Les comptes d’Erasme en boni depuis quatre ans
L’hôpital académique de l’ULB clôture des comptes 2014 à nouveau dans le vert. Pas de quoi fanfaronner, insiste son directeur gestionnaire, au vu de l’endettement. Mais, signe d’amélioration, les banques ne se tiennent plus au chevet d’Erasme. Sa convalescence financière autorise même ses administrateurs à mener des projets d’expansion.
Patrick Goblet a décidé de rompre le silence médiatique entourant la santé financière de l’hôpital universitaire. Le directeur gestionnaire d’Erasme évoque ce vendredi l’état des comptes dans le Journal du médecin. Il entend par-là faire taire les rumeurs. Comme celle du déficit insurmontable. Pour mémoire, en 2006, l’institution de soins accusait 21,6 millions d’euros de perte. C’est pourtant de l’histoire ancienne car en cinq ans, les gestionnaires ont comblé ce trou béant, à grand renfort de plans de redressement et autres serrages de vis sur les frais de personnel… Depuis 2011 donc, Erasme enregistre un bénéfice. « Nous clôturons les comptes actuellement mais je peux déjà vous dire que nous serons aussi en boni en 2014 », indique Patrick Goblet.
L’hôpital ne s’en est pas totalement sorti pour autant. Avec un tel déficit historique, le taux d’endettement a grimpé. Et les banques ont entre-temps traversé la crise. Ce qui rimait avec restriction des prêts. Mais il convient de souligner un mouvement à cet égard : Erasme a quitté les soins intensifs. Littéralement. Depuis la mi-2014, l’hôpital ne tombe plus sous la catégorie ‘intensive care’ des départements de crédits bancaires. Autrement dit, il n’est plus considéré comme aussi risqué, il a démontré sa capacité de remboursement.
L’ULB à la rescousse ?
Malgré ce rétablissement progressif, il revient encore aux oreilles des gestionnaires d’Erasme des ragots annonciateurs de faillite. À l’instar de ces cancans à propos d’une garantie publique, preuve s’il en est que l’hôpital se porte mal. La justification que donne de son côté Patrick Goblet se veut nettement moins catastrophiste: le projet New Erasme. Un nouveau bâtiment d’hospitalisation devrait sortir de terre à l’horizon 2019, tandis que les chambres de l’ancien hôpital accueilleront au terme du chantier les étudiants de pharmacie de l’Université Libre de Bruxelles. Il se fait que, depuis la crise bancaire, pour obtenir le financement d’une construction hospitalière, la garantie publique est devenue indispensable.
Non contents de brandir cette histoire de garantie publique, certains calomniateurs d’Erasme prêtent alors à l’ULB un rôle de bouche-trou. Les instances académiques auraient déboursé 8 millions d’euros pour maintenir l’hôpital dans les bonnes grâces des banquiers. L’endettement d’Erasme, on le disait, reste préoccupant. Mais Patrick Goblet assure que l’hôpital « n’a pas coûté un euro à l’ULB ». Il précise que l’université se trouvait par un heureux hasard avec un excédent de trésorerie au moment même où Erasme cherche pour 2015 un financement alternatif pour réduire sa dette et rembourser ses charges d’intérêts. L’ULB a ainsi mis à disposition ces millions d’euros pour son hôpital, sans devoir s’en priver.
Plan de redéploiement
Force est de constater qu’Erasme se reprend financièrement dans un contexte difficile, économiquement mais aussi politiquement parlant. Aussi modestes peuvent être les bénéfices, il les a engrangé malgré des mesures budgétaires. Sous le gouvernement Di Rupo, l’impact cumulatif se chiffrait encore l’année passée à 10 millions d’euros. Et l’équipe fédérale de Charles Michel a induit des charges supplémentaires dès 2015.
Cela étant, les gestionnaires de l’hôpital de l’ULB peuvent se pencher sur le financement du projet New Erasme, déjà prévu au calendrier de construction. « Les plans sont terminés, je ne parle pas de la programmation intérieure, mais du bâtiment, des volumes. On va déposer le permis, et là on est parti… L’important c’était d’initier. Nous avons déjà des investisseurs, des financiers intéressés », indique Patrick Goblet.
D’ailleurs, Erasme devrait dévoiler de nouveaux partenariats d’ici la fin de l’année, avec le groupe privé Chirec notamment. Les discussions autour de services de support (labos, stérili, logistique) sont en tout cas bien avancées. Car le salut financier pour les hôpitaux belges se trouvera dans le partage de compétences.
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