Les chiffres qui montrent que Bruxelles est une capitale à deux visages économiques
Revenu, emploi, logement, les quartiers bruxellois connaissent des réalités diverses entre le centre et la périphérie. Une seule constante : le croissant pauvre reste toujours la zone la plus en difficulté de la capitale.
Revenus – Quartiers riches et quartiers pauvres
Bruxelles est riche, avec un PIB/habitant (63 790 euros) le plus élevé du pays, mais ses habitants ne semblent pas vraiment profiter du succès économique. Plus d’un Bruxellois sur quatre doit s’en sortir avec un revenu sous le seuil de pauvreté. Tous les quartiers de la Région ne sont pas logés à la même enseigne et les différences au sein d’une même commune peuvent être nombreuses.
La preuve par le revenu médian, à mi-chemin entre le revenu le plus élevé et le plus faible, qui donne une bonne idée du niveau de vie des habitants. Les chiffres de l’Ibsa, l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse, montrent que c’est dans le quartier Vivier d’Oie, à Uccle, qu’il est le plus élevé, avec 29 389 euros. Au niveau communal, ce revenu médian est de 22 215 euros avec des différences parfois importantes entre les quartiers, comme dans celui de Verrewinkel (19 045 euros) et de Molière-Longchamp (20 328 euros).
En région bruxelloise, six habitants sur dix sont locataires.
Pour Boris Dilliès, bourgmestre d’Uccle (MR), tout l’enjeu pour une commune aussi étendue que la sienne, avec une dizaine de quartiers très différents, est de maintenir un modèle social accessible à tous. » Uccle est une commune de classe moyenne, avec de hauts revenus, mais aussi de plus bas, avec des quartiers aux enjeux différents. On veille à ce qu’il n’y ait pas de dualisation. La solidarité joue pleinement : 20 % de notre budget est consacré à l’action sociale. D’où l’avantage d’avoir des hauts revenus pour offrir à tous les citoyens des infrastructures publiques de qualité « , rappelle-t-il.
Les quartiers aux revenus médians les plus faibles, inférieurs à 17 000 euros, se concentrent principalement dans le croissant pauvre, cette zone rassemblant depuis plusieurs décennies les populations les moins favorisées sur le plan économique de la capitale. Celle-ci comprend l’ouest de la jonction Nord-Midi, les Marolles, l’est d’Anderlecht et de Molenbeek-Saint-Jean, la commune de Saint-Josse, l’ouest de Schaerbeek, les bas de Saint-Gilles et de Forest. C’est à Anderlecht, dans le quartier Cureghem-Rosée que le revenu médian est le plus bas avec 14 031 euros, suivi par celui des Marolles à Bruxelles (14 047 euros) et de la Gare de l’Ouest à Molenbeek (14 232 euros). Au gré des statistiques, ce croissant pauvre se maintient, tout comme ces disparités entre communes riches et pauvres. Les quartiers aux plus hauts revenus médians se situent, quant à eux, dans la seconde couronne, surtout du sud à l’est de celle-ci, d’Uccle à Woluwe-Saint-Lambert. Au niveau communal, c’est à Woluwe-Saint-Pierre que ce revenu est d’ailleurs le plus élevé avec 25 321 euros, là où à Saint-Josse, il s’élève à 14 931 euros, la moyenne régionale étant de 19 072 euros.
Emploi – Pas de pont entre deux mondes
A l’instar des revenus, les demandeurs d’emploi sont plus nombreux dans les quartiers du croissant pauvre avec les taux de chômage les plus élevés de la région, comme à la Gare de l’Ouest à Molenbeek, où il atteint 42,81 %, aux Marolles avec 36,2 % ou celui de Cureghem-Rosée à Anderlecht avec 41,91 %. Au niveau communal, c’est Saint-Josse qui a le taux de chômage le plus élevé de la région avec 22,5 %, suivi par Molenbeek (22,1 %).
De la même façon, la part d’enfants de moins de 18 ans vivant dans un ménage sans revenu se concentre principalement dans ce croissant pauvre : 25,77 % dans les Marolles ou 26,35 % à la Gare de l’Ouest, contre 2,52 % à Putdael, à Woluwe-Saint-Pierre. Autre indicateur, la part des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale. Près de 6 % de la population bruxelloise perçoit un tel revenu, soit 43 000 personnes. C’est à Saint-Josse qu’ils sont proportionnellement les plus nombreux avec 7,16 % (1 351 personnes) contre 0,81 % à Woluwe-Saint-Pierre (306 personnes), taux le plus bas de la Région. La commune de l’est concentre d’ailleurs les taux de chômage les plus faibles, inférieurs à 11 %, dans la plupart de ses quartiers : Putdael (7,35 %), Stockel (8,1 %) ou Sainte-Alix (10,4 %).
