Les Belges sont-ils plus proches des Italiens que des Néerlandais?
Un peu plus d’un an après la fusion du groupe de supermarchés néerlandais Ahold (d’Albert Heijn) avec son concurrent belge Delhaize Group, Ahold Delhaize a mis le CEO de Delhaize Belgique Denis Knoops de côté. « L’écart culturel perd le grand patron belge », titrait le quotidien néerlandais De Volkskrant.
« Il y a de grandes différences entre les Néerlandais et les Belges », écrivait le journal. « Les Belges sont plus proches des Italiens », déclare Arjan Groen. Spécialiste en fusions et en rachats pour Ernst & Young et impliqué dans plusieurs fusions belgo-néerlandaises, il affirme que les différences culturelles sont systématiquement sous-estimées.
Les Belges sont-ils plus proches que les Néerlandais ? Sur quoi se base cette affirmation audacieuse?
« Sur mon expérience et mes observations », explique Arjan Groen à nos confrères de Knack. « J’ai vécu et travaillé plus de trois ans en Italie, régulièrement aussi avec des Belges et des Néerlandais. Et évidemment, il est injuste de généraliser, mais les Néerlandais sont trop honnêtes pour être aimables, et les Belges sont trop aimables pour être honnêtes. C’est également le cas des Italiens, et certainement comparé aux Néerlandais qui sont beaucoup plus directs. » Selon Groen, les Belges et les Italiens sont davantage attachés à la hiérarchie. « Si en Belgique, vous voulez faire bouger les choses, il faut surtout convaincre le patron. C’est également le cas en Italie. Les entreprises italiennes sont souvent gérées par un padrone qui décide de tout, de grands investissements à l’achat de trombones. Les Néerlandais délèguent davantage. »
Ces constatations peuvent paraître anecdotiques, mais elles reviennent dans les études. Bien que deux scientifiques sur quatre consultés par Knack trouvent l’idée de « cultures nationales » dépassées, ils citent tous une étude classique de Geert Hofstede. Âgé de 88 ans, ce psychologue néerlandais, professeur émérite à l’Université de Maastricht, a développé un modèle dans lequel il positionne les pays sur base d’enquêtes.
La Belgique est plus proche de la culture latine de l’Italie, de la France, de l’Espagne et du Portugal, alors que les Pays-Bas font partie de l' »Europe germanique » ressort-il du modèle de Hofstede. « La différence la plus frappante, c’est que les Belges et les Italiens sont plus masculins et compétitifs que les Néerlandais », explique le professeur en communication professionnelle Luuk Van Waes (Université d’Anvers).
Les études rapprochent surtout les Belges des Français, déclare Smaranda Boros (Vlerick), professeur en management interculturel. « Les Belges, les Français et par extension les Italiens accordent énormément d’importance à la loyauté et au travail d’équipe. Ils évitent le conflit et sont extrêmement polis quand il s’agit de questions délicates, alors qu’aux Pays-Bas, la transparence est justement une preuve de respect. »
Marinel Gerritsen, professeur émérite en communication interculturelle à l’Université Radboud de Nimègue est également de cet avis. « Il est trompeur que les Flamands et les Néerlandais partagent la même langue », dit-elle. « Les Belges éprouvent une grande aversion du risque, avec les Grecs et les Japonais c’est le peuple qui évite le plus l’incertitude. »
Et la distinction entre les Flamands et les Wallons? « En réalité, les différences internes souvent considérées comme importantes par les Belges sont minimes », déclare Gerritsen. « Sur le plan des valeurs, vous vous ressemblez beaucoup, et très fort aux Français. Les différences entre les Flamands et les Wallons sont négligeables si on les compare à celles qui existent entre les Néerlandais et les Belges. »
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