Renaud Duquesne
L’élection du ou de la Président(e) du MR est-elle une élection de droit divin ?
Le bon sens, ne voudrait-il pas que pour pouvoir être candidat à la Présidence d’un parti, il suffit simplement d’être en ordre de cotisation depuis un laps de temps à définir ?
C’est le cas dans certains partis, moins dans d’autres. Manifestement au MR,il n’en est pas ainsi. Tout le monde peut voter, mais tout le monde ne peut pas être élu. On pourrait même parler d’une élection à géométrie variable tant les paramètres fluctuent au gré des événements.
On attend avant toute chose de voir qui seront les candidats déclarés ou présumés, à la fonction présidentielle. A la suite de quoi, un cénacle d’inspirés décident selon des critères qui leurs appartiennent, qui devra être l’élu. Il sera donc le candidat de l’appareil. Car la vraie élection, elle se déroule dans l’ombre et à l’abri des regards. C’est en effet une affaire bien trop sérieuse, que de laisser cela, en des mains innocentes et impies. « Militants servez le parti, payez votre aumône chaque année, mais de grâce faites-nous confiance, on sait ce que l’on fait« .
Il sera seriné, dans l’ombre ou à la lumière, dans les médias, comme alibi, que cela est fait pour le bien du Parti, de son unité et de sa cohésion. Il ne serait d’ailleurs pas bon de donner le signal de la division et de l’affrontement.
Bizarre, alors que par essence un parti a pour but de convaincre lors d’élections, au détriment d’autres formations politiques, l’électeur sur base d’un programme porté par des hommes et des femmes.
Vous avez dit bizarre.
Et, il sera répété à l’envi qu’en ces temps troublés, il ne faut pas s’égarer dans de vains combats, alors que l’avenir du Pays est en jeu et que le citoyen a besoin du MR.
Pourtant, on a des gouvernements régionaux et au fédéral, cela hiberne durablement.
En tout cas, vous ne trouverez pas l’ombre d’une trace d’un débat de fond dans le cadre de cette déification.
L’important n’est-il pas, pour ce cénacle de l’ombre, de garder le pouvoir, ne fût-ce que par personne interposé.
A n’importe quel prix ! Voire n’importe comment !
Mais, et le hic il est là, il faut ‘‘quand même organiser l’élection au suffrage universel des membres« .
Ce serait vraiment plus facile sans, mais on ne peut pas oser tout. Il faut absolument légitimer par le vote l’élu.
En somme, donner l’impression aux militants qu’ils ont leurs mots à dire .Il faut donc crier haut et fort que le peuple libéral doit se prononcer.
Mais pas trop quand même. Il a besoin d’être instruit sur l’élu, par une communication de type stalinienne, sonnant comme une douce mélodie et surtout que sa main soit guidée vers l’isoloir.
Les soutiens, en échange de l’une ou l’autre promesse, vont se manifester avec ordre, et méthode dans le temps pour vendre le produit.
« On est tous pour l’élu ». Nous serons ces disciples. Et nous lui obéirons. Il est le meilleur. Il a toutes les qualités du monde et il nous sera surtout redevable.
Il est même parfois des candidats fictifs, virtuels, supputés, qui ne sont là, ayant formellement dit être candidat ou éventuellement l’être, pour dire à un moment bien choisi, qu’ils se rallient à l’élu ou pour décourager d’autres de se présenter .
Et parfois, l’élu n’est pas toujours celui ou celle que l’on croit , tant tout est une question de jeux de rôles .Il n’apparait pas toujours forcément au début de l’histoire .
Il faut construire son image et abîmer celle des inopportuns candidats. L’idéal étant, évidemment, que ne reste que comme seul candidat, l’élu.
Une élection avec un seul candidat : le rêve absolu.
Mais parfois, cette machine bien huilée peut être enrayée par un ou des grains de sable.
Des candidats indépendants et neutres en termes d’appartenance clanique qui franchisse ‘‘Le Rubicon » en décidant de se présenter à l’élection présidentielle.
Ce ou ces empêcheurs de tourner en rond qui risque de faire en sorte qu’une vraie élection ait lieu avec un débat contradictoire sur le fond et le positionnement du parti.
On pourrait les appeler les candidats « désappareillés ». Mais bien pire, ils pourraient être dangereux.
« Mais pourquoi donc ? Car ils pourraient convaincre, fédérer et gagner le plus grand nombre à leur cause ».
Pour les décourager, l’intérêt supérieur du parti ou que sais-je d’autre, sera invoqué. Et si d’aucuns persistent, ils seront bannis pour crime de lèse-majesté ou pire encore contestés dans leur légitimité, leur action et leur honneur.
Sans « parti pris« , si on analyse la technique utilisée pour empêcher quelqu’un de se présenter à l’élection présidentielle du MR, lors de l’affaire »Christine Defraigne », on en reste pantois.
On va utiliser des statuts vieux de 25 ans, qui ne correspondent aucunement à la réalité de ce qu’est le MR aujourd’hui. On y parle encore du PRL.
On va exhumer un article qui permet de dire que la candidate ne peut -être candidate. Du clef sur porte.
Ne rentrons pas trop dans le détail des arguments invoqués, mais la candidate vilipendée est parlementaire depuis plus de 20 ans et a été entre autres, désignée par son parti et les sénateurs réunis, Présidente du Senat.
Pour faire simple, on en veut bien comme Présidente du Senat, un des plus hauts personnages de l’état, mais pas comme Présidente de Parti.
Mais à l’inverse lesdits statuts permettent à des gens qui ne sont pas des élus de briguer la présidence. On appelle cela « la politique du vase clos« .
Face au déferlement médiatique, La Présidence (on ne sait trop qui) déclame qu’elle peut évidemment être candidate, mais que sa candidature devra quand même être validée par un comité des sages.
L’application stricte du principe de « l’épée de Damoclès ». « Ton sort dépend de nous ». Il va falloir attendre 3 semaines avant que l’on ne statue sur cette question.
Et évidemment pendant ce temps-là, la machine se met en marche pour procéder « à l’élévation de l’élu ».
Tout cela pourrait prêter à sourire » tant les ficelles utilisées sont grosses ». Mais ce qui se passe est symptomatique de la déliquescence de nos institutions démocratiques et de leurs fonctionnements.
Pire encore, dénoncer au grand public, cela n’émeut plus guère, ou alors brièvement. Demain on passera à autre chose.
Les citoyens sont tellement désenchantés. Ils ne croient plus en la politique, et on peut les comprendre quand on voit ce qui se passe pour l’instant au MR.
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