C’est dans le sud-est de la Région qu’on dénombre aussi la plus faible part de chômeurs de longue durée – ils représentent plus de la moitié des demandeurs d’emploi bruxellois – comme dans les quartiers Saint-Paul (Woluwe-Saint-Pierre) et Chant d’Oiseau (Auderghem) avec des valeurs inférieures à 56 %, là où ceux du croissant pauvre présentent une moyenne supérieure à 66 %. Pareil pour le taux de chômage des jeunes avec des taux supérieurs à 45 %. Globalement, le croissant pauvre concentre les parts les plus faibles de population active occupée.
Logement – Des loyers très disparates
En Région bruxelloise, six habitants sur dix sont locataires. Or, le coût d’un loyer peut peser lourdement dans le budget des ménages, jusqu’à 70 % pour un bénéficiaire du revenu d’intégration sociale. » Le prix de l’immobilier est déterminant à Bruxelles et explique de nombreuses réalités socio-économiques « , rappelle Jean-Pierre Hermia, démographe à l’Ibsa. En 2017, le loyer mensuel moyen était le plus élevé dans le quartier de l’Observatoire à Uccle avec 1 121 euros, tandis que le plus bas s’élevait à 548 euros à Ixelles dans le quartier de l’Université, là où la moyenne régionale s’élevait à 700 euros.
Sans surprise, les loyers les plus bas sont pratiqués dans le croissant pauvre, dans les quartiers situés le long du canal, dans le sud-ouest de la Région, et dans les quartiers au long de l’avenue de la Couronne. Les loyers plus élevés se trouvent dans les quartiers situés le long de l’avenue Louise, de la rue de la Loi et de l’avenue de Tervueren, ainsi que dans le sud de la région, d’Uccle à Woluwe-Saint-Lambert. Ces différences de prix sont dues à la composition très disparate du parc de logements des différents quartiers bruxellois. » Le parc de logements du centre se compose par exemple davantage d’habitations de plus petite taille et d’appartements, tandis que le sud-est compte plus de maisons et de logements de meilleure qualité, avec des prix plus élevés « , relève le démographe.
Quant à la superficie moyenne par logement (74 m2 pour la Région), les valeurs les plus basses se trouvent à Saint-Josse (63 m2) et à Saint-Gilles (66 m2), là où les valeurs les plus élevées se rattachent aux communes du sud-est de la Région : Woluwe-Saint-Pierre (92 m2), Uccle (87 m2) ou Auderghem (82 m2).
Au niveau des logements sociaux, leur répartition est assez inégale. En 2017, on comptait sept logements sociaux pour 100 ménages, soit un total de 39 742 logements sur le territoire régional. La commune comptant la part la plus élevée de logements sociaux est Watermael-Boitsfort (18 %), et notamment le quartier Trois Tilleuls avec 59 logements sociaux pour 100 ménages. » Une situation historique, reconnaît l’échevin Benoît Thielemans en charge du logement. Ce taux a néanmoins tendance à diminuer parce que la population augmente et parce que de nouveaux logements privés apparaissent. » Certains quartiers du sud et sud-est de la Région en comptent peu ou pas du tout comme de part et d’autre de l’avenue de Tervueren et à Uccle (Vivier d’Oie, Saint-Job, Observatoire, Montjoie-Langeveld, Churchill…). Au niveau communal, Ixelles compte la part la moins élevée de logements sociaux avec seulement 3,27 %.
Sources : Ibsa, Actiris, Observatoire de la santé et du social de Bruxelles-Capitale.
Les deux kilomètres de quai qui séparent le boulevard Léopold II du pont des Hospices respirent l’art et se profilent de plus en plus clairement comme l’épicentre de la culture. Du temple de l’art contemporain Kanal au jeune musée d’arts visuels Mima, en passant par les institutions de danse et performances contemporaines que sont La Raffinerie et le Kaai Theater, à deux pas des théâtres National et royal flamand, ou encore le Vk, haut lieu de la scène musicale alternative et Recyclart, icône de la culture underground. Sophie Soukias, journaliste culturelle à Bruzz : » The place to be : pour l’ambiance maritime des couchers de soleil et surtout ce mélange unique de lieux culturels institutionnalisés et alternatifs implantés dans un quartier dit populaire dont la diversité culturelle fait toute la richesse. »
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