Jan De Meulemeester
« Les chômeurs de longue durée ne sont pas la manne d’or »
Pour le journaliste politique Jan De Meulemeester, il ne sert à rien d’essayer de trouver l’argent en s’attaquant aux chômeurs de longue durée. « Il faudra trouver l’argent ailleurs, ce qui alimente la crainte libérale que le tax shift se transforme en tax lift ».
La question des chômeurs qui s’occupent d’un proche a eu l’avantage de prouver au grand public que « le chômeur » n’existe pas. Les chiffres de l’activité professionnelle cachent des gens, des histoires individuelles et certains sont dans l’impossibilité de faire partie du circuit du travail normal. On réalise de plus en plus qu’un durcissement envers les chômeurs ne représente pas la solution miracle.
Grâce à toute cette discussion, notre attention a été attirée par le fait que le phénomène « chômage » peut trouver son origine dans des problèmes individuels, douloureux et profondément humains. Et pourtant, dans certains milieux il existe toujours un préjugé perfide sur « le chômeur qui ne veut pas travailler, qui organise son profitariat depuis son hamac, qui n’a aucun sens civique et qui vit à nos crochets ». Pour ces personnes, être au chômage est une intention réfléchie, c’est un choix.
Une partie de la classe moyenne possède inévitablement une image peu précise de ce que le chômage signifie concrètement, parce qu’elle-même n’y a jamais été confrontée.
Et cette constatation s’applique à plus forte raison au législateur moyen de ce pays, vu son profil sociologique. Qui parmi eux compte des demandeurs d’emploi parmi ses proches ? En outre, les décisions importantes et le débat public appartiennent à ceux qui possèdent une forme de pouvoir dans la société, pas à ma voisine peu qualifiée qui cherche un travail intensément, mais vainement, par exemple. On parle surtout des chômeurs, mais sans les entendre.
Le grand salut budgétaire ne viendra pas du chômage.
Que ceux qui figurent dans les chiffres anonymes comme « chômeurs » s’avèrent être de véritables personnes qui s’occupent d’un enfant gravement malade ou d’une grand-mère grabataire fait vivre et nuance les statistiques parfois insignifiantes sur la population active. Au contraire, ceux-ci créent non seulement un surplus social, mais également des bénéfices budgétaires : ils mettent la main à la pâte, là où notre modèle de l’État-providence devient impayable.
Tax lift
Beaucoup dépend encore des chiffres, des perspectives économiques et signaux européens, mais si le mois prochain le gouvernement Michel doit fournir des efforts supplémentaires, le grand salut budgétaire ne viendra pas du chômage. Il faudra trouver de l’argent ailleurs, ce qui alimente de plus en plus la crainte libérale que le tax shift se transformera en tax lift.
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