Le véhicule de Conings présentait un risque de violent incendie avec explosions
Le service d’enlèvement et de destructions d’engins explosifs (Sedee), qui est intervenu la semaine dernière sur le véhicule de Jürgen Conings – retrouvé abandonné dans la réserve naturelle de Heuvelsven à Dilsen-Stokkem -, a remis son rapport jeudi, indique le parquet fédéral.
Le Sedee, qui est parvenu à sécuriser le véhicule, avait été appelé en raison d’un dispositif suspect présent à bord du véhicule. Il s’agissait d’un « flare trip », une sorte de fusée éclairante, qui semblait destiné à mettre le feu au véhicule. « D’autres munitions ainsi que, entre autres, quatre lance-roquettes dans leur emballage logistique ont été retrouvés dans le véhicule », ajoute le communiqué. Dans son rapport, le Sedee décrit que les conséquences potentielles du déclenchement du flare trip, en combinaison avec les munitions découvertes et les matériaux supplémentaires, sont désormais très difficiles voire impossibles à prévoir, mais le risque d’un violent incendie avec explosions supplémentaires n’était pas exclu. La police et l’armée fouillaient trois nouvelles zones dans le parc de la Haute Campine, jeudi, dans l’espoir de retrouver le militaire en fuite. Sans résultat, les recherches seront interrompues à la tombée de la nuit, a confirmé le parquet fédéral, avec une possible reprise vendredi.
Dedonder et les syndicats envisagent des mesures « structurelles »
La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, et les quatre syndicats représentatifs du personnel militaire ont examiné jeudi quelles mesures pourraient être prises à l’armée pour éviter une répétition de l' »affaire Jürgen Conings », du nom de ce caporal-chef soupçonné de sympathies d’extrême droite, en fuite depuis dix jours après avoir volé des armes, a-t-on appris de sources syndicales.
La ministre a rencontré en fin de matinée les représentants des quatre organisations – le Syndicat libre de la Fonction publique (SLFP-VSOA) Défense, la CSC-ACV Services publics, la Centrale générale des Services Publics (CGSP-ACOD) et la Centrale générale du Personnel militaire (CGPM-ACMP, apolitique), alors que plusieurs enquêtes sont toujours en cours.
Mme Dedonder (PS) a notamment dressé un état des lieux des mesures prises à titre conservatoire, comme le fait que onze militaires suivis par les services de renseignement en raison de leurs opinions radicales et de leurs accointances avec l’extrême droite ont été écartés des dépôts d’armes et n’ont plus accès à des lieux et des informations sensibles, a expliqué le président du SLFP-Défense, Dimitry Modaert.
Elle a également assuré que les résultats de l’enquête interne, confiée à l’Inspecteur général de la Défense, le général-major Peter Devogelaere, devraient être disponibles vers la mi-juin.
Mais la ministre et les syndicats ont aussi examiné quelles pourraient être des mesures « structurelles » à prendre. Cela devrait passer par une révision de certaines procédures, a pour sa part indiqué le président de la CGPM, Yves Huwart.
Une révision du règlement de discipline militaire – la version actuelle date de 2014, tout en ayant subi de légères adaptations – est aussi envisagée, a précisé M. Modaert. Tout comme un « screening » plus périodique des militaires, en particulier ceux ayant accès aux zones sensibles, comme des armureries et des dépôts de munitions, a-t-il ajouté.
Selon le secrétaire de l’ACV (le pendant flamand de la CSC) groupe militaires, Walter Van den Broeck, un effort devrait aussi être fait pour rappeler et préciser aux militaires les « valeurs de la Défense », qui excluent les dérives extrémistes.
Les trois responsables syndicaux ont salué la volonté de la ministre de faire fonctionner la concertation sociale. Une révision du règlement de discipline doit en effet faire l’objet de discussions entre la Défense et les syndicats.