Le tracking du coronavirus en Belgique « digne d’un État policier »?
Le traçage du coronavirus en Belgique est orchestré pratiquement par un seul homme.
Frank Robben a rédigé l’arrêté royal en fixant les conditions du suivi des contacts des malades touchés par le coronavirus, révèle une enquête du magazine Wilfried publiée vendredi. Le fonctionnaire se trouve pourtant au coeur de multiples soupçons de conflits d’intérêts, écrit le magazine. Son mandat à l’Autorité de la protection des données (APD), lieu de contre-pouvoir, est en outre illégal.
À la demande du gouvernement, Frank Robben, membre de la task force « Data Against Corona » et à la tête de multiples entités par lesquelles transitent les données privées de santé et de sécurité sociale, a rédigé fin avril un projet d’arrêté royal controversé. Le texte encadre le traçage manuel et numérique des malades du Covid-19, notamment via des centres d’appels qui alimentent une base de données centrale, gérée par l’Institut de santé publique Sciensano.
« Tyrannique », « totalitaire »
C’est le Comité de la sécurité de l’information (CSI) qui définit qui est autorisé à y puiser des données. Or, Wilfried pointe que cet « organisme mystérieux » a été monté en 2018 par Frank Robben, contre l’avis de la Commission européenne et du Conseil d’État, contre la Constitution belge et le règlement général sur la protection des données (RGPD), mais approuvé par le parlement.
L’enquête révèle également que le mandat qu’occupe Frank Robben à l’APD est illégal: les membres de l’organisme, qui doit empêcher l’État de violer les règles, ne peuvent pas exercer de mandat public. Le fonctionnaire se trouve donc dans une posture de « législateur, bénéficiaire et même juge de la législation », écrit Wilfried.
De multiples sources présentent par ailleurs le fonctionnaire comme « tyrannique », « totalitaire », « psychologiquement destructeur » et « persuadé d’être le seul homme de la situation ».
« Digne d’un État policier »
« Frank Robben a mis en place un système digne d’un État policier », affirment les témoignages recueillis par le magazine. « Sur une activité aussi sensible, l’exécutif a envoyé un gestionnaire certes très opérant mais surtout totalitaire, extrêmement puissant, capable à lui seul de faire tomber un gouvernement », confie à Wilfried Emmanuel André, ex-coordinateur du traçage Covid-19. « Frank Robben est au coeur d’une situation de monopole sur le marché des données de santé publique et de sécurité sociale. À partir du moment où il occupe à la fois les cénacles du pouvoir et du contre-pouvoir, nous sommes tous pris dans sa toile », analyse le virologue.
La présidente de la Ligue des droits humains, Olivia Venet, abonde dans ce sens. « C’est un simulacre de démocratie. Des choses effrayantes sont en train de se jouer. (…) Dans un système sain, les mandats devraient être confiés à des personnes différentes, mais Frank Robben est partout. Moi, si on m’appelle parce que j’ai été en contact avec un malade, je ne donne pas d’infos, car je ne fais pas confiance. Avec le traçage, les dirigeants de notre pays disposent d’un outil hallucinant, HALLUCINANT, de contrôle sur les citoyens », alerte-t-elle.
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