet lui-même, Jean-François Ramquet, actuel secrétaire régional de la FGTB de Liège-Huy-Waremme, Pascale Lejeune, qui dirige la fondation privée Solidaris, émanation des Mutualités socialistes, et Marc Bolland, bourgmestre PS de Blegny. Jean-Claude Goblet, le frère de Marc, complétait le quintet. Chacun des cinq partenaires investit 10 000 euros dans l’aventure pour acquérir cent parts, en son nom propre ou au nom de son organisation : l’asbl Liaisons, qui représente le PS de Blegny, l’asbl Les Travailleurs réunis, structure syndicale propriétaire d’une douzaine de Maisons du peuple en terres liégeoises, et La Maison des syndicats, qui accueille en son sein la FGTB.
En avril 2010, les deux premières implantations, baptisées C Populaire, ouvrent leurs portes, l’une à Cheratte (Visé) et l’autre à Blegny. Dans un registre un rien différent, une brasserie a commencé à servir des plats du jour à 8 euros, boissons comprises, à Verviers, en février de la même année. Une autre épicerie sociale voit le jour un peu plus tard à Lixhe.
Mais deux ans plus tard, le bilan financier de l’opération est bien sombre. Le rapport annuel 2012 laisse apparaître un déficit cumulé de 516 149 euros. « La société n’est plus adaptée à ce type de formule de distribution et de consommation, déplore Marc Goblet. On a tout essayé, même la préparation de colis à emporter et les commandes par téléphone. Notre chiffre d’affaires n’a jamais été suffisant. Nous avons dû nous résigner à fermer. »
Il y a près d’un an, confronté à l’échec du projet, le conseil d’administration de la coopérative Les magasins du peuple décide alors d’opter pour la dissolution de l’entreprise sans nommer de liquidateur. « L’état comptable arrêté au 26 mars 2014 fait apparaitre l’absence de dettes et de créances en vue de la dissolution de la société en un seul acte », écrit le réviseur d’entreprises Vieira, Marchandisse et Associés. A la date du 26 mars 2014, la société Les magasins du peuple cesse définitivement d’exister.
Le dossier, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.
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