L'aéroport de Bruxelles-National, devenu entre-temps Brussels Airport. © BENOIT DOPPAGNE/BELGAIMAGE

Le supplément pour prendre le train vers Zaventem, de l’argent qui file dans les poches d’un investisseur privé

Mailys Chavagne

Vous avez un vol prévu à Zaventem et personne n’est disponible pour vous y conduire? Un train vous y amène moyennant le paiement d’un supplément… de 5,70€. En cause: cette liaison ferroviaire est en partie détenue par une société anonyme.

Rejoindre l’aéroport de Zaventem n’a jamais été aussi simple que depuis la création, en 2012, d’un tunnel qui relie Brussels Airport aux principales lignes de chemin de fer belges, mais également à diverses grandes villes internationales, comme Paris, Cologne ou encore Amsterdam. Le projet Diabolo a ainsi fait de Brussels Airport l’un des aéroports les mieux desservis par le rail en Europe.

Un projet ambitieux qui a nécessité du temps… et surtout de l’argent. La note s’est révélée en effet particulièrement salée: le coût total de cette jonction s’élevait à 678 millions d’euros. Et si Infrabel a pu compter sur l’aide de l’État – une partie des travaux a été financée par dotation du gouvernement fédéral (388 millions d’euros) –, cela n’a pas suffi pas pour finaliser ce chantier de taille.

C’est là qu’est intervenu un nouvel acteur: un investisseur privé, Northern Diabolo. Cette société anonyme basée à Vilvorde a été spécifiquement créée pour cet investissement. À sa fondation, elle a été capitalisée majoritairement par les compagnies HSH Nordbank AG et International Public Partnerships GP Ltd (l’ancien groupe Babcock & Brown). Elle prêta alors la somme de 290 millions d’euros, en échange d’un remboursement sur 35 ans.

Les voyageurs en paient les frais

Depuis lors, la facture est remboursée par chaque passager du train de Zaventem… Concrètement, un supplément de 5,70€ est demandé, en plus du billet de train classique, à chaque citoyen qui prend le train vers et depuis l’aéroport. C’est la « redevance Diabolo ».

Une surtaxe qui peut surprendre puisqu’elle double parfois le prix d’un billet de train standard. Surtout si les trajets sont courts. Par exemple: le prix d’un aller simple qui relie Bruxelles-midi à Brussels Airport-Zaventem est de 3,70€. Avec le supplément, ce billet de train revient à 9,30€.

Normalement, ce supplément devrait expirer en 2047, lorsque le contrat qui lie tant le gouvernement que le chemin de fer belge à Northern Diabolo prendra fin. Financée en partie par les autorités et en partie par un acteur privé, cette connexion nord est en effet le fruit d’un partenariat public-privé. En d’autres termes, la société anonyme est copropriétaire du tunnel et loue sa partie à Infrabel pour le passage des trains SNCB. Ce n’est qu’entre 2045 et 2050 qu’Infrabel en deviendra l’unique propriétaire, quand la Northern Diabolo lui cédera sa partie pour un euro symbolique.

Un contrat abusif?

Dès le départ, ce contrat a créé la controverse et suscité de vives critiques. Et pour cause: pour rembourser ce prêt dans les temps, la SNCB doit partir à la chasse aux voyageurs. Chaque année, la compagnie de chemin de fer doit en effet s’assurer qu’un nombre strict de passagers prennent le train de Zaventem et payent la redevance. Si le quota n’est pas atteint, elle peut être contrainte d’imposer un supplément plus élevé par voyageur.

Le contrat stipule en effet que si les résultats liés à l’exploitation du Diabolo sont inférieurs à 85% des prévisions, Northern Diabolo peut augmenter le prix de la redevance. S’ils sont inférieurs à 75%, la société peut même céder le tunnel à Infrabel.

Pour éviter ce cas de figure – qui coûterait beaucoup d’argent au chemin de fer -, l’augmentation de la redevance s’est imposée à plusieurs reprises. Au moment où la taxe est entrée en vigueur, c’est-à-dire en 2009, elle s’élevait à 2,05 euros. Trois ans plus tard, le montant avait déjà doublé. En 2018, la redevance était de 5,34€ pour finalement atteindre 5,70 aujourd’hui.

En l’occurrence, certains passagers – qui voyagent gratuitement sur les lignes de la SNCB, ou ne sont pas dans l’obligation de payer la redevance – représentent une moins-value en regard de cette taxe. Une perte que l’État belge se doit de compenser…

Se rendre à l’aéroport: les alternatives au train
Le train, s’il est pratique, n’est pas l’unique solution pour se rendre à l’aéroport. Vous pouvez y aller:

En voiture: vous pouvez réserver votre place de parking à l’avance, situé en face du terminal. Pour ceux qui viennent accompagnés, il y a une zone drop-off gratuite mise à disposition. Il existe également d’autres parkings bon marché plus loin, avec possibilité de prendre une navette pour rejoindre l’aéroport.
En bus: certains bus De Lijn, la ligne Airport Line de la STIB et d’autres bus longue distance vous emmènent directement à l’aéroport, ou à proximité.
En navette Flibco: à partir du 23 juin, la société Flibco.com proposera ses services de navettes de bus pour relier l’aéroport à 11 grandes villes en Belgique et à l’étranger. Cette offre est complétée par une solution « Door2Gate », qui permet de rejoindre Brussels Airport depuis son domicile, bureau ou hôtel. Elle couvre la majorité du Brabant, y compris Louvain, ainsi que Bruxelles-Ville et Namur.
En taxi: si besoin, des taxis d’aéroport sont mis à votre disposition devant le hall d’arrivée. Il n’est pas nécessaire de réserver à l’avance.

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