Le rêve un peu fou d’un téléphérique à Gand
À Gand, le parti de la majorité Open VLD ambitionne de construire un téléphérique sur un trajet d’environ 5 kilomètres. La proposition est plus pratique et meilleur marché que les transports publics traditionnels, estime l’échevin des Finances Christophe Peeters.
Ce dernier souhaite en effet mettre la société de transports publics De Lijn hors-jeu. « Nous constatons qu’avec De Lijn, nous ne progressons pas », dit-il. « Soit nous attendons la ligne de tram qui sera construite en 2040, ce qui paralysera notre développement économique et notre emploi. Soit nous avons un téléphérique opérationnel d’ici 2025. »
Le projet serait déployé au sud de la ville, parce que suite à la présence du Canal périphérique (Ringvaart), les travaux d’infrastructure seraient très chers. Cela permettrait aussi d’éviter les zones très densément peuplées. En outre, le téléphérique présenterait une capacité élevée, en fonction du nombre de cabines et les temps d’attente seraient courts.
Le téléphérique comme moyen de transport existe déjà dans de nombreuses villes sud-américaines. Mais en Europe aussi, les téléphériques connaissent un succès grandissant. À Toulouse, on est en train d’en construire un, et le ‘Gondola Project’ en Suède est un projet comparable. Et à Londres, le téléphérique Emirates Air Line relie les rives de la Tamise.
À Gand aussi, le trajet passerait par quelques voies navigables, pour éviter au maximum les zones très peuplées. Sur ce trajet, un téléphérique est moins cher que le tram parce qu’il n’est pas nécessaire d’exproprier et de construire des ponts.
Pour le financement du projet, qui coûterait entre 100 et 150 millions d’euros, Peeters travaillerait avec des partenaires privés.
L’échevin gantois à la Mobilité Filip Watteeuw (Groen) ne torpille pas le projet, mais s’interroge sur sa faisabilité. Il se pourrait que Gand, qui compte environ 260 000 habitants, n’atteigne pas le nombre nécessaire de passagers pour la construction d’un téléphérique, un choix généralement fait par des villes de plus d’un million d’âmes.
« On ne résout pas les problèmes de mobilité en lançant des idées ici et là, même si elles valent la peine d’être étudiées », dit-il. Il se pose également des questions sur le choix d’une collaboration entre le public et le privé. Si c’est le but de privatiser les transports en commun, « ce n’est pas mon projet », conclut-il.
Au parlement flamand, le chef de groupe sp.a Joris Vandenbroucke se demande pourquoi Peeters voit le téléphérique comme alternative aux investissements en nouvelles lignes de tram par De Lijn. « C’est le gouvernement flamand qui décide à quoi sont consacrés les budgets d’investissements de De Lijn. »
Vandenbroucke ne comprend pas pourquoi d’après le ministre flamand de la Mobilité Ben Weyts (N-VA) les budgets sont « historiquement élevés », mais que budgétairement Gand entre peu en ligne de compte. « À Ledeberg, on a récemment supprimé 1 kilomètre de lignes de tram parce que De Lijn n’y dispose pas de suffisamment moyens pour entretenir les rails de tram suite aux économies imposées par le gouvernement flamand. L’Open VLD ne conteste pas ces économies », s’étonne Vandenbroucke.
Belga/CB