L’électricité sera beaucoup plus chère dans les années à venir
Des investissements considérables, soit quelque 62 milliards d’euros, devront être consentis dans le parc de production électrique belge d’ici 2050, prévoit le Bureau du Plan dans ses perspectives énergétiques à long terme. Le coût de production de l’électricité est attendu en nette hausse d’ici 2030, ce qui aura un impact sur le prix de l’électricité.
Des investissements colossaux devront être consentis dans le parc de production électrique pour répondre à la croissance de la demande d’électricité, mais aussi pour remplacer des unités de production devenues obsolètes et permettre le basculement vers un système de production intégrant une grande part d’énergies renouvelables. Ces sources étant par nature intermittentes, une large capacité de production devra en effet être prévue en « back up » des unités d’énergie renouvelable. Le montant des investissements nécessaires sont estimés par le Bureau du plan à 62 milliards d’euros, soit 31 milliards d’euros d’ici 2030 et 31 milliards d’euros entre 2030 et 2050. « D’ici 2050, il faudra prévoir chaque année une capacité de production additionnelle d’environ 1.250 MW, soit l’équivalent de trois nouvelles turbines gaz-vapeur », illustre le Bureau du Plan. Des investissements considérables alors que le climat d’investissements dans le secteur énergétique n’est guère au beau fixe dans notre pays, a souligné le Commissaire au Plan, Philippe Donnay, lors d’une conférence de presse.
D’ici 2030, la production d’électricité devrait dès lors avoir mué en « un système bipolaire à forte intensité capitalistique » où domineront deux formes d’énergie: les énergies renouvelables (46% de la production d’électricité) et le gaz naturel (49%). Ces changements s’accompagneront d’une hausse des coûts à court et moyen termes. Lors des deux prochaines décennies, le coût de la production électrique devrait ainsi passer de 64 à 108 euros par MWh, soit une hausse de 69%. Après 2030, ce coût devrait se tasser et osciller autour des 100 euros par MWh. Cette hausse des coûts aura inévitablement une répercussion sur les prix de l’électricité. Enfin, la demande d’électricité devrait quasiment se stabiliser sur la période 2010-2030 pour connaître ensuite une croissance d’1,1% par an à politiques inchangées.
La dépendance énergétique de la Belgique va augmenter d’ici 2050
La dépendance énergétique de la Belgique va augmenter d’ici 2050, obligeant notre pays à recourir davantage encore aux importations d’énergie, ressort-il des perspectives énergétiques à long terme réalisées par le Bureau fédéral du Plan.
La dépendance énergétique de la Belgique -soit le rapport entre les importations nettes et la consommation intérieure brute d’énergie-, qui se montait à 76,8% en 2010, devrait légèrement baisser à 75,1% en 2020, avant de repartir à la hausse pour atteindre 88,2% en 2030 et 85,7% en 2050. Cette dépendance s’explique par la quasi absence de ressources naturelles en Belgique. « Actuellement, nous devons déjà recourir à des importations d’énergie, cette situation va perdurer et même se dégrader », souligne Dominique Gusbin, coordinatrice de l’équipe Energie-Transport au Bureau du Plan. S’agissant des seules importations nettes d’électricité, celles-ci gagneront en importance après 2020 en raison notamment de la sortie progressive du nucléaire.
Point positif: la Belgique bénéficie toutefois d’un portefeuille et de routes d’approvisionnement particulièrement bien diversifiés pour ses importations d’énergie et plus particulièrement de pétrole et de gaz naturel. Le réseau électrique belge est en outre bien interconnecté aux réseaux voisins, ce qui facilite les importations, alors que l’indépendance énergétique peut s’appréhender au niveau national, mais aussi au niveau européen. L’analyse du Bureau du Plan montre par ailleurs que les mesures d’efficacité énergétique adoptées dans notre pays ont permis de limiter la croissance de la consommation énergétique depuis 2010, mais ces mesures resteraient insuffisantes pour atteindre l’objectif indicatif fixé pour 2020 à la Belgique dans le cadre du paquet Climat-Energie adopté au niveau européen. Les énergies renouvelables connaissent une croissance spectaculaire et représenteraient 13,6% de la consommation finale brute d’énergie en Belgique en 2020, au-delà de l’objectif, contraignant cette fois, de 13% assigné à la Belgique. D’ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre vont continuer à reculer sensiblement avant de se stabiliser, à politiques inchangées, sur la période 2020-2050. « Cette évolution montre la nécessité de poursuivre les politiques et les efforts de réduction des émissions au niveau national/régional si la Belgique veut réussir sa transition énergétique vers une société pauvre en carbone », conclut le Bureau fédéral du Plan.